1 1 m TIRE-M'EN DEUX, C'EST POUR OFFRIR DU MEMF- A=UR Dans la même collection Laissez tomber la fille. Les souris ont la peau tendre. Mes hommages à la donzelle. Du plomb dans les tripes. Des dragées sans baptême. Des clientes pour la morgue, Descendez-le à la prochaine. Passez-moi la Joconde. Sérénade pour une souiù défunte. Rue des Macchabées. Bas les panés. Deuil express. J'ai bien l'honneur de vous buter. C'est nffl et ça ne sait pas. Memieurs L-s hommes. Du mouron à se faire. Le fil à couper k beurre. Fais gaffe à les os. A tue... et à toi. Ça tourne au vinaigre. Les doigts dans le nez. Au suivant de ces meu*urs. Des gueules d'enterrement. Les anges se font plumer. La tombola des voyous. J'ai peur des mouches. U secret de Polichin.-Ile. Tu vas ffinquer, San-Antonio. En long, en larr et en travers. La vérité en sa@. lWnez-en de la graine. On tenverra du monde. San-Antonio met k paquet. Tout L- plaisir est pour moi. Du sirop @ les guêpes. Du bnit pour ks bn4tes. J'suis comme ça. 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Maman, les petits bateaux. La vie privée de Walter Klozett. Dis bonjour à la dame. Certaines l'aiment chauve. Concerto pour porte-jarretelles. Sucette boulevard. Remets ton slip, gondolier. Chérie, passe-moi tes microbes! Une banane dans l'oreille. Hue, dada ! Vol au-desffl d'un nid de cocu. Si ma tante en avait. Fais-moi des choses. Viens avec ton cierge. Mon culte sur la commode. Hors série . L'Histoire de France. Le standings. Béru et ces dames. Les vacances de Bérurier. Béru-Béru. La sexualité. Les Con. Si " Queue-dâne " m'était conté. CEuvres complètes - Dix-huit tomes déjà parus. TIRE-M')EN DEUX,, C'EST POUR OFFRIR Très beau roman par SAN-ANTONIO ÉDITIONS FLEUVE NOIR 6, rue Garancière - PARIS VP 17 Pt)ur Pierre Q (ET, En souvenir de notre nuit dt Chine et de ce qui s'ensuii-il. Art hi-amicalement. San Antonio La loi du Il mars 1957 n'autorisant, aux tirryn@, des alinéas 2 et 3 de l'Article 41, d'une part que les copie,, ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisaiion collective, et, d'autre part quc l@- analyses et l@ courie@ citation> dan@ uli but d'exemple et d'illustration. tout@ rep@éçentation ou reproduction intégrale ou partielle. faite san@ le consentement de l'auteur ou de ses ayanis droit ou ayants cause. e@vi illicite (alinéa l' de l'Article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivantb du Code Pénal. 0 1979, " Éditions Fleuve Noir ", Paris. Reproduction et traduction même partielles, interdites. Tous droits résinés pour tous pays, y cornp@ l'U.R.S.S. et le@ pays scandinaves. ISBN 2-265-01045-6 PETITE SUITE BÉRURIÉENNE - Qu'est-ce que tu fais, ma jolie? - Je suppute. - Y'a pas de sots métiers. - Il est trop cradingue pour venir à la soirée. - Et si y s'nettoie? - Si y s'nettoie, c'est donc ton frère! C'est bon de manger, hein, ma chérie? Ça Lit digérer. AUTOMNALE La pluie rageait sur notre tonnelle. Je contemplais les vieux ceps tordus auxquels s'agrippaient farou- chement d'ultimes feuilles. Le raisin que donne notre vigne fait grincer des dents; pourtant, j'aime sa saveur aigrelette. Chaque grain est plein de gros pépins durs comme des plombs de chasse. Quand tu as recraché la peau inavalable et lesdits pépins, ne te reste en bouche que ce goût vinaigré. Je suis seul à manger notre récolte. M'man s'est avouée incapable de consommer la moindre grappe. Et le petit Toinet, notre moutard recueilli, a pleuré comme un veau, le jour où je lui en ai fait déguster. Dans le fond, c'est bien d'avoir un vignoble pour son usage exclusif. Même les piafs respectent ma vigne. Ils ne sont pas fous. La pluie rageait, embarquée par des bourrasques brutales. Elle tombait à peu près droite, et puis une giclée de vent la propulsait contre notre maison et, d'un seul coup, les vitres de la croisée devenaient opaques. C'était la fin de la journée, quand les pénombres automnales prennent possession. Le salon avait un air pas catholique dans cette lumière de sépulcre. Il semblait un peu hostile, ce qui est rarissime chez 14 TIRE-MEN DEUX, nous, à Saint-Cloud, où tout, au contraire, respire le calme ouaté. Il y fait douillet comme chez une vieille fille de province. Je me souviens d'une où je fréquentais, jadis, sous prétexte qu'elle était encore un peu notre cousine du côté de M'man. Il me reste dans le pif l'odeur de sa cuisine. Ça sentait la confiture de coing. Une vieille horloge à balancier racontait l'étemité sur deux notes. Un gros chat gr's et blanc roupillait sur le coussin jaune d'un fauteulil d'osier. Il avait toujours froid, ce greffjer. Et il a eu une fin tragique : il s'est glissé dans le four de la cuisinière qu'Edmonde venait d'allumer. Là-dessus elle a fermé la porte du four et s'en est allée à la messe. La grande: celle qui dure plus d'une plombe. De profundis pour minet, ce gros con frileux. A un moment donné, la sonnette de la grille s'est mise à tintinnabuler comme une perdue à l'autre bout du jardin. Je me su's penché. Je n'ai distingué qu' un pébroque à travers l'écran de flotte. M'man est sortie sur le perron pour crier d'entrer. J'ai vu surgir une silhouette claudicante, celle d'une forte femme vêtue de sombre qui avançait en mettant son parapluie devant elle comme un bouclier. On parlementait dans le vestibule. Bientôt, Félicie a entrouvert la porte du salon. - Tu peux venir, Antoine? Elle avait l'air navré et la voix comme pour des condoléances. Je l'ai rejointe. Une dame se tenait sur le pas de la porte, une grosse sexagénaire mai fagotée et variqueuse. Elle restait de profil à cause de son pépin qu'elle gardait ouvert. Sa frime me disait quelque chose. - C'est M" Mayençon, notre voisine, a dit M'man. Notre pauvre baraque est cernée maintenant CEST POF,'R OFFRIR 15 d'odieux immeubles tentaculaires, un bon millier de personnes nous cohabitent, mais pour ma Félicie, cette grosse dame demeurait " notre " voisine. L'ar-rivante chialait curieusement, en gonflant ses joues. De temps en temps, ça s'échappait, et elle faisait " bouaoufff " ou un truc de ce genre par nécessité, afin de se remettre les poumons à jour. C'était infiniment pitoyable et ridicule. - Son mari vient d'avoir une attaque, a expliqué ma merveilleuse femme de mère, tu veux bien aller voir pendant que je téléphone à leur docteur? J'ai filé le train à la gravosse, sous la flotte. Ma Vieille m'hurlait de prendre mon imperméable, mais je lui répondais que " ça va bien je m'abrite sous le parapluie de Madame ". Elle me foutait la pointe des baleines dans les falots, à vouloir m'héberger sous son riflard, cette vieille conne. Je trottinais, le dos rond, à son côté. Tout en chougnant, elle me racontait les éirconstances. Ils étaient à table, parce qu'ils mangent toujours de très bonne heure depuis que Clovis a vendu son magasin de photographe. Ils bouffaient des châtaignes au lait, vu qu'ils sont d'origine auvergnate. Et puis le Clovis s'est dressé sur sa chaise en faisant " Holà, holà ". Et puis il a voulu se lever, mais tout ce qu'il a fait, c'est chuter de son siège. Elle a voulu le relever, mais elle a entendu dire qu'il est recommandé de ne pas toucher les gens dans ces cas-là. Simplement, elle lui a glissé un oreiller sous la tête, lui a mis une couvrante sur le corps et elle est partie chercher de l'aide. Bon Dieu, est-ce qu'elle avait pas oublié ses clés, dans l'affolement? Non, les voilà. Et dire qu'on va peut-être le retrouver mort, Clovis! Mais Clovis vivait toujours. Tant bien que mal, certes. Il respirait menu en geignant car ça lui causait 16 une douleur atroce de respi- TIRE-MEN DEUA,, Il s'agissait rer, ce pauvre bonhomme. d'un petit être grisâtre, rècheux, avec plein de subtil t es et douteuses odeurs sur tou e sa personne. L'intérieur de ses doigts était brun foncé, mais ça ne devait pas provenir de la nicotine car les deux mains avaient ce mème aspect. Sans doute les produits chi ni ues utilisés. dans sa profes- sion? Il portait un tri 1 qde laine gris par-dessus un cot maillot de corps gris aussi (mais là c'était la crasse), un vieux futai élimé, qui accompagnait un veston noir, jadis, probablement, lorsqu'il se mettait en grande tenue pour aller tirer le portrait aux mariés huppés. Sa v'oque avait dégrafé le pantalon et on 1 voyait son vieux calcif dégueu, pas racontable le moins, qui émergeaît dans ses charentaises. Ne bougez pas, le médecin va venir, ai-je dit en m'agenouillant sur le plancher. il rn'a regardé, en biais car il se tenait sur le côté gauche. Son regard contenait une ini-Inie résignation. Il acceptait la situasse, philosophiquement. Vous êtes LE commissaire? a-t-il haleté. Oui@ monsieur Mayençon... me connaissait, sien que je n'eusse aucun souvenir du bonhomme. Lui, il avait le temps de regarder ses voisins. Son environnement avait de l'importance. Pour moi qui galope sans cesse, les gens sont une sorte de toile de fond anonyme, un camaïeu de tronches ternasses. - Je vais mourir, a-t-il dit. Je me suis efforcé de rire. - Si tous les gens qui font une petite crise cardiaque devaient en mourir, notre planète serait moins surpeuplée. Sa vieille s'est mise à hurler que " non, Clovis, t'as pas le droit, et qu'est-ce que je deviendrais sans toi? ". Je lui ai conseillé d'aller préparer la chambre, vu CEST POUR OFFRIR 17 "'e de qu'on coucherait son ju ot orsque lei toubib se pointerait. Cela dit, je ml 1 e gaffais que 'homm J'art le parachuterait droit sur l'hosto le plus proche, vu son état critique, le père Mayençon. Quand sa bergère a été sortie, il M'a dit - Vous voyez cette grosse armoire? Elle était rustique, très chouette : pointes de diamant! Elle tenait tout un pan de mur. - Eh bien? - Dans le tiroir du bas, tout au fond, vous trouverez une grande enveloppe jaune. Allez la chercher. Je lui ai obéi. Y'avait un de ces chenis démentiels dans le tiroir: de tout, plus le reste. Et ça se tenait par la perruque! Les Mayençon, l'ordre, c'était pas leur souci prépondérant. La grosse aux varices devait faire son ménage avec une fourche. Néanmoins, j'ai mis la main sur J'enveloppe en question. Elle avait déjà servi et d'aimables taches de tout-- nature la constellaient. Elle était assez épaisse. Je l'ai ramenée au gars Clovis. Il ne pouvait pas l'emparer dans son état. Il souffrait comme une vache, le pauvret. Il se payait un chouette infarctus, probable, et ça tumultait vilain dans ses pipe-lines. - Gardez-la, m'a-t-il dit.' Vous en ferez ce que vous voudrez. Moi je n'ai jamais osé. Là-dessus, le médecin s'est pointé, un jeune, très autoritaire. Il m'a demandé de prévenir les ambu- lances Dugenoud. Et pendant ce temps, il a fait une piqûre au vieux photoman. On a embarqué le Clovis vite-fait, sa bergère est montée dans la C.X. blanche à croix bleue, et fouette-cocher, J'attelage est parti. Il n'est pas clamsé de sa crise, m'sieur Mayençon. Il s'en est remis tant mai que bien. D'après Félicie que la future veuve tient au courant de l'évolution, il se gave de trinitrine l(On l'appelle Trinitrine) et n'en branle plus une datte. Au point qu'il refuse de coller 18 TIRE MEN DEL'X. un timbre sur une lettre ou de se beurrer une biscotte, tant il redoute tout effort physique. Moi je ne l'ai pas revu, Clovis. Et pourtant, j'aurais eu beaucoup de choses à lui apprendre depuis qu'il m'a remis sa foutue enveloppe. Mais c'est curieux : je n'ai pas envie d'en parler avec lui. Il a été I'oeil du destin. Point à la ligne. Un oell, qu'est-ce que tu veux lui dire? Je suis trempé comme un lavement usagé en arrivant à la maison. Félicie qui me guigne depuis la lourde me parle de mon imperméable accroché à'la patère du vestibule. Je n'avais qu'un geste à faire pour le prendre, et puis non, et puis voilà. Et ce sera sûrement un rhume, voire une angine, moi qui m'en paie tant et plus. Je grimpe me changer tandis qu'elle me prépare un grog. - Et ce pauvre M. Mayençon? me demande-t-elle à la cantonade. - Entre la vie et la morgue, M'man, lui lancé je, parodiant sans vergogne Oe n'en possède pas, ayant offert la demière vergngne qui me restait au zoo de Jean Richard) l'un de mes plus fameux titres. J'ôte ma veste, ma limouille. Le reste, Un petit coup d'eau de Cologne généralisé. Ça r&hauffe et c'est pas la môme Sonia avec qui j'ai rancard tantôt pour une petite séance de dégoupil- lage de grenade à manche qui s'en plaindra. L'enveloppe jaune gît sur mon lit. Je l'ouvre sans entrain, ne m'attendant à rien de bien frémissant. Des gonziers comme Clovis, ça moisit tout au long de notre parcours. Ils naissent, ils végètent, ils meurent. Leur vie, c'est même pas l'idée qu'ils s'en CEST POUR OFFRIR 19 font. Juste un moment sans histoire, entrecoupé de traites, de maladie, et de petites haines mitonnées. Et puis cette enveloppe souillée me dégoûte. Elle sent le misérabilisme de ces gens. Elle évoque les varices à Madame, le tricot cradingue à Monsieur, la statuette de faux ébène représentant une tête de négresse, qui trône sur leur buffet Henri Two. Ça ragoûte pas, un truc pareil. T'en as marre de l'humain à tripoter cette relique. Tout leur est merde à ces cons. Ils sont merdiques de père en fils. Ils suent la merde. Bon, n'empêche, j'ouvre sa bon Dieu d'enveloppe. Elle contient, deux points à la ligne : Une grande photographie en noir et blanc, format 18 x 24. Une autre photo d'un format plus petit. Un négatif épinglé à un carton. Trois coupures de presse dont la première consti- tue trois colonnes à la une d'un quotidien. Je te reprends maintenant dans le détail. La grande photo représente un sous-bois. Il y a une espèce de petite clairière traversée par un chemin cavalier. Effet de ciel, plongée oblique du soleil dans les frondaisons. Tu te crois à l'opéra, dans Faust, au moment que Mister Satan va se pointer pour répondre à l'invocation du vieux kroum qu'à lui la jeunesse. Mais attends, je m'écarte déjà, je suis l'écolier buissonnier type. Un brin de lilas par-dessus un mur? J'escalade le mur. Une brèche dans une palissade? J'abandonne la route. Incorrigible. Le jour de mes funérailles, je te recommande, si tu avises, en cours de cimetière, un coinceteau plus propice, le genre buisson touffu, tu glisses le par- dingue de sapin à travers les ronces, je m'occuperai du reste. Promis? Et alors je te disais : sous-bois, clairière, chemin cavalier, rais de soleil pour Grotte de Lourdes (Oh! 20 TIPE MEN Dfi X, la belle Dame Bleue!). Plus deux personnages.'Mais on sent, à mater ce cli(hé, que ce ne fut pas eux le point d'intérêt pour le photographe. Lui, il biuh;,it son pied à capter cette trouée lumineuse dans la forêt. Il avait réglé son objectif pour se payer une super photo de calendrier. Et puis, sous un chêne. un couple. Et je vais te dire, ce couple, il est clair et net (clarinette, dirait Bérurier) qu'il s'étreignait au moment où le gars Clovis (car je suppose que c'est lui l'auteur de la photo) s'est pointé avec son Leïca. Dérangés dans leur bisou mouillé, l'homme et la femme se sont légèrement désunis pour regarder en direction du photographe. Deuxième photographie., il s'agit d'un extrait de la précédente. Au développement, Clovis s'est aper@u qu'il avait pris ce couple en même temps que ses majestueux effets de lumière pour cathédrale gothi- que dans une illustration d'Hugo. Alors il a sélec- tionné les deux visages et les a agrandis. Une marotte de pelliculeur pointilleux. On distingue assez nette- ment les deux frùnes qu'éclairaient le halo du fa@au solaire. L'homme est un sexagénaire aux cheveux argentés, de belle allure. Regard hautain, très clair, surmonté de sourcils épais mais bien dessinés. Joues creuses, lèvres sensuelles. Nez un tantisoit bourbo- nien. La femme est infiniment plus jeune. Sans doute n'a-t-elle pas atteint la trentaine. Elle est brune, distinguée, avec je ne sais queue expression ùnper- tinente sur toute sa physionomie. Coiffée d'une manière archaïque puisqu'elle porte une raie médiane et des bandeaux sur les oreilles@ façon George Sand. Au dos de la photo, je lis', écrit en caractères penchés et à l'encre violette - Forêt de Goupilleite, le ,dimanche 4 avril 1976 à environ 15 heures. Le négatif épinglé au carton est celui de la photo. A présent, passons aux coupures de presse. CEST POUR OFFRIR 21 Je commence par la plus grande. Deux choses te sautent aux yeux à t'en énuciéer, mon frére (1). Le titre d'abord, et puis la photographie illustrant le papier. Titre : " Assassinat d'un châtelain solognot " Photo : Elle représente l'homme figurant sur le cliché'artistique de Clovis Mayençon. Je lis le papier et aussi sec je le résume : le dimanche 4 avril (1976, je suppose), le comte Clotaire de Bruyère faisait une promenade à cheval dans la forêt de Goupillette, selon son habitude. En fin de joumée, son bourrin est rentré seul au château de Bruyère-Empot. Inquiet, son personnel a donné l'alarme. Des recherches immédiatement entreprises ont permis de découvrir le cadavre du comte dans une clairière. Le châtelain avait reçu deux balles dans le coeur, tirées à bout portant. Les premières consta- tations du médecin font remonter le meurtre entre 15 et 16 heures. Là, je marque une pause pour laisser passer une page de publicité Si vous trouvez la vie trop rose... Lisez " Fleuve Noir " Dans la série Grands Romans, des auteurs de talent : Frédéric Valmain, Serge Jacquemard, etc. En vente partout, et ailleurs. Que t'ajouter au plan du détail? Le calibre de l'anne? Un 9 m' Im bougniphasé. On n'a pas détroussé le comte; d'ailleurs, quand il (1) Note pour l'imprimeur: laisse, j'écris frére avec un accent t'aigu parce que j'ai l'accent pied-noir par instants. 22 TIRE MEN DEI X, montait il n'emportait pas d'argent. On a retrouvé sur lui sa montre Piaget, sa chevalière portant l'écusson de la famille et sa gourmette Carrier. Je reviens au portrait, le compare à la seconde photographie de Clovis. Pas d'erreur, c'est le même homme. Sur la photo du journal il est plus jeune de quelques années. Ça le montre comme ça, en costume de ville, cravate, légion d'honneur. Tandis que sur le cliché pris par Mayençon, il est en tenue de centaure : limouille à jabot, veste à petits carreaux et col de velours noir, culotte de cheval. Il a une bombe ainsi qu'une cravache sous le bras. Qui est le comte Clotaire de Bruyère? Un encadré en italique nous l'apprend : vieille famille solognote, alliée aux plus grands blazes de France et de Navarre. Le château de Bruyère Empot est du 141, refait au 171, bricolé un chouïa au 19e. Le comte était âgé de 62 bougies. Divorcé d'avec une actrice épousée dans un moment d'euphorie. Pas d'enfant. Il vivait seul avec ses gens. Il était pas- sionné de langues orientales et traduisait des manus- crits mandchous, kroums, locdus etc... On ne lui connaissait pas d'ennemis. C'est laconique, la vie d'un mec, vue de l'extérieur. Tu J'enjambes facile. Lui passe outre sans t'en rendre compte. Je prends la seconde coupure qui dc)it dater du lendemain, bien qu'aucune date ne figure. On annonce que la police, sous les ordres du commis- saire Guignard, est sur une piste. N'a pas fait long feu, la police. Tout de suite, vraoum! La chaude piste! Taïaut, tayaut (1). On est en Sologne, oubi'lle pas. Le suspect n'est autre que le neveu du mte, Gaspard d'Alacont, un traîne-lattes de luxe, dra- (1) Ça s'écrit des deux façons. CEST POUR OFFRIR 23 gueur, drogué, tête de lard, cent dix accidents de voiture, seize arrestations pour coups et blessures dans des boîtes. Le vilain coco très abominable, répudié par sa famille, chèques sans provise à répétition, conseil de tutelle, la lyre... Ce dimanche 4 avril, Gaspard s'est pointé au château de son tonton. Il n'avait pas rendu visite à son parent depuis plusieurs années. Etait aux abois. Voulait lui implorer de la fraîche pour éviter un scandale de plus. Bon, il est arrivé en début d'aprême au château de Bruyère-Empot. L'oncle bourrinait en forêt. Le neveu a décroché un fusil de chasse et a annoncé qu'il allait tirer quelques corbeaux dans les environs. Le vrai salingue parce que je te demai@de un peu, hein? Des corbeaux qu'il y a rien de plus gentil. Il est revenu vers quatre heures. M. de Bruyère n'étant pas de retour, il a déclaré qu'il ne pouvait attendre davantage et il est reparti pour Paris. On l'a interrogé. Examiné. Traces de poudre sur les doigts. Explications : parbieu, j'ai flingué des corbacs. Il a été mis à la disposition du juge d'instruction. Troisième coupure de presse, postérieure aux précédentes de plusieurs jours. Le neveu a été arrêté. On a retrouvé des empreintes de ses pompes non loin de l'endroit où gisait le cadavre du comte. On croit comprendre qu'il a imploré son parent. Celui-ci a été inflexible, voire très dur. L'autre a alors dégainé un pistolet et a buté son pauvre tonton pour lui apprendre à vivre. Effrayé, il est rentré au château d'abord, à Paname ensuite. Malgré ses dénégations, le juge l'a embastillé. C'est tout. Là s'arrête le documentaire de Mayen- çon Clovis. Pas besoin d'être le policier émérite qu'l am pour piger la démarche tortueuse de la pensée mayençon- naise. Le photographe a pris son effet de lumière 24 TIRE M'EN DEt X, dans la clairière. Il a découvert le couple au développement. Très surpris, car il ne l'avait pas remarqué dans le viseur. Et puis, le lendemain, on annonce le meurtre. Forêt de Goupillette? Qu'@est-ce à dire? Mais j'y étais à l'heure du meurtre! Alors, tu sais quoi? Il agrandit les personnages de sa ph@to. Constate que l'homme n'est autre que la victime. bon devoir de citoyen lui commande de porter le cliché aux flics et de déposer. Mais il est foutriquet de naissance, Clovis. C'est un petit bonhomme sans importance, une bricole, un sous-tout. Il redoute les emmerdes. On va lui demander ce qu'il y branlait dans la forêt, lui aussi. Et le pourquoi il flashait les promeneurs. Non, pas de giries! Il tient à sa petite quiétude de pleutre. Alors il groupe son dossier à lui dans une enveloppe cacateuse et laisse passer le temps. Trois années s'écoulent. Aujourd'hui, il fbit une @se cardiaque, croit qu'il va mourir. Le commissaire San-Antonio est à son chevet. Dans un sursaut, Clovis veut soulager sa miséreuse conscience avant que de comparaître devant son créateur. T'as mordu? Je t'ai résumé le blaud rondo, non? Pas qu'on disperse dans les aléas, alinéas, gnagnate- ries de tout poil. Je décroche le téléphone pour sonner l'Agenry. La Claudette ne devait piper personne car elle décroche aussi sec et parle la bouche libre. Je l'ordonne de me filer Mathias. - Salut, rouquin! J'ai besoin d'un tuyau express. te 4 avril 76 le comte de Bruyère a été assassiné en forêt de Goupillette. Quelques jours plus tard, on a arrêté son neveu, un certain Gaspard d'Alacont. Je voudrais savoir, dans les minutes qui viennent, ce qu'il est advenu de cette affaire. Je suis chez moi. Et je raccroche. Je pense à la môme Sonia avec qui j'ai la ranque tout à l'heure. J'ai l'impression que l'opération CEST POt R OFFRJ'R 25 bonjour, banane; adieu petit creux, ce sera pour une autre fois. Toi aussi, hein? Me connaissant comme je me connais. Une magnifique souris, cette Sonia. Elle travaille dans une société de production dont le siège social se trouve dans notre immeuble. Je l'ai rambinée hier, lors d'une providentielle panne d'ascenseur. Vingt minutes nous sommes restés bloqués dans la cabine. Ajoute l'obscurité à la promiscuité et calcule ce qu'un garçon doué peut faire de ces vingt minutes-là. Ce qu'elle a seulement de déplaisant, Sonia, c'est son parfum. Elle se le passe à la lance d'incendie et alors tu la sens radiner à deux lieues. Je suis un mec trop épris de vérité pour tolérer les parfums, ces bas tricheurs. Je veux bien qu'au bout d'un moment tu les oublies, surtout si la gonzesse s'emploie pour, n'empêche qu'ils m'éprouvent. Alors pas de Sonia pour aujourd'hui. C'est décidé. Je lui dépêcherai Mathias pour m'excuser. Elle risque pas de l'incommoder : il pue encore plus fort qù 1 elle. Peut-être tentera-t-il sa chance. le rouquemoute? Avec sa mégère toujours en cloque, il doit être friand d'une petite fête des sens, mon collaborateur. Justement, le bigophe carillonne et c'est lui. La célérité, ça le connaît. C'est le roi de la technique. Les affaires, il s'en occupe depuis son labo, ses bou- quins, les dossiers. Sur le tas, il est bon à nibe, les gens le déconcertent, je crois. C'est un rat roux, Mathias. Il confine dans sa blouse blanche dégueu- lasse, toujours perdu dans des analyses, des déc@ tages. - Allô, patron? - Je t'écoute... - L'affaire est venue aux assises le 2 février 1978. Gaspard d'Alacont a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle. Il purge actuellement sa peine à la Santé. - Il a avoué, au cours de l'instruction ou du procès? - Jamais. - Le verdict n'a pas été un cadeau. Car enfin, il n'existe aucune preuve formelle qu'il ait trucidé son oncle. Il ne t)ouvait hériter de lui, se trouvant sous conseil de tutelle. Il ne l'a pas volé. ll:.. - Je peux vous interrompre, monsieur le commis- saire? - Quoi? - Le revolver ayant servi à tuer le comte fut repêché dans un étang proche du lieu du meurtre. Il appartenait à Gaspard d'Alacont. Bon, que veux-tu répondre à cela? Du coup, le silence de Mister Clovis paraît moins grave, la cul- pabilité du neveu ne faisant aucun doute. - Bon, eh bien je te remercie, Rouillé. - Ce sera tout pour votre service, monsieur le commissaire? - Encore une chose, as-tu un slip propre? - Mais... - A quinze heures, j'ai rendez-vous à la terrasse du Fouquet's avec une ravissante blonde aux yeux noirs prénommée Sonia. Tu seras gentil d'aller me décom- mander, et si le coeur t'en dit, remplace-moi au pied levé! Merci. Je raccroche. Félicie vient me dire que le repas est servi. Y'a des aubergines frites comme entrée, avec de la sauce tomate fraîche. J'adore. CRABATLRIE Deux gardes lisaient le baveux. Un journal qui ne devait pas être un quotidien vu qu'il était imprimé sur un papier de couleur pervenche. Ils le lisaient à deux, kibour contre kibour, unis ainsi pour le meilleur et pour le pire. Ils s'esclaffaient, les bons pandores, sur des dessins humoristiques qui n'au- raient même pas fait sourire une baleine. A notre approche, ils ont abaissé le canard pour nous regarder. L'un d'eux, celui qui possédait une tête qu'on aurait juré de veau, dit à l'autre à tête de con " On dirait-il pas le commissaire S'natonio? A tout hasard, ils se levèrent et, militairement, me saluèrent. Le Dr Bordenouille délourda, à grand renfort, et Me pria d'entrer. Je découvris une salle de six lits dont deux seulement se trouvaient occupés. Dans le plus proche de l'entrée, agonisait peiiiardement une sorte de petit homme à tite de calao (1). Il émettait un petit râle qui avait l'air d'être du morse. LC Dr Bordenouille me le désigna d'un bref indcx. Cancer de la vessie, m'avertit-il. On joue les prolongations. Il passa outre le lit d'agonie pour gagner le (t) M'emmerde pas, t'as qu'à chercher dans le dico! 28 TIRE-M'EN DEUX, plumard du fond, lequel longeait la fenêtre aux impressionnants barreaux. Un grand type exsangue, à la chevelure bellement aubum, y dégustait des instants qu'on devinait précaires. Il conservait les paupières baissées, et sa respiration marchait à l'éconocroque. Beau visage, en vérité, creusé par l'épuisement, mais empreint d'une grâce naturelle qui émouvait. Il avait la peau diaphane, comme les jeunes filles dans les récits anciens pour pension- naires onanistes (1). - Alacont! appela le Dr Bordenouille qui détes- tait les nobles en général, et leurs particules en particuliers, Alacont, m'entendez-vous? L'interpellé hissa ses paupières au-dessus d'un regard dans les tons vert d'eau. Et ses lèvres s'arrondirent pour un " oui " faiblard. - Voici le commissaire San-Antonio qui aurait quelques questions à vous poser. Vous sentez-vous en état de lui répondre? - Oui, f'it Gaspard d'Alacont, si bas que même un ver de terre aurait eu du mal à l'entendre. Le docteur hocha la tête. - Très bien, alors, je vous laisse. Ne me le surmenez pas trop, commissaire, ce grand imbécile a perdu au moins trois litres de sang en se sectionnant les veines et nous avons le plus grand mal à le récupérer. Il sortit dans une noble quinte de toux, plantu- reuse, qui partait de sa barbe à la pasteur pour essaimer dans toutes les directions. La porte claque. Nous demeurâmes silencieux dans ce silence gluant de l'infirmerie que rythmaient les râles du moribond. Je m'assis sur le lit de Gaspard. Je ne sais pourquoi, le garçon m'émouvait. Trois années de (1) Tu vois; c'est exactement ça, un néologisme. CEST POE'R OFFRJ @R 29 détention et sa tentative de suicide avaient comme effacé tout ce qu'il y avait de vénéneux en lui. Il semblait dépouillé et sa beauté était de celles qui reflètent l'âme. - Ecoutez, Gaspard, attaqué-je, ,je tiens à vous préciser que je suis ici pour essayer de vous aider. Ne vous fatiguez pas et répondez par un simple- ment battement de paupières à mes questions lorsque ce sera affirmatif - Je peux parier, dit-il avec uin peu plus de vigueur qu'il ne l'avait fait jusque là. - Alors c'est parfait. D'abord, pourquoi cette tentative de suicide, mon vieux? - Je n'en pouvais plus. Je suis innocent et personne ne me croit, pas même ma famille qui n'est jamais venue me voir. Je n'ai reçu jusqu'à présent que quelques lettres de ma plus jeune soeur et encore me supplie-t-elle de ne pas lui r@ndre. Je lui pris la main et lui souris. Il avait les yeux emplis de larmes qui venaient de très loin dans sa poitrine. Il se passa encore un instant. J'avais la gorge serrée. Et alors, je vais te dire un truc idiot, libre à toi de ne pas le croire, que veux-tu que ça me foute, mais j'avais pressenti d'entrée de jeu que ce serait ainsi, notre rencontre à tous les deux. Avant même que de le savoir à l'infirmerie, et alors que je m'apprêtais à le rencontrer au parloir de la Santé... Une prémoni- tion. Je devinais que le neveu assassin, ce mariolle cynique, ce rebut de grande famille, me plairait et qu'on deviendrait potes, en une seconde, comme ça. Ce sont ces instants irremplaçables qui rendent l'existence tolérable. A cause d'eux, pour un moment, on a envie d'aller voir plus loin si on y sera encore. Le cancéreux mettait la gomme pour en finir. Sa viande se lamentait. Car les plaintes qu'il libérait lui 30 TIRE-M'EN DEUX, venaient droit du corps, sans qu'il eût à les vouloir. - Vous venez de dire que vous êtes innocent, repris-je. Et je n'allai pas plus loin. Il murmura : - Parce que je le suis. Je n'ai pas tué mon oncle. - C'est cependant avec une arme vous apparte- nant qu'il l'a été. - Je sais. - Comment expliquez-vous la chose? - Une machination. - Quelqu'un vous a demandé de passer au château de Bruyère-Empot ce dimanche-là? - Non, personne. - C'est une décision que vous avez prise seul? - Oui. Je me dis, in petto, qu'il avait été un peu simplet, Gaspard, et que son avocat n'était pas président du club de la jugeote. Merde, ils auraient pu plaider le coup fourré. Prétendre qu'une voix anonyme avait prié d'Alacont de passer chez son tonton, le 4 avril... - Et pourquoi êtes-vous allé chez le comte? - Pour lui demander de me prêter cinquante mille francs. J'avais fait un chèque sans provision dans un cercle de jeux très douteux affilié au milieu et je redoutais des retombées cuisantes. Il parlait faiblement, mais avec le souci d'être précis et convaincant. Ses yeux ne lâchaient pas les miens. - Quelqu'un était au courant de cette visite? - Non. - Vous êtes certain de n'en avoir parlé à per- sonne? Il réfléchit. - Je ne vois pas. Peut-être ai-je dit aux copains sans y prêter attention que je ne serais pas libre ce dimanche après-midi. On buvait pas mal, on fumait CEST POI,'R OFFRIR 31 aussi. Il ne m'est pas possible d'être formel sur ce point. - Où rangiez-vous votre revolver'? - Dans un tiroir, comme tout le monde. - D'où le teniez-vous? - Je l'avais acheté tout à fait off'iciellement chez Gachette-Rétine, étant détenteur d'un port d'arme. - Pourquoi vous l'avait-on délivré? - J'avais été attaqué, une nuit, par des petits truandaux de quartier. - Pour quelle raison? - Une histoire de fesses. J'ai porté plainte. C'était au début de ma vie de bâton de chaise. Un ami de mon père, haut placé, est intervenu pour me faire obtenir ce permis. - Vous aviez peur? - J'ai eu peur pendant quelque temps, et puis... -Il se tut. Il était très fatigué. Sa peau était bleue sous ses yeux. Ses taches de rousseur, assez nom- breuses, avaient l'air d'insectes sur sa figure blafarde. Curieux à quel point j'étais persuadé de l'inno- cence de ce garçon. Dès que j'avais été informé de son histoire. Peut-être parce que je l'avais abordée par l'autre bout, non? C'est-à-dire par un élément inconnu des juges. - Vous êtes-vous aperçu de la disparition de votre revolver? - Non. Je l'avais pratiquement oublié; vous savez, ces objets-là, quand on les achète, on les manipule pendant quelques jours pour se donner des impressions de cow-boy; et puis on passe à autre chose et l'on n'y pense plus. Il prit une goulée d'air. Ici l'air avait des relents de merde et d'éther. L'autre gonzier continuait d'avaler son extrait de naissance, mais il aurait dû suivre des cours auprès d'un boa car ça passait mal. IL pa@it mal. 32 TIRE-MEN DEUX, Bon, vous êtes arrivé chez votre oncle, en début d'après-midi... - Oui. - Vous ne vous étiez fait précéder d'aucun coup de téléphone? Non. Ça se fait, pourtant, dans le monde de M. de Bruyère. - Dans le mien aussi, fit Gaspard mélancolique- ment, mais je craignais, en le prévenant de ma visite, qu'il refuse de me recevoir ou prétexte un empêche- ment. Vous teniez à le cueillir par surprise? Il représentait pour moi l'opération " dernière chance ", je ne voulais pas la rater. - Parvenu au château, ses gens vous ont dit qu'il se promenait à cheval. - En effet. - Et votre réaction a été de décrocher un fusil? - Comprenez-moi : j'e savais que mon oncle en aurait pour longtemps. C'était rasoir, sa grande bàtisse. J'ai voulu tuer le temps... - En tuant des corbeaux? Il m'a regardé le lus intensément qu'il lui était possible de le faire. p - Des corbeaux, mais pas mon oncle, a-t-il déclaré. Vous voulez bien me raconter votre balade en forêt ? - Ça faisait un bout de temps que je n'avais pas vu d'autres arbres que ceux des Champs-Elysées. Brusquement, j'avais l'impression de renaître. - Vous avez massacré des corbeaux? - Pas des corbeaux, mais des garennes. - Rien d'autre à signaler? - Non, rien. CEST POUR OFFRIR 33 Je me suis levé pour arpenter la salle, je venais de bicher des fourmis dans une guitare à cause de ma fausse position sur son pucier- Le mec au chou-fleur geignait de plus en plus parcimonieusement. Je me suis penché sur lui. Il était là, crucifié sur sa pauvre couche carcérale, le vieux forban, abandonné de tous, et surtout de Dieu, en cet instant d'absolu dénuement. J'ai touché son front, presque pieuse- ment, pour dire d'esquisser un geste humain, un geste de compassion. Mais pour l'aider vraiment, il aurait fallu que je lui décharge mon pote Tu-Tues dans la tronche. On ne pouvait rien de mieux pour sa pomme. J'ai soupiré : " Allez, Seigneur, le faites plus chier, quoi. " Puis ' j'ai serré sa pogne inerte. Voilà que je devenais grandiloquent avec moi-même. Théâ- tral, disons. T'as de ces dérapages, parfois. Irréfléchis comme sur du verglas. Tu t'offres Un tête-à-queue. Ta vie a un soubresaut. Ensuite tu rectifies ta direction et reprends une bath vitesse de croisière. Gaspard me regardait aller venir. Je comprenais que ses jours, à lui, n'étaient plus en danger. Il était en train de refaire son raisin perdu. Il travaillait du globule, le fils d'Alacont, hématies et leucocytes s'en redonnaient à coeurioie dans ses tuyaux. - Il est fini? m'a-t-il demandé. - Presque. - Ce matin encore il m'a parlé. - Pour vous dire quoi? - Il parlait d'avenir. J'ai hoché la tête. - Ouais, d'avenir, toujours, les hommes. C'est beau, dans un sens. Et puis, tout de go, je lui ai lâché - Quelque chose ne toume pas rond dans votre histoire du 4 avril. - C'est-à-dire? - Vous venez de me raconter que vous considé- 34 TIPE MEN DEE'X. riez cette visite à votre oncle comme étant l'opération de la dernière chance, exact? - Exact. - Et voilà que vous rentrez de votre virée en forêt, raccrochez le flingue à son râtelier et déclarez aux larbins que vous n'avez plus le temps d'attendre M. le comte. Pour un garçon qui jouait son va-tout, un tel comportement est illogique. - peut-être, à première vue... Mais je suis, ou plutôt j'étais, un type inconstant... Je... Je l'ai stoppé de quelques petites tapes rapides sur l'épaule. - Hé, oh! Gaspard... On continue de tout se dire ou bien on commence à se vendre de la salade de saison? Là, il a cillé. Ses yeux verts sont partis au plafond. Et il ne valait pas un coup de cidre, cependant, le plaftard, jaune pisseux, avec des lézardes qui ressem- blaient au delta de l'Amazone sur une carte de giographie (comme dit Béru). Bon Dieu ce qu'il était beau, à cet instant, d'Alacont. Romantique à outrance. Je lui suis venu en aide. - Tu veux que je te dise, Gaspard? Le tutoiement m'était venu spontanément. Il ne s'agissait pas d'un tutoiement de flic interrogeant un suspect, mais d'un tutoiement d'aîné. Tu p@.'ges? D'aîné. - Mon idée, à moi, c'est qu'au cours de ta vadrouille dans la forêt de Goupillette. tu as buté sur le cadavre de Clotaire de Bruyère. La trousse t'a chope et tu t'es tiré ventre à terre. Les râles du cancéreux ont cessé. Je suis allé jusqu'à sa couche. Il n'était pas mort, au contraire; il avait les yeux ouverts. De vilains yeux chafouins de gradin qui, d'emblée, le rendaient antipathique. La mort l'ennoblissait, mais il su@it d'une rémission, C'EST POUR OFFRIR 35 d'un petit afflux de vie, pour qu'il,retoume dégueu- lasse, cézigue. - Je n'ai pas tué mon oncle, M'a lancé Gaspard. - Mais tu l'as vu mort? - Oui. - Pourquoi n'as-tu jamais parlé de la chose? - C'eut été presque avouer ma culpabilité. - T'es con. - Vous me croyez, vous, quand je vous dis que je suis innocent? - C'est parce que je te crois innocent que je suis ici. D'un seul coup d'un seul, il a paru complètement guéri. Lourdesl Il s'est soulevé sur sa couche. Des couleurs lui sont venues. - Merci ! M'a-t-il dit. Merci. Mon premier instant de bonheur depuis le 4 avril 76. - Tout arrive, tu vois. J'ai sorti les photos de ma poche et sélectionné celle qui représentait la femme de la clairière. - Tu connais cette personne? Je ne voulais pas rater sa réaction. Avant de lui abandonner l'image, je rne suis accroupi au pied de son lit pour être aux premières loges de son vl@sage, si tu veux rne permettre l'expression, quj rne convient car je me comprends à demi-mot, et tout ce que tu peux rechigner, je M'en branle au sang! Il a saisi le cliché1d'une main tremblante d'épuise- inent- Pas un musc e de son visage n'a bougé. Son regard qui exprimait la curiosité s'est éteint. Il a fait une petite mimique négative. - Jamais vue, a dit Caspard. Sur ces entrefaites, le docteur est revenu en coup dd 1 vent. S'est arrêté devant le plumard du cancéreux. - Tiens, Lazare! il a dit. Fuis, à moi : Hé, commissaire, il faut savoir doser ses plaisirs, vous me l'avez suffisamment surmené comme ça. J'ai serré la main dolente d'Alacont entre les deux miennes du milieu. - Je te laisse, fils; cramponne-toi aux branches et dis-toi qu'un type d'exception s'occupe de ton problo. Un grand sourire confiant, presque lumineux, kù est venu. Il a paru rentrer d'un long voyage harassant, Gaspard. SUITE SOLOGNOTE Claudette épluche des pistaches. Ayant séparé le bon grain de l'ivraie, elle place la partie comestible dans un petit bocal de verre et jette la coque dans sa corbeille à papiers. Il est fréquent que les secrétaires usent leur temps de bureau à se faire les ongles ou à téléphoner à leurs copines pour leur raconter la manière suave que baise le beau mec rencontré au Paris, la veille, et qui fait si distingué avec ses cheveux gris, et qu'est élégant au point de porter encore cravate à une époque que ça se fait plus que dans les sous-préfec- tures, et qui a des tatanes en croco, des chemiseq monogra - mmées à son effigie, des slips double corps, remplissage automatique; et une bagnole sport de marque italoche sivouplaît, roues à rayons, de surcroît, tout ça bien. Mais c'est la première fois que je vois une de ces demoiselles monder des pistaches. Je lui demande à quoi correspond cette besogne; Claudette m'inforrne qu'elle a une réception chez elle, ce soir, et qu'elle prépare des amuse-gueules pour l'apéro. Je demande après Mathias; elle me répond qu'il est EN rendez-vous; expression que j'abhorre vio- 38 TlpE m@EN DEI X. lemment. Pour moi. être EN rendez-vous et aller AU 1 coiffeur classe mon interlocuteur dans le casier d'en dessous de l'échelle intellectuelle des valeurs. La ravissante personne précise même que Mathias s'est mis sur son 31. Un bruit lointain de chasse d'eau, offert par mes joyeux camarades Jacob et Delafon (après tout, c'est peut-être le même personnage?) agresse le silence confortable de l'Agency- Apparaît Pinaud, veston sous le bras, chapeau rejeté en arr@ière du crâne, en train de se colleter (si l'on peut dire) avec ses bretelles. Le dernier bouton sustentateur d'une des pattes est parti vivre sa vie, et l'homme réclame une épingle de sûreté susceptible de le remplacer au pied levé. L'obligeante Claudette la lui fournit. penaud peut donc se rajuster à loisir; et ce pour une durée confortable car. grâce à une constipa- tion chronique il n'est contraint qu'une fois par semaine environ, exception faite pour l'octobre qui le fournit en moût laxatif. - Mademoiselle, -dit-il à Claudette, je vous informe que le rouleau de papier hygiénique touche à sa fin et qu'il serait opportun de lui prévoir un successeur. Claudette rétorque qu'elle est secrétaire diplômée et non dame pipi. Baderne-baderne admet le bien-fondé de l'ob ' jec- tion, et propose d'écrire un mot à la femme de ménage, mot qui Sera placé en évidence dans les toilettes. Claudette reconnaît que c'est là une idée qui confine au génie. La prenant au pied de l'enthou- siasme, César décide de dicter la lettre. Claudette objecte qu'elle est occupée; en homme épris d'équ'té, Pinuche fait valoir que le mondage des pistaches n'est pas inclus dans les fonctions de Claudette. Claudette le traite alors de vieux gland; Pinaud répond que peut-être, mais qu'il va néanmoins dicter. CEST POUR OFFRIR 39 Claudette me quémande du regard. Je ratifie froide- ment la demande pilnucienne. Eh bien, prenez la lettre de M. Pinaud, voyons! Rogneuse, elle récupère un bloc sténo qui n'a pas servi depuis le sacre de Bokassa (auquel j'ai adressé un mot de félicitation pour sa mutation empirique), un crayon, un cachou. Elle croise ses jambes auss,i haut qu'il est possible de le faire sans se fendre en deux, et attend en sifflotant d'un air voyou une chanson de Brassens dont le refrain dit comme ça " qu'il n'est pas possible qu'on détrône le roi des cons ". Pinaud herrnétise sa braguette, tapote le grand creux qu'elle forme à l'emplacement hypothétique du sexe, et commence : " Chère madame Cassepot, " Bien qu'il n'entre pas dans mes attributions de m'occuper de l'Intendance de la Paris Défective Agency dont vous assumez l'entretien avec un brio auquel il me plaît de rendre hommage et qu'oncques ne vous discuterais, je me permets de porter à votre connaissance le fait suivant : les exigences de la nature m'ayant conduit à me servir des doubles vécés (en français : les lavatories) j'ai été amené à utiliser le rouleau de papier satiné placé près de la cuvette. J'en ai fait un usage modéré, n'ayant pas à réparer de gros outrages du point de vue souillure. Mon intestin étant extrêmement paresseux, je m'alimente peu, ce qui solutionne par avance mes problèmes résiduels. Toutefois, le léger prélèvement que j'ai opéré sur le rouleau m'a amené à constater que celui-ci touchait à sa fin. En conséquence, ceux qui me succéderont en ces lieux, dits d'aisance, affronteraient de graves déconvenues s'ils le trouvaient complètement tari à un instant de leur vie où il constitue le recours le plus précieux qui soit. Je songe tout particulièrement à mon excellent confrère et ami, M. Alexandre-Benoît 40 TIPIE MEN DEI X, Bérurier dont la vie intestinale diffère totalement de la mienne, ce qui l'oblige à une large utilisation du papier en question. " Fort de ces arguments, et comptant sur votre compréhension, je me permets de solliciter de votre bienveillance le renouvellement du rouleau de papier qui touche à son terme. " Je profite de la présence pour vous compli- menter à propos du choix de cette fourniture de première nécessité. La marque " CEil de bronze " est de grande qualité. Doublé, résistant, il reste moelleux sans crever sous les doigts, ce qui est toujours fâcheux, surtout, lorsque comme moi, l'on aime à fumer en déféquant. " Toutefois, me pardonnerez-vous mon audace, chère madame Cassepot, si je vous demande de ne pas choisir un papier de couleur? Celui qui s'achève est rouge, ce qui provoque l'inquiétude, chez le@ dames d'abord en leur donnant à croire qu'elles soni en avance sur leurs époques, chez les messieurs ensuite en leur faisant craindre les prémices . de quelque méchante tumeur maligne dont je vous laisse à deviner laquelle. Je ne voudrais pas passer pour outrecuidant à vos yeux, chère madame Cassepot, en vous recommandant d'acheter du blanc. D'autant qu'à dire vrai. je n'ai pas consulté les autres usagers des toilettes de la Paris Détective Agenry. Loin de moi l'idée de vouloir faire prévaloir mes goûts personnels, d'autant que, je vous le répète. je n'use des sanitaires qu'avec parcimonie étant donnée ma constipation chronique. Pourtant, je pense être l'interprète de.la majorité en recommandant l'utilisation d'un papier blanc, ce qui est toujours de bon ton (le blanc n'est-il pas la couleur des rois?) et n'engendre aucune perplexité d'ordre médical. " J'espère que vous et les vôtres êtes en bonne CEST POF,'R OFFRIR 41 santé et que vous avez des nouvelles rassurantes de votre fils qui séjourne au Kenya, crois-je me rappe- ler, à moins que ce ne soit en Norvège? " Je ne saurai terminer Ce court message sans vous renouveler ma reconnaissance concernant le merveil- leux moment que nous passâmes ici même un certain matin de la semaine demière oU je vins en avance et OU vous partîtes en retard. " Dans l'attente, et avec l'espoir, d'une prochaine rencontre de même nature, je vous prie d'agréer, chère madame Cassepot, l'expression de Mes senti- inents respectueusement dévoués et de ma haute considération, César Pinaud " P. S. : Dans l'hypothèse où vous auriez rassern- blé un stock de p pier de couleur, il va sans di que a re nous sommes prêts à l'épuiser avant que de nous vouer exclusivement à l'usage du fameux papier blanc dont l'apparence liliale me va droit au coeur. Satisfait, il ôte son chapeau pour essuyer d'un revers de bras sa tête emperlée. Ecrire est une besogne sudative, au même titre que le terrassement ou le maniement du ringard- Beaucoup de cons se i rent que nous fais ns un m tier de fei ant, es rgu 0 é gn 1 romanciers. Rien de plus faux (sinon une faux). L'écriture fatigue, et même épuise davantage que l'effort physique; projeter sa pensée mobilise le corps. La transmutation ne s'opère qu'au prix d'un apport héroïque de la viande. Mais tu t'en fous et tu as parfaitement raison. Que serait ma vie si tu abondais dans mon sens, pauvre gonfle! Qui est-ce qui me sécuriserait si tu me donnais raison? J'ima- gine mes doutes en pareil cas, mes errances, et j'en frissonne. Je t'en supplie, continue à me décroire, à me douter, à M'outre-passer, merci. Amen. 42 TIRE-MEN DEUX. Pinaud bâille. Sa nouvelle disponibilité intestinale le rend apte à toutes les aventures. C'est calme plat, ces jours, me fait-il remar- quer, on sent que le Vieux est en Bolivie, au co ès ngr interpolices. Il rebâille. Je détourne les yeux pour fuir cette ad- mousse écoeurante, nicotinisée, qu'il propose à l' miration environnante. Viens avec moi, lui dis-je, on va aller prendre l'air. - Au Bois? - Non : en forêt. Ce qu'il y a de merveilleux, en Sologne, c'est que c'est partout pareil : la forêt, des routes qui la découpent, quelques beaux domaines cachés derrière les frondaisons, des étangs mélancos. Et puis du gibier, naturliche. Et comme il y a du gibier, des gardes-chiasses, naturellement, des vrais, en costar de velours potelé, casquette à visière noire, leggings, accent solognot garanti. Une pancarte bleue, passablement rouillée, indi- que: " Domaine de Bruyère-Empot". On suit la flèche, en Indiens dociles que nous sommes, au milieu de cette sylve- Bientôt, le chemin moussu vient buter contre un immense portail de fer. Pinaud descend carillonner et, en attendant qu'on nous vienne accueillir,.Ie cher homme compisse le pilastre à petits jets mutins annonciateurs de prostate. Mais personne ne surgit, sonne que sonneras-tu. On tente d'ouvrir, en vain. Tout est verrouillé. J'essaie d'apercevoir le château, mais comme l'allée principale décrit une courbe et que des arbres plantureux, voire majestueux, la bordent, il est impossible de mater. CEST POLR OFFR@R 43 Le portail est purement symbolique vu qu'aucun mur ne le prolonge de part et d'autre. Il se dresse comme une barrière douanière; le passage est libre de gauche et d'à droite, si l'on excepte un fossé noirâtre qui doit s'emplir d'eau pendant la mousson. Je franchis icelui d'un pas agile et m'avance cavalière- ment CI dans l'allée, be n'ai aucun mérite à c a puisqu'il s'agit d'une allée cavalière). Hep, là-bas! crie une voix qui roule les " r ", bien que son interjection n'en comporte pas. Et un garde se pointe, fusil à l'épaule, suivi de deux chiens renifleurs qui S'obstinent à lui humer les talons. L'homme trimbale une bacchante de cinquante centimètres, dans les tons queue de vache rousse. Il a les yeux en boutons d'uniforme et arbore une décoration évasive au revers de sa veste. Il radine d'une allure martiale, sévère et juste. - Eh bien, où alliez-vous? demande-t-il. - Au château, réponds-je, parce que je te jure qt,,e c'est la vraie véritable vérité. - Le château est fermé, montrez-moi vos papiers! Je lui présente ma brème professionnelle. Le garde épanouit de la physionomie. - Oh, bon, vous en êtes un! il remarque. Note que je préfère ça à " vous en êtes une ". - Depuis quand le château est-il fermé? je lui demande. - Ça fait bien deux ans. Y'a des problèmes de succession depuis la mort de m'sieur le comte. - Vous êtes de par ici, bien entendu? - Oh ça oui, depuis au moins les Croisades, rigole le brave homme. - Vous avez dû suivre l'affaire, non? - Tout le monde l'a suivie au pays; une très triste affaire. C'était un éruditieux, m . sieur le comte. Il ne sortait de ses livres que pour se donner de Il exercice. 44 TIRE-MEN DEUX, Il disait que les belles pensées fleurissent dans les corps sain', c'était sa devise. s Il ajoute. - Ce qui rejoint ce que vous dites quelques paragraphes plus haut, quoi! Ayant fait la part du surréalisme, je me consacre à l'enquête. - Cher ami, connaissez-vous la dame dont voici la photographie? Ses bons gros doigts malhabiles s'emparent d.u carton. Le garde visionne la femme brune à la raie médiane. Il n'hésite pas. - C'est M-e de Mouillechaglate, assure-t-il. Je sursaille. - La romancière? - Je sais pas si elle est romancière, tout ce que ie sais, c'est qu'elle écrit des livres, assure ce digne personnage. Donc, il s'agit bien de Sidonie de Mouillechaglate, l'auteur un poil scandaleux de " Va, tu es ré tro, Satanas ". J'ai vu plusieurs fois des photos d'elle dans les rubriques de livres, comment se fait-il que le cliché pris par Clovis Moyençon ne M'ait pas frappé'? Il faut dire que le bas bleu en question n'est pas au sommet de mes préoccupations. - Elle habite la région? Le garde velouté, casquetté, leggingsé, fusillard, mouille son doigt le plus long comme s'il s'apprêtait à l'enfoncer dans un réceptacle récalcitrant et finit par le brandir plein sud. - Mouillechaglate est à une lieue et demie d'ici, révèle le protecteur des lapins solognots. Vous suivez la départementale sur quinze cents mètres, puis vous prenez le vicinal de gauche. Je le remercie. 1 cil 45 CEST POLR OFFRIR - C'est-y qu'aurait un relent d'enquête à prcpos de l'affaire? demande le garde. Je m'aggravis. Monsieur, lui dis-je, je crois savoir que vous êtes assermenté, n'est-ce pas? Eh bien, je le suis également. Le plus gros des deux chiens de chasse débouche l'anus du pau vre Pinaud qu'il obstruait de sa truffe et nous partons à la conquête de la vérité. Le château de Mouillechaglate n'a rien d'opulent. De dimensions modestes, réparé avec goût, il enchante I'oeil de l'arrivant. Des roseraies l'entourent, un délicat étang en farine de tache d"encre sur un buvard le miroite, et y'a même plein de moutons blancs à paître dans les environs immédiats. Ils sont si blancs, si délicats que tu regardes à deux fois, t'assurer qu'ils ne portent pas un ruban rose autour du cou, comme sur les tableautins pour salon bourgeois que ça représente Marie-Antoinette jouant à la bergère, cette conne, au lieu de s'occuper du bon peuple de France. Une Rolls blanche, décapotable, est remisée un peu à l'écart sur un parkings saupoudré de graviers roses. Tu sens illico que les proprios de cette crèche ont les moyens, tout au moins ceux de faire accroire qu'ils en ont, ce qui revient au même, et même au plus. Je range ma pompe et m'avance vers la masure, suivi de Mister Fossile et Marteau. Juste que je pose mon premier pied sur la première marche, des clameurs s'en échappent. Un vache dialogue ponctué de bris (le Bris et la Fureur, moi je te l'annonce) s'échange. Et c'est une voix de dame qui répond à une -M'EN DEUX, 46 TIRE d'homme. Et y se disent tout ce que je vais avoir le bonheur à haute tension de te relater pas plus tard qu immédiatement: - Roquet! - Truie! - Pourri! - Vérole! - Puant! - Sanie! - Dégueuli! - Chiée! - Castrat! - Trou! - Surcon! - sous-merde! - Enculé! - Enculée! - Peau de vache! - Fosse d'aisance - Tacot! - Gueule de raie t - Minus! - ignarde! - Torchon 1 - Serviette périodique! - Peau de zob! - Pute! - Répète! - Pute! - Puceau! - Cul intorché! - Lavement! - Eau de bidet! - Colique! - Morue! - Répète! - Morue! CEST POL-R OFFRIR 47 - Voyou! - Bouffe-bites 1 - Enfoiré! - Salope! - Cadavre! - Chiraquienne 1 - Pet! - Ménopause! - Sans-couilles 1 - Diarrhée verte 1 - Mal poli! - Gourgandine - Foireuxl - Catastrophe! - Pédé! - Répète! - Pédé! - Faisandée! - Chiottes bouchées - Lèche-pine! - Escroc! - Crevure! - Feignant! - Follingue! - Châtré! - Poubelle! - Cataplasme! - Emmanchée! - Burnes creuses 1 - Ecrivaillonne! - Répète! - Ecrivaillonne! - Débile profond! - Ecrivaillonne! - Ne le répète jamais! - Ecrivaillonne sans s@,ntaxe - Quoi! TIRE-M'EN DEUX, 48 - Sans vocabulaire! - Quoi! - Sans idées! - Quoi! - Sans style! - Quoi! - Sans tirages! - Quoi! - Sans lecteurs! - Quoi! - Sans éditeur! - Menteur! - six manuscrits refusés' - je te hais! - je te chie! - Tu ine tues! - TU M'effrites! - Je meurs! - Crève! - Je te maudis! - Merci! - Adieu! - Adieu! - Tout est fini! - Enfin! - je cesse! - Ouiiii! - Tu m'excites! - Toi aussi! - C'est pas vrail - Je bande! - Menteur! - Regarde! - Merde! - C'est pas de la queue, ça? - je la veux! - Trousse-toi! C'EST POUR OFFRIR 49 - Voilà! - Debout! - Accoudée au piano 1 - Attention que le couvercle ne se rabatte pas sur mes couilles! - Vas-y! Oh, salope! -- Ah que c'est bon! - Tiens, ma vache! - Tu es monté comme un âne, Adolphe! - - Toi, t'as une chatte comme un porche d'église! Adolphe! - Sidoniel - - Chéri! Je t'aime! - Moi aussi! - Oh! que tu es belle! - - - Pas si fort, tu me défonces! Tiens, charognerie dégoulinante! Q-u'est-ce tu dis. - - Charognerie dégoulinante! Ah! bon, j'avais compris autre chose! Parle- moi encore d'amour! Fumière! - Encore! - Potasse! - Oui! - Empétardée! - Continue! - Pompeuse de bougnoules! - Ouiiii, oh, oui! oh! oui, mais ne sois pas raciste, Adolphe! - Tu aimerais te faire sabrer par des déména- geurs de pianos! - Certes! - Tu voudrais vider les roustons d'un régiment de khmers rouges! 50 TipE MEN DEI X. CEST POUR OFFRIR 51 - Aohouhaaa, comme tu me connais bien, Et puis, lorsque Monsieur et Madame se réconci- Adolphe! lient, contre le piano (auquel je souhaite d'être à - Il te faudrait un casaque et son cheval! queue, vue l'occurrence) ils s'arrêtent de faire le point - Bien sUr! pour se tourner vers nous autres deux, très déconte- - Un gorille! nancés que nous sommes. la va de soi, Adolphel - Messieurs? - Ce - La Tour de Pise! - Nous souhaiterions parler à M-e de Mouille- - C'est trop, Adolphe! Tu as des mots qui vous i chagiate, dis-je assez péremptoirement pour être pris transportent! Et alors ils se taisent. Nous sommes installés dans la vaste entrée coquet- tement meublée de choses Louis-Philippardes. t collé cont e les un couple de domestiques se tien r portes vitrées donnant accès au salon. Je te dois à ce point de l'action de préciser (du payé ce livre ou que c'est moment que tu as quelqu 'un aimant la bonne lecture qui te "a prêté) qu'au début de la scène, les deux protagonistes cassaient beaucoup. Toutes les ouatre ou cinq répliques environ, un objet éclatait, composant un fond sonore à l'algarade si aimablement conclue. Le larbin mâle est armé d'un bloc-notes, et la larbine lui énumère les dégâts. Elle exprime grave- comme si elle procé- ment, mais d'un ton routinier, 1 @ te en dait à un inventaire, et son compagnon repe annotant. résentant Diane et La statuette de Sèvres, reP l'Amour. Oui, il m'en reste en réserve... Bloinnnngggg! Elle annonce: Le bras de lumière Napoléon iii t Il redit Le bras de lumière Napoléon Ill, stock épuisé, le remplacer par une lanterne de procession modèle 64 bis. Et tout à l'avenant. au sérieux. Le larbin, faut que je te raconte, il est tout michu, tout grelu, badru, glapu. Il ressemble à Sim, même tête de casse-noix en bois sculpté; mêmes z'yeux prompts et fuligineux, tu sais? A propos de l'expres- sion tu sais, faut que je te dise l'à quel point ils me les brisent avec leurs pubs, à la radio. Qu'un gonzman tro ? ve une astuce et voilà tous ces moudus qui lui emt)oîtent la trouvaille. Doré de l'avant, comme dit le Gros, on ne peut plus te célébrer un produit, sans que le baratineur ou la baratineuse ajoute, d'un ton entendu : " Vous savez, avec le petit truc, ou le petit chose ", selon. Un mec a trouvé le premier, et poum, les autres engouffrent. " Vous savez? avec le Litou- gnet doré ". " Vous savez? avec la petite rose bleue ". Moi, l'Antonio c'est : " Vous savez? avec le beau chibre surchoix! " ou encore : " Vous savez, le mec qui vous sodomise de tout son coeur! ", voire : " Vous savez, ce type qui en a ras le bol de vos manigances de merde, à tous, tas de cancrelats, tas d'abîmés, tas de moindres! Faisandés, mal huppés, gredins de tout poil, égrotants, faux bizarres, traî- neurs de relents, cadavérables, décorés, présidents, putrescibles, endémiques, fallacieux, maugréeurs, impensifs, bavards, raclures, sous-merdes, tuyaux, pines torves, fuyeurs, invertébrés, délateurs, ponti- fiants, navrances, manufacturés, contribuables, connards, bouffeurs, chieurs, photographieurs, mes- 52 TjpE M'EN DEI X, quins, reliquats, viandasse, membres gangrenés, fesses plates, trous, trous, trous, trous- Ad libitum- Donc, je viens d'annoncer à Sirn- le valet, que nous souhaitions nous entretenir avec Madame, pardon: avec Médème- il prend un air chagrin- férence. - Madame est en cç)n train - il y a de cela, dis-je, puisque,-Ile est en d'en prendre un vieui( coup dans les baguettes, mais nous savons vivre et n'aurons garde d'interrompre son coït, sachant trop, d'expérience, combien il est éprouvant pour le système glandulaire d'être inter- rompu en cours d'orgasme. Il a une mimique approbateuse, montrer qu'il réhension- apprécie notre cornp leurs-dames dure - La copulation de ces mess longtemps, si ce n'est pas indiscret? Le vafet hoche la tête. - D'une façon générale, Madame prend son pied assez rapidement, comme la plupart des nyrnpho- manes; mais Monsieur par contre n'a pas l'éjacula- tion prompte. Madame qui est très coopérative le subit toutefois jusqu à la conclusion de leur étreinte. Les femmes ont l'esprit de sacrifice. Dans mon ménage, bre @ rt mon é@use, se dessaisit de mon mern Ma ine, ui me crée de vifs',,' sans jamais connaître l'extase, ce q s, je tente de lui @l rern@rds. Mais qu'y faire? Certe e. hélas, revaloir ça en lui fai;ant préalablernent minett cher monsieur. Pour être sincère, le plaisir doit naître dans l'euphorie de 1 'accouplement. @uand j'étais plus 1, jeune, les choses allaient mieux car je parvenais à tirer deux coups dans la foulées sans déjanter, hélas, ns neutralisent de telles prouesses. Si je vous les a . quante ans je commence à banderl disais qu'à pas cin mou? Enfin, mou, j'exagère, disons que mon sexe n a 1 CEST POUR OFFRIR 53 plus la même impétuosité, il exige des sollicitations préalables, une certaine mise en condition. Et une fois qu'il est à disposition, il ne s'agit plus de le faire poireauter, oh que non! Les coups de téléphone, par exemple, ne pardonnent plus. C'est du " tout de suite ou jamais ". Et pourtant, monsieur, pourtant, dans mon âge tendre, il m'arrivait d'enfîler la cuisinière - qui n'était pas Martine, à l'époque - d'être inter- rom u par un coup de sonnette des singes, d'aller p m'enquérir, puis de préparer du thé et de le servir, tout cela sans débander d'un iota. Je revenais fourrer la mère Marthe, cette grosse salope, sans coup férir. Si je vous disais, monsieur: il me revient d'une troussée qui fut interrompue trois fois consécutives. Je commençais de fourrer Camille, sonnette 1 Madame était capricieuse: une Russe blanche, vous voyez le genre? . 1 " Je revenais a ma petite affaire, nouveau coup de sonnette. Et pour des babioles : passer un flacon de sel à Madame, lequel se trouvait à cinquante centimètres de sa main, notez. Vous savez, les Russes blancs, ils y ont pris peine! Ah! les cochons! Sympathiques, dans leur genre, notez bien. Mais si tyranniques. Par besoin! La tyrannie, pour eux, fait partie des arts nobles. Enfin, à présent, ils achèvent de disparaître. Leurs propres enfants sont devenus com éaction. Je crois que mon éjacula- munistes, par r tion précoce date des Russes blancs, monsieur. Cette anxiété de la sonnette pendant que j'enfilais dame Marthe. Le qui-vive! Cette hantise de devoir déculer en plein envol. Ça vous pousse aux reins, de pareilles affres. On s'exerce à la hâte. On jouit à toute volée. Et après, cela vous reste. Vos étreintes sont d'une brièveté consternante. On a beau se raconter du triste, pendant, s'exhorter au self-contrôle, penser à la France, rien n'y fait. Le foutre, Monsieur, ça n'obéit pas. C'EST POUR OFFRIR T,",RE EN DEL X, extrêrnen,,ent décollées, un léger bec-de-lièvre, Un 54 ,e corne de se de hobereau, râpé @i cli @déch,rant co,,ne et mique1c'n de chas n Un gran- pa ard bien né. Le pantalo i5tes de saint-Pieri7e gn à gros brume âu loin des c larbin, ça C'est sur ses brodequns retent@t- annonce.le :Iencieuselnentt lace e cuir. à loisir, il s'essuie la queue u@ - @t .ilà ie travail! ne t)eut P3s S t laVé zézette . fenêtre, pète la,ge et se Monsieur il s,@st arnen- rideaux de satin de la mais moi 'arrêtait P's sément. ramasser s'eimPêc@' n reculotte po larbins ent@e rennent alors de Les deux nbreux d@bris dé . il n'Y avec petites t)elles et ba d'expérience de hurler idelnell iis font P, leurs niaîtres- oter le, La PO' en elle nlli savent s' chaglat@ retrous s machin i-- chevé Par hoto. les accessoires du nu ro a p ivre. fesse s ns n order ceux (@u nurn ro a su . e repara-It@ prirn@sautière, Vesc a Sid)nie de Mouillechagiat. vise et un q vite 1 valet décente. Cette fois, st une guille,,ette courtoisie e, sans ablut'o' vi souri,e d@ grande Niad2 éprouv bon dame d'allure rorn2 ée dans n rs le pour So ge2 toutefois être réelle " apr lus co e et elle ent. p choses de ratnot les tons parm fatal ces exernPI cornpléter- leurs? elle s'enquiert- " vora( - Mess carte poulardière- Je lui I)résente rna suri . iléineut pas. Cela ne Ile simplenent- con '? demande-t-e. rs la dornes- - oui. Ils aimerions avoir une conve a 14 - Madame, no--- 1 per s à seule? Es@-ce possib e? s du tnoit vec vous, seul les i illchagikite est tion a ent, entrez, que - mais certaine@l ù son époux fmit ti ' - roses a ' ousse aans le salon 0 eute dans pes Elle nous P ib e dit-elle à e ZY fleurs épi- raguett aver à se de reboutonner sa and con, occupe. votre camp, gr . @ iLiDose Foutez-mO' - urnalistes- Heureux avoir suis avec d@s 30 " U@l, 1 0 so d'un courtols' s sur e plan u drôle n niari- Je e neusc te châtelain nous salu de Moui@leçh âge; is avance sa d,,tre qu' M. de vou ueillir Du- t. @ ce s acc vieu@ r torche des 17ois, trols s,e@les auparaval voût, dessi enN 56 TIRE MEN D£t X. - Adolphe Mouillech@glute. se Présente-t-'l- - ils s'en branlent, déclare son épouse, ces garçons viennent pour moi, et non pour vous, grand con! Conscient du bien. fondé, Mouillechaglate se retire. Les domestiques de même. La porte est fermée. Tu la verrais rupiner dans son salon Louis Chose, la Sidonie, vrai, tu la prendrais pour George Sarid- D'ailleurs, un portrait de Chopin trône sur le piano, dédicacé. Eh bien, nous voici tranquilles, messieurs, je vous écoute. ie. un supplément d'enquête vient madame. dis-, @ d'être ordonné, concernant l'affaire de Bruyère. Elle sourit. - A la bonne heure - pourquoi? demandé je vivement. - Mais parce que j'ai toujours pensé que ce grand pas l'assass'n. J'ai lu toute sot d'Alacont n'est 1 I'oeuvre d'Aga,ha Christie, mon cher monsieur, et j'y raît tr p cou able, ai apdris que lorsqu'un suspect pa 0 p CEST POLR OFFRIR 57 Dites-moi, dernande-t-elle tout de go (car elle parle couramment l'anglais) ne seriez-vous pas un Manivail du Treuil de la Margèle? - Eh bien, heu, je, c'est-à-dire, évite d'infinner la Vieillasse. - Je l'aurais juré! trépigne Sidonie de Mouille- chaglate. Vous savez à quoi je l'ai reconnu? A votre lobe! A ma connaissance, seuls les Manivail du Treuil de la Margèle ont le lobe en creux avec un petit défaut de piginentation au centre. C'est signé! Etes-vous un descendant de la branche cadette? Eh bien, à vrai dire, je... 1 -- e le savais! clame M" de Mouillechaglate. i Voyez-vous, bon ami, un sens de l'obser'vaticn comme le mien, ça n'existe qu'en un seul exemplaire. Je vous dis à quoi j'ai su? Ces deux taches brunes sur la face interne de votre index et de votre médius à la main droite. Alors là. pas de doute. @à Gaëtan, le grand-père d'Alcide, les avait. Pinuche examine ses deux doigts incriminés, jaunis par la nocive nicotine de ses mégots. Vous n'ignorez pas, je J'espère, que nous il es@ innocent. Cyrande oeuvre que celle de Lady sommes petits-cousins? lui demande S'idonie. Christie. croyez-Moi. Vous oblige-t-on seulement à la - Ah, groummm, groummm, vraiment? enor- ie? je r onnais bien @gueillit Pépère. lire dans la @olice? Non, je par' ec là l'incurie française! 1 - Bédame, réfléchissez, poursuit notre hôtesse; " Et pourtant, et pourtant, que d'enseignement votre père, le baron Alfred. était le cousin germain de vous y puiseriez! Elle savait tout , la vieille chérie. tma regrettée grand-mère, Pulchérie du Carreau du Rien de ce qui touchait à la chose policière ne lui!Temple, née Bellemotte de la Fourre; conclusion @nous sommes issus de germains. Venez me donner était étranger. de luxe). il'accolade, cousin! Elle tapote les plis de sa jupe paysanne ( e e ec une Depuis un moment ell considèr Pinaud av dévorante attention, ce qui intimide mon haltère 0 égale 0 soit masculine il ine convient de le foutre (1) Bien qu'aiter eg ; m e ern au féminin en l'honneul da vi ille bad e- Pinuche retire son mégot, le loge sur son oreille. à 'épicie , retire son cha au dévasté par l'â t r pe ge e les @tempéries, ce qui provoque une averse de pellicules ir le tapis virgule de foutre. Rosissant, flageolant, )ardu il s'approche de sa singulière parente si iracuieusement retrouvée et la baise au front. 518 TIRE-MEN DEUX, - Mieux que cela, grand nigaud! proteste l'écri- vaine en saisissant la Pinuche par la nuque. Elle lui roule une magistrale pelle aristocratique qui invertèbre le malheureux, et le relâche aussi brusquement qu'elle l'a emparé. Le père Pinaud tombe simultanément sur son cul et sur le tapis seldjoukide (du xiii' s). Je l'aide à se relever. Confus, il marche sur son chapeau qui en a vu d'autres. Voulant redonner forme à la galette bourbeuse obtenue, il le pétrit si malencontreusement qu'il le retourne, si bien que le vaillant couvre-chef est maintenant à l'envers, la bande de cuir à l'extérieur, humble couronne, ainsi que le crépi de pellicules. Les interrogatoires ne sont pas chose aisée chez M-e de Mouillechaglate. - Madame, commencé-je, désireux d'aborder le vif. Mais elle pousse un grand cri et quitte son siège d'une cabriole. La voici qui ôte son corsage à toute pompe, puis son soutien-gorge. Une forte odeur de roussi retentit (1). Sidonie gémit, fébrilise, hoquette, et autres... Elle possède une poitrine superbe et généreuse, large et ferme, roploplesque, surabondante, bien profilée et qui se jette en avant, à l'assaut de l'amour. Une rougeur marque son admirable sein droit,. lequel n'a d'équivalent que le gauche, Quelque chose qui y adhérait tombe sur le tapis du xiiic s. Il s'agit du mégot de Pinaud qui a chu dans le décolleté de Madame au cours des effusions cousi- neuses. C'est lui, l'immonde, le gluant, l'incan- descent, qui a entrepris de jehannedarquer la châte- laine. Auteur indirect du dommage, Pinuche se propose (t) Je dis qu'elle retentit car elle est vraiment très forte. CEST POLR OFFRIR 59 de le réparer. Il assure Gue la salive est une thérapeutique valable en ce;-cas de brûlure. Si sa cousine le Perinet- Et sans attendre la réponse, le cher Déla bré entreprend d'oindre de la sienne le sein endolori, de manière très suce-Sainte. Il léchouille, l'i@stre descendant des Manivail du Treuil de la Margèle- Sidonie ne trouve pas la méthode archaîque. Elle dit que les vieilles recettes de bonne f sont s u ent es ei eures. Le baron de la elnnle 0 v 1 rn Il Branle fait fonctionner ses muqueuses à tout ber zingue- Pour mieux adhérer, il tient sa cousine par la taille et lui pétrit le pétrus avec Pétulance (que, pet tu lances!). Et e comirnence à en avoir plein ses bas ffes à la con, marrantes à conter, ceri ettes à subir. Il sonne le rappel à l'or@ e révérend Tantonio. On n'est pas venu ICI POur lécher les nichons à Madame de, merde! Non Plus que pour se faire raconter la vie sexuelle du valet de chambre, re-merde! ff Alors il clame que ça su 't comme ça, le commis. saire- Classe à la fin, des cousinages débusqués, des effusions grandi]Oquestes, des remèdes à basé de bave de vieux birbe. revient aux choses sérieuses. En qualité de voisine, vous deviez connaître feu M. de Bruyère? demandé-je. Elle ba@t. - Si je connaissais Clotaire! Cette question! Je lui faisais une Pipe toutes les semaines en forêt! il n 'aimait plus que cela, à son âge. Et moi, je raffolais de Cette odeur de cuir et de cheval qui se dégageait de son Pantalon. Une odeur guerrière, comprenez-vo ? De nos jours, les vraies odeurs Se perdent. N us ous ne sommes plus définis que par les déodorants chimiques. pouâh! Si je vous di-sais . J'agrénient de la 60 TIRE-MEN DEUX, pipe disparaît dans les flots de l'hygiène corporelle. Vous sucez un ouvrier portugais, espérant qu'il puera vonnette 1 Les le bouc, que nenni il sent la sa e Arabes? Pareil! ProPres! Ah, ce vilain not! un conséquence de la civilisation! Qu'on les vaccine, je veux bien, mais qu'on leur apprenne à se laver, C'est 1 f- 'anonymat du paf est une ¨ in d'un folklore. L s- calamité dont l'humanité n'a pas encore pns con cience, et qui est en train de détruire un certain aspect passionnel de l'amour. Que deviendra-t-il, l'amour, avec une fellation standardisées Il était indispensable que l'homme sentît l'homme et non le je suis une femme sensuelle, moi, monsieur Cadum- i pas honte de mes instincts. le commissaire. Je n'a pipe une pipe. La J'appelle un chat un chat et une passe. Ne suis liberté, c'est avant tout cela. Bon, je pas M.L.F. vour autant. La liberté ne peut s'acconi plir que dans l'individualisme. se grouper pour être libre est déjà un début de cessation de liberté, je me fais comprendre? Parfait. Donc, étant d'une grande sensualité, j'adore la feliation. Mais q ' ui voulez-vous que je Po@pe? Lécher une eau de toilettes Merci bien! Je vous prends un exemple : vous. Ne sursautez pas. Vous êtes beau garçon, mon cher. Si, si..Et je gage que vous devez vous montrer bon partenaire au lit. Mais pensez-vous un instant que j'aie la moindre envie de vous faire une pipe? Pas question! Vous sortez de votre bain moussant, commissaire. Vous traînez des relents d'OBAO, ou de je ne sais quoi parfumé au pin des Landes ou au citron vert. Bref, commissaire, a ainsi perdu sa qualité votre bite, é uves animales, ou première qui est de d gager des efll I'n. C'est devenu plutOt animaux, effluve étant mascu i de la bite aseptisée, pardonnez-moi de vous le dire. De la bite sous cellophane. Je préférerais sucer mon aimable cousin ici présent, dont il est clair qu'il ne réfléchissant, ma surmène pas sa salle de bains. En y ar CEST POLIR OFFRIR 61 demière pipe délectable remonte au mois dernier, vous vous rendez compte? Le bénéficiaire en a été un chauffeur de tax' italien. Quand j'ai pris place dans son G 7, j'ai été iimmédiatement alerté: ça sentait la ménagerie. Aussitôt je lui ai proposé cet instant de félicité. J'ai eu toutes les peines du monde à le lui faire accepter. un Italien du sud, vous pensez! Quatre gosses plus un en route! Ils sont vertueux, ces gens. Il y a plein d'images religieuses avec leur carte du parti. J'ai dû l'inviter à laisser tourner le compteur pendant l'opération. C'était la première fois! Sa première pipe, commissaire. Il ignorait que cela existait, le chéri. - C'est passionnant, coupé-je, mais je voudrais qu'on revienne à Clotaire de Bruyère, madame. L'avez-vous comblé le jour de son assassinat? Elle me défrime, yeux et bouche ronds. - C'était quoi, le jour de son assassinat? - Le dimanche 4 avril 1976. - Alors non, jamais le dimanche! - Par sentiments religieux? iin - Qu'allez-vous chercher là? S plement, tous les dimanches nous recevons nos amis parisiens et je ne suis pas disponible. Je sors la photo de ma poche. - Vous rappelez-vous d'avoir été photographiés, M. de Bruyère et vous, lors d'une de vos rencontres en forêt? Si fait, par un petit bonhomme qui ressembliit à l'un des nains de Blanche-Neige. Le plus drôle, C'est qu'il ne nous a pas vus, me semble-t-il. - Son objectif, lui, vous a vus. Et je présente le cliché. Elle regarde, s'attendrit. Le cher Clotaire! Dites, jc n'étais même p-as décoiffée. Voulez-vous retourner la photo, je vous prie'? Elle obéit. Lit la date indiquée au verso de l'image. 64 TIRE-MEN DEUX, encore, le cardinal de Fleury fit la part belle à un Mouillechaglate à l'issue de la guerre de la Succes- sion de Pologne. " En remontant les siècles, on trouve un héroïque Mouillechaglate au siège de Sedan et le colonel Agénor de Mouillechaglate, père de ce grand con, se fit tuer au Chemin des Dames. Tout cela, ces héroïques pages d'histoire, cet arbre généalogique flamboyant, engendreur de fruits d'or, pour arriver à qui? Et je devrais plutôt dire à quoi? A un Mouillechaglate qui écoute aux portes! 0, Gode- froy IV, dit de Bouillon, retourne-toi dans ta tombe! Ou alors sors-en carrément pour venir contempler ce qui subsiste de ta tant haute lignée! Regarde l'excrémentiel résultat de ta race, son irrémédiable aboutissement- Pleure, Godefroy, ô, roi de Jérusa- lern, ô, duc de Basse-Lorraine, écarte les plis de ton suaire et vois la déchéance de ta semence, toi qui battis les Egyptiens à Ascalon. Outragé, ricaneur, Mouillechagiate s'est redressé. - Ta gueule, salope! dit-il avec dédain. - Larbin! - Souillure! - Paillasson! Je m'avance en agitant mon mouchoir, tel un plénipotentiaire entre deux armées ennemies. - Stooooop! gueulé-je. Lors, l'homme aux cheveux en brosse prend son air le plus torve, sa voix la plus suintante pour susurrer . - Cette garcerie vous ment, commissaire. Le dimanche 4 avril 1976 nous n'avons reçu personne pour la bonne raison qu'il y avait eu, les jours précédents, un début d'incendie au château, et que les pièces de réception étaient en réfection. Les travaux ont duré deux bons mois. J'ajoute que le dimanche 4 avril, cette gueuse infâme, cette pipeuse- CFST POT,R OFFRIR 65 née, cette moins-qu'elle-même, est sortie une grande partie de l'après-midi avec sa Méhari pour, a-t-elle prétendu, une promenade en foret. Amoureuse des halliers, dit-elle? Mon oell! L'enculade, commissaire! La pipe-tout-venante! Mon avis est qu'elle drague les gardes-chasse (le " s " à chasse est facultat@. Madame suce la plèbe, vous l'avez entendue comme moi, mieux que moi, puisque j'étais derrière la porte. Un chauffeur de taxi italien! Que dis-je : italien du sud! Vous avez regardé sur une carte où cela se trouvait, le sud de l'Italie, commissaire? Depuis la Sicile : vous faites un grand pas et vous voici en Tunisie, chez les musulmans. Ne vous a-t-elle pas confié qu'elle avait tâté de l'Arabe, cette pourri- ture? La femme d'un descendant de Godefroy de Bouillon, mort empoisonné par un Infidèle, le cher martyr. Une Mouillechaglate pomper un sémite! Je la répudie! Le divorce n'est pas reconnu chez les Mouillechaglate, mais l'annulation par Rome, si! Je téléphone immédiatement. D'autant que ce Jean- Paul Il n'a pas l'air d'un déconneur, lui. Polak peut- être, mais église-église, hein! Le petit doigt sur la chaîne de l'encensoir. Vous n'auriez pas son numéro privé sur vous, commissaire? Ça ne fait rien, je vais le demander aux Renseignements, et aux Renseigne- ments Généraux si les autres sont défaillants. Ainsi Madame pourra retourner au bordel natal. Il y a des moments, commissaire, vous savez ce que je redoute d'elle? La vérole! La vraie, la grande. Après chaque étreinte, je me demande si cela va être pour cette fois. Je passe ma vie à examiner ma queue, commissaire. Je la scrute; comme une maman de l'île de Sein scrute l'horizon par gros temps. Je m'attends à y voir lever des boutons, voire des bubons, des plaques, bref, de ces inflammations ou gonflements infâmes qui déshonorent la verge d'un homme. Je sais ce qu'est le suspense, commissaire. Le suspense, c'est 3 7,,RE_M,EN DE 66 uvez l'arrêter, elle a ue fois que je sse! Vous PO lie vous ait M 1 enti chaq ue sûrement tué CIOI ope et rneurtriere, long sur sc en dit is dire à mes gens 'aura rie elle ne tn pour la prison ou, de lui préparer u esi rn'a-t-on dit, les Et il s'en va. de Mouillechaglate- Réponse? fais-je à Sidoni@ Marche de 1 ecrivaine. le est hautement rageuse, El d gts. On devine des long lacge e@ s@ t)ét@sant les oi s'accu- .1 res, des malédictions qui éructations interieu mulent- 1 dain devant moi, elle me dit ni s arrêtant sou a se rn il'é ou r, co 1 n aurais ja a s dû Ce type, Je.... 'il a un te ticu e qui lui rnissaire. Si je vous disais qu c,est un incada@le- Je x. De plus tombe aux gen@u @. ris des articles, je vis s tout ici, je gère les biens, J'éc fai pourdeux- n et, de ce fait, pour se laisser Elle baisse le to se rapproche de moi. Sa poitrine miracu- &muter, ppée aux pyr@rnanies du cousin me leusement @ha x cornes du même e cornn-ie aeu frôle d'abondanc norn-. re, que ce n'est pas lui tn a Qui vous dit, co rnss 1 mn-ie il est, ce qui a trucidé l'aini Clotaire? JQIoux CO n forêt le je suis allée e 'l assure que pédant! Bon,. , lus, mais possible après 4 avril; ne. m'en souvenais P drier d s la tête, ai 1 as avec un calen an tout; ne v s. P e ui où e consigne mes époques, bien assez de. c 1. pée, cela réfuterai pas le fait davantage, rne suis tram s. mais arrive à tout le monde t surt ut aux innoccnt e 0 s dit e, aigri, bilieux, sadique, qu' vOu lui, l'affreux tYP... . ensuite, bouillonnant 1 e? Et is 9 C'EST POUR OFFRIR 67 nrnissaire'. e n'accuse pas, je suggère- Nuance, ce me contente Lui rn'accuse au petit bonheur, MOI, je heinq N,est-ce mais, après tout, de vous objecter s ayez te qui a pondu I'oeuf? E @ pas la poule qui chan CI it dans l'après-mi i du ce qu'il a fa Christie, donc de savoir ous d'Agatha 4 avril, très cher. Inst)irez-v ru S e la souveraine., la géniale, la d ide s du Agathal ez-vous auir)rès des donies- policier. Renseign roman . voisins, des g rdes-chasses, cette engeance iste pas plus fouineurs ns-nous été surpris sur. le ue je lui taillais une pop' n chêne, tandis que les grégorien @utour lent en . nt cians le s frissonnais issaire9 est-ce pas, cornrn age que ces gens du ils ne ivent pas, mais leurs PrO. pres liv,7es; le SI en eurent des 0 acadér dem 'Is d r,@ si comblés, 1 Et cer écrivait r! Cou faire chier les pourra renonce- ernent sa vie autres, c'est assez Pour accon'Pli de c nquête n -. leur 0 professionnelle; mais no ils sont de n'est pas calmé . pour autant. triguent pour e il nt le Nobel ale res l'Acadérni , s guigne te toujours Une rornotion soCl être rnillistres- p continuer J'escalier. Et I? une simple marche, il faut héon. late-forrne terninale? Le Pant c'est quoi, la p u'en pensez-vous? urdrenant, madame, Une plaque de rue? Q je pense qu'il est s - t avec Clotaire de qu'ayant eu un rendez-VOUS galan 'nat, vous Bruyère quelques instants avant son assassi rrné la police. . n'en ayez Pas info lui choit dessus, bien froide, poum! La douche bien drue. quoi? Sans arnénité. Je Elle rne regarde sans tu sais 68 TIRE-MEN DEUX, la dérange, je l'agace, il y a un début de haine dans sa prunelle. 1 - Mais bon Dieu, commissaire, que j aie sucé M. de Bruyère avant son décès n'a aucune impor- tance. Vous me voyez, aux assises, racontant la chose devant tous les chroniqueurs de France et de Navarre? - Madame, réponds-je, personne en ce monde n'est dispensé de dire la Vérité, toute la Vérité et rien que la Vérité. N'importe les conséquences. - Tout de même... - Non, madame. Pas tout de même. On s'affronte carrément, z'ceils dans z'yeux, sans se lâcher du regard. C'est elle qui flanche la première. - Au moment où ce cliché a été pris, aviez-vous déjà accordé à Bruyère les faveurs qu'il attendait de vous? - Oui, je venais tout juste de me relever. - Le petit photographe a tiré son cliché, et ensuite? - Il a ramassé son matériel et a poursuivi son chemin. - Et ensuite? - J'ai pris congé de Clotaire. - Immédiatement? - Presque. - Où se trouvait son cheval? - Attaché à la branche basse d'un arbre, à une centaine de mètres. Clotaire s'éloignait de la bête pour ne pas être vu d'elle au cours de nos... effusions. Il prétendait que sa monture avait un regard humain qui le troublait et l'empêchait de jouir convenable- ment. - Et votre voiture? - Je l'avais remisée à l'intersection de deux allées cavalières, sur un petit terre-plein réservé à cet usage. CEST POUR OFFRIR 69 - Vous êtes rentrée directement ici? - Pas ici, je me suis rendue chez les Tan'va la Cruchalaud, à une dizaine de kilornètres. - Vous y étiez attendue? - Pour le thé. - Et votre mari? - Non, pas lui. Adolphe est un ours. - Si j'en crois vos exquis penchants, madame, cet ours ne peut se plaindre d'être mal léché. A quelle heure êtes-vous arrivée chez vos voisins? - Si vous croyez que je m'en souviens. - Il le faudra bien, pourtant. - Disons, autour de 16 heures. - C'est-à-dire après le décès du comte, puisque sa mort se situe entre 15 et 16 heures. Le photographe excepté, vous n'avez remarqué personne dans cette partie de la forêt, soit avant, soit après votre rendez- vous? - Personne, si ce n'est un groupe de cavaliers sous la conduite d'un moniteur, avant l'arrivée de Clotaire. Ils fonçaient au galop en direction d'Or- léans. - Vous connaissiez Gaspard d'Alacont? - De nom, Clotaire nous en parlait parfois, pour se lamenter; c'était un homme rigor-iste et cet élément trouble de la famille l'empêchait de dormir. - Mais vous ne l'avez jamais rencontré? - Au grand jamais. Cela dit, j'e ne partageais pas les sentiments de Clotaire à son sujet. Les temps évoluent et il est bon que les Grandes Familles possèdent leurs loubars, elles aussi. La plèbe n'a pas l'exclusivité de la délinquance, que diantre! Je fais quelques pas mélancos autour de la donzelle. Voilà que je M'ennuie. S'il y a une chose dont j'ai horreur, c'est des interrogatoires classiques (à la Agaga Christie, justement). Le côté : " Que faisiez-vous, le 4 avril 1976 entre 15 et 16 heures? " TIRE-M,EN DEUX, 70 nle coupe l'élan. T'as un individu en face de toi, tu le suspectes, il le sait. Tu lui poses des questions pour tenter de le coller, lui, te fait des réponses pour te é t souris; l'horreur, Je préfère tant d samorcer. Chat e tellement y aller franco, bille en tête. Finasser, C'est bon pour les viceloques- Je sais des collègues à moi qui font cela très bien et qui mouillent leur kangou- rou du panard que ça leur procure. Moi, ce que je -là ressemble à de la honte. ressens dans ces instants é radant, je trouve J'ai honte d'inquisiter. C'est d g Elle suit attentivement mon déplacement circu- laire. Tout est calme. On entend chanter un coq dans la basse-cour. ]Le " cousin " pinaud du Treuil du Naninana s'est assoupi entre les bras d'un fauteuil Louis XV - hélas (dans mes appréciations rnobi- 1 beurg, le Louis XV-hélas, le hères, j'ai le Louis X V- chier, le Chartes X- Louis XVi-pouâh, l'Empire-à- brrff, le Napoléon 111-braniette). Cette fol- ie me pose la question suivante: " é Clotaire de Bruyère? " Je me la lingue a-t-elle tu . ce. La réponse rne vient, pose en mon âme et conscien 1 formelle : " Non! " on, je ne peux l'imagi- L'instinct, l'élan intérieur. N oyant le bonhomrne- Tout comme je n'iina- nerfoudr a de ré' ivériser gine pas le pauvre G spard en traln vo so parent. ate9 Et Adolphe de Mouillechagl Pas pareil. Possible. Il a la gueuie à commettre i y compris une action héroïque. Il n'importe quo ' ' 1 rr peut être le Dr Petiot aussi bien q.ue l'abbé P'e e. Il est de ces gens qui se conservent pour leur usage personnel et qui n'hésitent pas à se mettre à contribution lorsqu 'ils estiment que besoin est. il joue les foufous pour unissonner avec sa mégère, ça sonne faux. mais chez lui madame, ensuite je - Une dernière question, ,vous ficherai la paix. Lors de votre dernière ren- CEST POUR OFFRIR 71 contre (car vous êtes l'ultime personne à avoir vu Bruyère vivant si l'on excepte son assassin) avez-vous remarqué quelque chose d'anormal dans le com- portement de votre ami? Elle s'apaise, comme le grand vent quand vient la petite pluie que tu sais. Son pittoresque laisse place à du souci. Du vrai souci, qui transforme le front en accordéon. - Eh bien, je ne sais si je fais bien de vous le dire, mais je vais vous le dire tout de même. Elle prend une ponctuation. Clotaire était très préoccupé par un singulier travail de traduction qui lui avait été confié. - Quel genre? - Un document en provenance de Chine qu'un journaliste français avait découvert lors d'un repor- tage à Pékin. Ce garçon, qui faisait partie d'une Agence de Presse, accompagnait là-bas notre ministre de la Mécanographie. Il a acheté, chez un antiquaire - car, contrairement à ce que le public français s'imagine, il existe des antiquaires en Chine - un vase extrêmement ancien, de l'époque Pôv Kon. Las, la précieuse potiche s'est brisée pendant le de retour et notre journaliste a alors e voyage u la surprise de découvrir un parchemin que l'on avait caché dans le fond du vase en coulant du plâtre par- dessus. Intrigué, il s'est mis en quête d'un traducteur, a montré sa trouvaille au maître d'hôtel d'un restaurant chinois où il fréquentait. L'homme a été incapable de lire le texte. Notre journaliste obstiné a fini par aboutir chez Clotaire. Pi.naud s'étouffe en dormant, il émet à plusieurs reprises le cri d'un embrayage naze que l'on sollicite pour rétrograder. - En quoi ce fameux parchemin préoccupait-il tellement M. de Bruyère? demandé-je à bon escient. D'abord, explique M'e de Mouillechaglate, 72 TIRE-MEN DEUX, parce qu'il avait un mal fou à le traduire, ensuite parce que plusieurs correspondants anonymes lui ont téléphoné pour s'enquérir de l'avancement de ses travaux. - Qu'appelez-vous des correspondants anony- mes? - Des gens qui lui proposaient de très fortes sommes d'argent pour qu'il leur accorde l@exclusivité de la traduction. Et le document en question était relatif à quoi? yère, il - Eh bien, selon les confïdences de Bru traitait d'une découverte susceptible de changer la face du monde. Il s'agissait d'une espèce d'arr@le absolue, Et un tel texte était rédigé dans un dialecte perdu de Chine? Sidonie hausse ses gracieuses épaules. - Que vous répondre? Je n'en sais pas plus long que ce que je viens de vous dire. - Bruyère vous a dit le nom du journaliste qui a découvert ce mystérieux parchemin? - Non, et me l'aurait-il dit, je l'aurais oublié. - Au moment de sa mort, avait-il terminé son décryptage? - Je l'ignore. - Que sont devenus les gens qui le servaient? - Eh bien, il n'avait plus que deux personnes, une toute vieille femme, Marie Tournelle qui je crois bien lui avait servi de nourrice, et le fils de celle-ci, un grand gars un peu jobastre, mi-palefrenier mi- jardinier, et valet de chambre d'occasion, Henri. Depuis qu'il vivait séparé de son épouse, Clotaire ne quittait plus sa bibliothèque, il avait aménagé une chambre dans la pièce contiguë. Elle se tait, regarde dormir cousin César lequel CEST POUR OFFRIR 73 sourit aux anges folâtres Peuplant son chétif sommeil décadant. C'est un être d'une douceur exquise, n'est-ce pas? demande-t-elle en le désignant. Et de s'approcher de lui Pour, doucement, câline- ment, flatter d'une main de velours la braguette flasque du bonhomme. J'en profite pour partir à la recherche d'Adolphe. Le larbin m'a@prend que Monsieur est Parti comme un fou au volant de sa Roils immaculée (et immatri- culée) en parlant d'avocat et de séparation de corps. - C'est un jaloux? lui demandé-je à brûle-pour- point, malgré qu'il ne soit que valet. Le cher garçon sourit avec l'air d'en avoir deux, ce que je lui souhaite tout ce qu'il y a de volontiers. - Pensez-vous, il est parfaitement au courant des fantaisies de Madame. Il sait bien que Madame lui est fidèle et que si elle fait des Pipes à droite et à gauche, c'est par marotte de collectionneur; mais que ça ne va pas plus loin. Madame a des apparences frivoles, un parier quelque peu relâché, des attitudes parfois équivoques, mais Madame est une famine sérieuse. Si elle suce beaucoup, c'est uniquement par gourmandise, voire simplement par curiosité. - Et Monsieur? Le valet prend son air le Plus simiesque. Matois et torve, un air de maquignon normand qui va te fourguer un vieux cheval de labour en t'assurant que c'est un demi-sang. - Ah! Monsieur! Alors là, Monsieur! Je n'en dirais pas autant de lui. Toutes les occasions de tremper lui sont bonnes. Le queutard type. Plusieurs tringlées dans la même journée ne lui font pas peur. C'est beau, à son âge, non? Je l'ai eu vu embroquer sa femme, la mienne et la lingère en une seule après- midi. Chapeau! Vous ne vous rappelez pas ce qu'il faisait ie dimanche 4 avril 1976 entre trois et quatre heures de l'après-midi, par hasard? 'il était en train de - Oh, si, monsieur. Je pense qu tuer le comte de Bruyère. AUTOPSIE D'UN COUP DE FOUDRE L'auberge Saint-Hubert, à La Celle-Tontaine, Loi- ret. C'est une bâtisse tout en longueur, prolongée par des écuries désaffect&s qui, maintenant, servent de remises à voitures. Deux salles en enfilade, de petites dimensions, dont la plus vaste comporte une cheminée de briques surmontée d'une tronche de cerf. Les murs sont recouverts d'une indienne fatiguée, dans les tons gris. Le mobilier est rustique, des cuivres conventionnels miroitent dans des pénombres et les fenêtres à petits carreaux sont munis de rideaux bonne-femme à carreaux plus petits encore. Une patronne jeune et dolente, un chef jeune et courageux, virilisé d'une solide moustache blonde. Une serveuse dodue à I'oeil cochon. On s'installe, la Pine et moi, on commande une assiette de cochonnailles et du vin rouge frais. Et puis on dit comme ça à la dolente taulière qu'on raffolerait parier au dénommé Henri Toumelle, lequel, selon la rumeur publique, travaillerait à J'auberge. La personne à qui je m'adresse est un poil lymphatique, blêmasse, bouffie sous les 'prunelles, comme une qui a trop baisé sans jouir, trop joui sans 76 TIRE-M'EN DEUX, baiser, de l'albumine, passé la nuit à fumer, un taux historique de cholestérol, voyagé dans un train ignonne, yougoslave, trop bouffé de fondue bourgu' ienne. des règles douloureuses, une maman cartomanc' la cervelle horizontale, une chiée de grossesses inabouties, de l'insuffisance hormonale, raté son certificat d'études primaires, pris trop de somnifère, la flemme, l'intention de ne pas avoir d'intention, le passé devant soi, l'avenir derrière soi, un père alcoolique, les canaux lacrymaux obstrués, jamais lu mes livres. Elle tente désespérément de comprendre ce qu'un homme comme moi peut avoir à dire à un homme comme Henri Tournelle, n'y parvient pas, y renonce, demande à Paulette, la serveuse, d'aller chercher Riri. Ladite part quérir ledit. Le chef à moustache se pointe avec ses cochonnailles. Lui, il est tout heureux d'exister, de se dépenser, d'avoir une auberge, une bonne femme ravagée par tout ce que j'ai énuméré quelques lignes plus avant, et un Il dans le Gault et Millau sur la Sologne. Tout lui est pied, comme dirait s' joliment Madame Paris (comtesse doe, reine de France par effort d'imagination). Il parle et corne d'abondance. Dit que son cochon est le meilleur de Sologne, son vin le plus fameux de Loire. Sa cuisine la plus courue à deux cents mètres à la ronde, tout ça, et d'autres choses enthousiastes, bien joyeuses, tonifiantes ô combien. Tout joyce qu'il est d'avoir tringlé Madeleine, cette noye pendant son 'l et f éc sommel ilé sa main au r haud de la servante, pour dire de se faire un doigté avant les feuilletages. Et alors, bon, Henri s'annonce, tout intimidé, humide d'inquiétude, de qu'est-ce-c'est-c'type-qui- Il soutirait du pinard à la cave. Y'a des traînées d'mande-après-moi-cré-bon-gu? odoriférantes sur son gros tablier bleu. C'est un bon gars, Riri, ça se voit de loin, comme le Sacré-Coeur. CEST POUR OFFRIR 77 Le sourire emprunté et ja ais rendu, e gsaaintqui rn 1 re rd de cherche à se vouer, une belle expression pour vitrail, si on vitraillait des saints très colis. Je lui tends la main, il s'assure qu'il n'y a rien dedans et la serre. Vous Permettez que ie bavarde un peu avec votre employé? je demande au chef Pour le coup, il rembrunit, le Gaulois. Appréciant tout, il sait la valeur de tout. Chiffre déjà dans la colonne du manque à gagner les minutes perdues par son ernployé, à cause de moi. - 'Vous le connaissiez? s'inforrne-t-il. Je lui montre ma carte. Là, il a le sursaut salutaire, c u qui fait oublier es préo upances s onda res. e' ' 1 cc ec Une carte de flic, ça n'impressionne plus que les honnêtes gens de province. Sinon ça fait marrer les VoYous et rechigner les intellectuels. 1-ui, il est de la catég,,,ie qui se laisse encore intimider. Des idées noires lui ad illent la gamberge. esc r Quoi, qu'est-ce à dire? Les poulets après Riri? Le gi e pot g ? valet serait-il un douteux? Un bi r de a e Traînerait-il un casier judiciaire e ong de s casiers à bouteilles? Oh là! Oh là là! se Je le rassure. Henri Tournelle a servi chez M. de Bruyère, qui mourut assassiné en 76. Un complément d'en- quête a été ordonné et j'ai besoin de réentendre son témoignage. Mais ça ne lui dissipe pas pour autant les sou ns au bergiste. PÇO - Riri aurait-il trempé dans 1, affaire? - Grand Dieu non, mais... Et alors, tu sais pas? Oh! non, attends que j'é, use mon verre. Voilà, il est bon. Du Bourgueil, je le raffole ce panard. il a un goût de France peinarde, pas bileuse. 78 TIRE-MEN DEUX, Imagine-toi qu'au moment où le chef de mous- tache demande " Riri aurait-il trempé dans l'af- faire "? l'intéressé se rend intéressant puisqu'il s'en- fuit en courant. Tu me crois pas? Demande à Pinaud! Hein, Pinuche, que le gars se sauve a gorge déployée? Ah! tu vois! Et César, tu peux le croire: il est incapable de mentir quand il ne s'ag,t pas de iui. Ce que je fais alors? Je vais t'y dire. Auparavant on va passer une page de publicité. Un événement dans la presse française " LE MONDE " Le plus à droite des journaux de gauche. Le plus à gauche des journaux de droite. Son élite! Son Poirot. Son Delpech. Son Baroncelli. Son Escarpit. Ses pages couleurs. En vente dans le monde entier, y compris en France métropolitaine. Donc, Riri détaie. Ce qui est absolument, rigoureusement, extrême- ment inattendu. Et qui ne laisse pas de rne plonger dans la perplexité. Bien sûr, je rebuffe la table, renversant la bouteille de Bourgueil sur la nappe à petits carreaux. Traverse la salle au pas de décharge (tant tellement je vais vite). Et qu'aspers-je? Le valet de cave qui court comme un qui a des ratés en direction de la forêt ambiante. CEST POUR OFFRIR 79 Vais-je le poursuivre? Son avance n'est pas telle qu'elle ne puisse être combiée, comme on dit puis dans les faubourgs Parisiens. Mais m i, crois-M e 0 Oi Ou non, i n ai pas cour 0 6 envie de galoper derrière lui. Questi n de dignit . Le ser dans J'espoir de lui Placer un placage, de l'emparer par le collet, de le h' ouspiller d'importance Pour l'obliger à révéler les raisons de sa fuite, voilà qui me paraît sot, vain et dérisoire. Tout ce dont je rne contente C'est de crier: " Tournelle! vous êtes complètement idiot ! " Mais il ne stoppe pas pour autant. Songeur, - on le serait témoin - je retourne à l'auberge OU Pinaud grignote des comichons pendant que le taulier lui fait part de ses éberluements. - Alors? me demande ce demier, à moi qui suià le premier. Riri serait l'assassin? - Pourquoi? - Mais... la manière dont il S'est enfui en apprenant que vous étiez de la police? C'est son Problème, assuré-je en piochant une côte de porc. est surpris de me trouver dans de telles disposi- tions d'esprit. Et moi, je gamberge à l'événement, et je me dis que, franchement, ie ne le crois pas coupable, le gars Riri. C'est systématique chez moi, hein? D'Alacont, la M uillechagiate, Tou e 1 1 C & 0 rnelle... J es b an hi d'ins- tinct, sur leurs mines. Et pourtant, la suspicion plane sur eux comme des condors de la cordelière des Andes sur un accident de la route. Moi, souvent, tu remarqueras : plus un gonzie]r paraît mouillé, mieux j , ai tendance à le blanchir. Le procédé Agaga que causait la Mouillech@glate, quoi! Le chef regarde sa bonne femme qu'on paraît avoir fait bouillir dans un court-bouillon auX poireaux. 80 TIRE-M'EN DEUX, - Non, mais tu te rends compte, Mado? Nous avions engagé un criminel! Mado ne se rend compte de rien. Boire des cafés 1 au lait et faire des additions, c'est tout ce dont elle peut. Hormis, elle stagne comme une vache crevée dans un étang. - Dites, monsieur IC coriimissaire, cette histoire ne va pas nous valoir d'ennuis, j'espère? Tournelle C Ct n'est chez nous que depuis huit mois, vous sav z, on n'a jamais rien eu à lui reprocher... - J'en suis persuadé. Il a toujours sa mère? - oui, mais elle est impotente dans une maison de retraite d'Orléans : " Le Coucher du Soleil ". Je cesse de m'intéresser à l'homme en blanc elaise à la manche (excepté une tache de sauce bord droite). Si bien que, indécis et troublé, il se rapatrie dans ses cuistances- La Mado se remet la bride du soutien-chose en place. Elle a des points noirs sur le m le sert dans la vie. J'aitne pif. i e demande à quoi el bien attribuer une utilité aux gens, même vague et menue, pour dire de rne les justifier. Elle, je parviens pas à lui trouver un brin d occupe. Elle est là, hautement végétative, plus végétale qu'animale, plante en pot, mais pas ornementa Ça se traîne, ces le. trucs-là. C'est négatif, improbable. mais cela occupe un volume, consomme de l'air et des calories pour rien restituer à la p ace, pas même un regard. un sourire, un que conqùe sentiment. Elle pourrait servir de trou, mais 1 à qui? Le taulier l'a ramassée en passant sa vie. Elle a su l'accrocher, parler à quelque chose de mystérieux qui est dans la gamberge du bonhomme. Et puis bon, elle est là, auberge Saint- Hubert à la Celle-Tontaine, et faudrait écrire un livre sur elle, la Mado. Un gros book plein de péripéties 1 intérieures, une vachetement copieuse biographie, plus riche que Iles à victor Hugo, Napoléon, C,C m nstre bouquin qui la contiendrait Hitler, un 0 C'EST POUR OFFRIR 81 extrêtnernent toute, Madeleine, avec ses points noirs, sa peau blette, ses prunelles éteintes, son cycle perturbé, sa rn 0 Faust), s Or se connerie en stagnati n (de a caisse, son tricot, des trucs rao incertains, ce Rien qu'elle est issue, Mado- Floue et mpants, morte d'avance. Un être qui vaut pas la peine. Qu'est nul, qu'est là. Qui regarde sans voir, qui mange sans saveur. Qui pisse aux @soins. Graine crétine inabou- tie. Manque à vivre. Inféconde. Et pourtant à considérer comme existante, donc sacralisée par le phénomène vie. Oh! oui, cette biographie de Made- leine Moulfoi, je la sens me venir à bout de plume, toute, magistrale, glorieuse, plantée à la face de ses contemporains. Cinq cents pages, huit cents, peut- E M @ - être? Papier bible. léïadel Madeleine ou ol c'est tout. Simple, terrible : Madeleine MouYol. Et puis tout dire, rien rater, l'à quel point qu'elle est peu, mais qu'elle est pourtant. Sa formidable insigni fiance. Son inertie haut voltage. Histoire de truc épavique, qu'on avait pas besoin, personne, pas mème le connard à moustache et ris de veau aux pointes d'asperges. Et puis qui se tr uve parmi nous, emmiraciée de gris, suintante, je 0 probabilise, ça, sûrement suintante. Ces machins-là, ça ne fait pas de bruit, ça fait des taches. Pas des larges, pas des très marquantes : des taches évasives, les pires. Des qui font frémir. Qui donnent à penser.. Suinteries de monstre. Mademeine Mouyot; tu vois, ça y est, je pars à l'écrire. Adieu polar, policerie de merde, action, coups de théâtre de Trafalgar Square. Adieu, l'assassinat du comte de Br@uyère, la Mouillechaglate bien suceuse, le Riri tordu qu'enfuit à ma vue. Et d'Alacont dans sa cellule. Je ferme mon épicerie. Je préviens mon aimable clientèle de chiasse : doréna- voche, il n'y aura plus de livraison de livres. L'Antonio entreprend son oeuvre, la vraie très belle qu'on attendait, le monde entier, en retenant son TIRE-M'EN DEUX, 82 ine Moulfoi. Pendant file. il écrit la vie de Madele la peine sou n-iois il sera hors circuit, l'A@toine, pas rr,er de@ ntacter- Zabonnes absents, Cou n e de vouloir le co itaillera en sile c , en souffranc@. La Félicie le rav m oin de pas poser ses Pied@-rna an sur prenant gran@ s e Mado MoulfoI, la le feuillets épars bourrés d n oi, ligne à li@e racontant bien so t se son D nce toute-ni, issante entaire, a rl- lc>terie qui donne à chanceler. La ofonde, obsc re, d'un être tellement ain d lune telle quelcon- à l,écrire, la vie édifiante . Je te di ado l'infime. Elle Me Mado l'il e la veux héroïne. transporte, tn Mouffol- Je Vois la Huit cents, mi cornrnak, couverture d 1 ibrairi@ s pacsifs se voye près de la c,@ - points bien. Et sa 9 adeleine noirs, peau E rco, C. Cette moulfol! So ino Hubert à fernrne si va s voiume I,a Celle-Tontai (Loiret). niver@ ja Mado? ( réel dans 1'u ,)Iis ne baignoire au: sais. Tu rem. pa te choisis bien rectangulaire, . s tu calcules le volume . de la_flotte (lon@@ ,Zeur x hauteur). Ensui!e. lianques.Ma(l@ rgée cornpiei@ bouge pas tisane, imme fois t'as juste r 'adules le nouveau Tu ec es le premier . enç la hauteur a mesurer), - le @volume à du second, et alors là, e près, coin- en son vo .Iurne exact, dire ut rn'inté- tien ssioni plan, Je e P Ah! je Tu la la vie, r x lar- dans la CEST POUR OFFRIR 83 moletage. Et ensuite, à b . out de contemplation fascinée, je te le raconterais en termes surchoix, sélectionnés à vif, entièrement créi--s par moi : zob aux Larousse, Littré, Robert. Le santonien moderne. Intégral, taillé dans la masse à la demande. Tu saurais son plus fou cheveu fou sur sa nuque dégueulatoire. Les pores de sa peau. La manière qu'elle tournera crocodile, le temps poussant. Faut aimer l'homme pour qu'il te vienne des envies pareilles, te le dis! Le vouloir absolu. L'à tout jamais sanctifier, l'envénérer de toutes parts. Que sa gloire rayonne en Madeleine Moulfol. A travers les siècles et les cercles, par-dessus les galaxies à Gueulderaik, le robot penchant. L'homme qui se désengendre doucettement. S'inabout't d'une génération l'autre. Mado, chrysalide de nullité. Ultime représentation discernable entre pas grand-chose et rien du tout. Gloire à Mado Moulfol, elle m'excite, cette gon- zesse. A ce point non avenue, si proche de l'abstrac- tion; si dépouillée de la panoplie humaine! Oui - gloire à sa stupéfiante inertie intellectuelle; à son quasi-effacement physique. Huit cents, mille pages sur le phénomène de la présence absente. Madeleine Moulfol. Deux mots à immortaliser. Qui feront bloc dans nos futurs en dégringolade. Madeleine Moulfol parmi nous, fumée d'être, ectoplasme incertain, projet d'annulation complète. Prions pour elle, pour, la réussite de mon livre. Amen. Elle se remet la bride soutiengorgeale en place, ai- je dit avant que de partir en déconnage contrôlé. Son regard est tout vaporeux mais un peu gluant cependant, à l'instar (comm@ on disait à Hollywood) de certains brouillards. Je te jure qu'il me prend envie d'elle. Un féroce besoin d'embroquer cet être tellement évasif. Copuler dans le flasque, dans le mou et l'indolence. Verger TIRE-M'EN DEUX, 84 er l,irnpossible@ de lui Madame d'importance, tent ur faire arracher un frémissement, voire un soupir (po le pont). r-isâtre, soufflée Je lui souris. Elle reste luni . fiée, g comme ces champignons qui, ne sont même pas ,vénéneux. L'es@ce " vesse (le loup ". Frais, c'est de la barbe à papa. Vassé, c'est une aurnônière à soufre'. , . n in ê se On bouffe en sile ce, Pinuche et oi.. il r vas a ouillechaglate. ie le sais. Un vieux sa cousine de M tendeur, Pinucbe. Il ressemble à un cintre à. habit de f- , m is tour la bricole, il il de fer noir, a teinturerie, en. japper un t 1)ointant, ie Débris. Toujours Prêt à c es illo biscornu dans les frifri ou à fourrer son cigar . orifesses à dispose. Un 'Vieux bandant, branlocheur. f mine de rien. Pas la verte tringlée que Gentil, e ficace 1 cavalleria Rustirana, la baise héroïque. brosse non! il a pas e. Il ,est point son stvie, au vieux crocodil c r dans le façon' inuche- 1 est g av ss u pèlerin, LaP 1 r 1 e coït, chi va piano va longtemps. Rien du fourreur ,élit , à la Bé qui lime en trombe, en trompe. 1-ui, ru d e 1 s. alpenstock, passe- . te @vec sac a do c'est la poin mpette méthodique. Les dames montagne. La cra n d'un âge aiment bien. Il voit venir son pa ard, le e distingue dans les lointains de la lonche- Birbe, 1 après COUP Alors il part à sa conquête, coup de rein de rein, la tête en avant, façon gargouille. Il est gothique dans l'arnour, mon pote- N@us achevons notre seconde boutanche de Bourgueil lorsque le élé e Moulfol acco plit alors t phone sonn - La Mado m une chose inouise : elle décroche et dit " AIIO " d'une voix bellement mourante. Elle écoute un instant, et moi, tu sais quoi? Je me lève déjà et la rejoins à sa que mon cent seizi e sens ' 'a averti caisse parce èrn M que c'était pour mol, ce turtu. Faut dire que je (de Sécession) tubophoné attendais, ayant naguère à Bérurier our lui demander un petit turbin en p l'enquête. Que, _itôt obtenu le ren- rapport avec CEST POUR OFFRIR 85 seignement, il devait m'appeler à l'auberge Saint- Hubert dont je connaissais déjà ü'adore charabiater, ça repose). Et c'est bel et bien Alexandre-Benoît. La bouche pleine. Des rots à répétition, pas ses tout grands qui font sursauter les foules, mais des biens secs, plutôt ire? ponctuateurs si tu vois ce que je veux d Bon, j'ai parvenu à savoir qui qu'c'tait que cjournaliss qu'avait été en Chine av'c le miniss, en 76. T'as de quoi noter? -e M - Vous permettez? dis-je à M oulfol, immo- bile à sa mignonne caisse. Je contourne la cage en bois travaillé, panneaux serviette, siouplaît, pour une auberge, cela va de soi. Me voici tout contre Mado, superbe derrière sa voilette de points noirs. Je biche son bloc à additions, son crayon qui dansotte au bout d'un ressort fixé à un socle. Elle me laisse faire. u es belle! lui dis-je à l'oreille. T Elle a un léger, un infime vacillement. Là-bas, le Gravos mastique en virgulant des renvois contre remboursement. - T'es paré à la manoeuv', Mec? - Je t'écoute. - C't'un photographe de l'Agence Bêta. Y' s'ap- pelle Léon de Hurlevon. 1 - Encore un particulé,,,gouaillb-je, on s'exp ique dans la noblesse, décidément, avec cette histoire. - Le gazier en question habite 601, rue de Passy. Tu veux son bigophone? Pendant que tu as la bouche ouverte... Il me le donne, j'inscris. Repose le crayon qui recommence à trépigner bout d'une ligne. Ma sinistre comme un goujon au n gauche étant lib r e, je la pose sur le genou à ma Mado. Elle la regarde, comme si ça l'intriguait, ce TIRE-M'EN DEt, ?X, 86 demandant pourquoi cette main geste hardi -, se étrangère fait escale sur son genc)u, nole, sous la - 'Va faire un tour jusqu'à ma bag tre-ViDgt- remise, lui souri é-je, je te rejoins dans qua 'l dix secondes. e e e ? Elle ne bronche pas, m,a-t-elle entendu s ul m nt . me prend de lui parler ainsi, à cette Et qu'est-ce qu' te demande. truie malad", je a ilâ-quoi-nierde " dans Le Gravos cl me des " A son téléfon. éru, lui dis-je, tu vas essaver de Ecoute, B -Tu ul le photographe de presse. 1 1 rencontrer ce mec, qu'il avait demander s s,il a r cup r le document a é é é rnte de Bruyère. Si oui, à remis pour décryptage au c 1 e @ teneur du teyte- 'ru as quel moment, et égal ment ia bien compris? 1 rétorque le Mastar. Quand t'est-ce yes, soeur - e donnerai le résultat? que c'est qu'i't i à ton doiniciie dans la soirée. je passera jockey! Lorsque je raccroche, je m'aperçois que la taulière 'est esbignée. Sûrement Pour aller raconter mes s re de bonnes fernrnes se privautés à on n ri. Ce gen s a si tu es de tempérament. plaint (ou se plaignent 1 éc 0 e des aubaines qui eur h i nt- plurielliste) toujours uelle mouche tsé-tsé l'a Pinaud, dont j'ignore q oudes stir la table, son piqué, roupille, les deux c sur sa face chapeau dagobertien incliné bas d- d'ombres. Car Pinuche est un homme ombre, comme Béru en est un de iumière- J'avise le chef en conversf.' avec des clilles nouveau- venus : un couple P.-D.G.-secrétaire, lui dans la force la force. ils sont guillerets e e 0 e bouffe, d l'âge, lie.dans l'âge de 1 des perspectives qui s'ouvrent à eux : b nn ensuite ils rentreront chez eu, avec la bonne baise, ccompli. Eicore un coup 1 1 satisfaction de j,adultère a tiré que les Allemands n'auront Pas! CEST POUR OFFRIR 87 Pour lors, il me naît un doute et je quitte la salle à manger pour me rendre au parkinge. Crois-moi ou cours te faire aimer par les Grecs, mais la tenancière est dans ma chignole. Elle attend, docile, confîante, prête. Je lui prends place auprès. Heureusement, le volant est réglable dans ma tire et ' je peux le placer en position basse, ce qui me laisse pl@s de latitude pour lui montrer ma longitude, si le cas echéait. Pourquoi que vous m'avez demandé de venir? s'inquiète Madeleine Moulfol. Et quel tort j'ai d'employer le verbe s'inquiéter, car est plus ser' Je la mate. De trois quarts elle est moins possible que de face, cette morue. On s'aperçoit mieux de son manque à plaire. Elle commence à bouffir des contours. Elle suife des joues. Y'a du ganglion en instance dans son cou. Les pores de sa peau sont autant de cratères d'où peut jaillir l'Apocalypse. Je lui aurai fait un sort, hein, dans ce polar de chiotte. Elle m'obsède, me fascine. J'en reveux. Ne peux plus me passer d'elle. C'est le coup de foudre, par le petit bout de la lorgnette, la fascination par l'horreur. Je vais lui consacrer ma vie, ce qui reste, déposer mon reliquat de durée à ses pieds, lu' en faire un trône, Mado. Sa fade odeur de femme fadasse me flanque le toumis. Je lui pose un bras sur l'épaule. L'attire contre moi. Elle résiste pas. Ne résistera jamais, a rien. Défense passive, ou plutôt, défense par passivité. Je lui virgule mon autre main au flipper. J'en aurais une troisième, elle plongerait dans son bustier, tripoter sa moliasse. Elle se laisse manoeuvrer, en grande dolence consentante mais surprise. Mais qu'est-ce vous voulez? elle me susurre. rien n acquiesceur. in que sa question, ou plus Je la raffole, cette truie putride. Elle m'emporte aux sens. Me chavire complet. Je lui roule une galoche. Sa bouche a le goût de rien. C'est tiède, c'est sans saveur la moindre. Tu peux lu' titiller la menteuse, elle est pas hébergeante, Moulfol Madeleine, y'a aucune répondance. Elle laisse flotter. Je lui demande de s'avancer, que je place son dossier en position horizontale. Elle empresse. Bon, je la renverse, elle se laisse bricoler, que simplement, elle s'inquiète d'à quoi je veux en venir. Elle comprend pas bien mon micmac. Tout ce circus, elle en distingue mal la finalité. Voudrait un peu piger, pas trop, à son rythme quoi, à sa botte. 0 joie de la découverte' Réco téméraire : son collant n'es mpense de l'explorateur énagé sur sa face sud, t pas hermétique. Y'a un orifice admirabiernent am capable de béer quand on l'exige. mézigue, de calcer ce plat je dois avoir J'air finaud, a chignole. Elle bronche Pas, de nouilles dans M ésor l'arme à la bretelle, Mado- Je lui investis le tr sans tu sais quoi? Barguigner. e savoir'où elle A un moment donné, je la défrim , e sa part, au s, j'espère pas de l'extase d en est. Certe e d'intérêt, juste qu'elle moins une légère marqu ' 1 incipe. Madame contemple le pavil on adhère au pr CI le trouve joli particulière- de rna voiture. Pas qu' le r il est placé dans ment, non : elle le regarde pa ce qu son champ visuel; point à la ligne. el instant, ça Et moi, une telle indifférence à un t me fouette le sang. Je décuple, Les amortisseurs de seuls à réagir. ma tire sont Quand tout est consomm Puis à sortir de rna guinde. Elle me dit: rn lavez dit devenir? Pourquoi que vous Je l'aime. é, je l'aide à se redresser. LES DENTS DE MARIE Quand tu arrives au " Coucher du Soleil ", la maison de retraite OU dame Tournelle a ris ia p sienne, il te vient un bourdon tel que tu serais tenté e de te Praliner le c rvelet Pour t'éviter de devenir vieux. e Helvètes. Une grande masure d'labrée, d'un ocre C'est triste à se Pisser parmi, comme disent les lépreux, avec des volets démantelés. Un jardin non entretenu où quelques bancs achèvent de vermou- ler el) même temps que les pensionnaires, une grille rouillée, une cloche fêlée, beaucoup d'orties, quelques arbres jamais taillés, que des piverts ont transformés en flûtes; et puis des bruits comme on n'en entend nulle part ailleurs, des bruits indéfinis- sables, faiblards, confus, agoniques. Il te semble percevoir des plaintes, d'obscures lamentations qui doivent souiller d'une pièce à'l'autre conune le vent dans une masure aux vitres brisées. Nous sommes accueillis (si l'on ose prétendre) par une forte dame en blouse bleue qui est en trai@n de houspiller un vieillard lus vieux que possible, lequel p s'est oublié dans son culbute, ce qui n'a rien de surprenant pour un homme lui-même oublié par la mort. M'n" Marie Tournellc? C'est pas le jour des visites! elle glapit. 90 TIRE-MEN DEUX, - Pour nous, il n'existe pas de jour de relâche, assuré-je en brandissant mon étemelle brème, heu- reusement plastifiée, parce que pardon, à force d'être manipulée, celle-là, elle ressemblerait à du papier- gogue hors d'usage. La gravosse s'étonne, se replie, mais ne rompt pas. - Elle est " en " réfectoire, objecte-t-elle. - Eh bien, nous allons la rejoindre là-bas. Interdit! , nous ne sommes pas venus Rassurez-vous contrôler les gamelles. Voulez-vous me rappeler oU se situe la salle à manger? - Au fond du couloir, à droite, cède-t-elle, subjuguée pàr mon ton autoritaire, mon regard incisif et mon sourire de camassier à la diète. Ils sont là une vingtaine, au banquet de la vie. Par tables de quatre. Je m'arrête dans l'encadrement de la porte, pris de vertige. Les pauvres chéris, combien misérables, Avant tout, il y a l'odeur. Ça pue le fade, la pisse froide, la harde, le vieux. Avec des gestes tremblés, ils fourchettent maladroitement dans du hachis Parmen- tier, ce con. Les bruits que je te causais un tout petit - Bruits de succion, peu naguère sont lamentables ahanements, onomatopées, chevrotements, chocs flasques des fourchettes dans la purée. Certains é , d'autres essaient de p rler tranglent en mangeant a s à haute et la bouche pleine, d'autres encore rotent 1 intelligible voix. Et puis, de-ci et là s'élève un rire grêle, sans objet. mes de service, blousées de Deux feni ' bleu égale- m u, sermonnant de-ci, don- ent, gardent le troupea nant une calotte de-là, servant l'eau tiède, le pain et les recommandations. CEST POUR OFFRIR 91 Notre intrusion les fait sourciller. - Messieurs? - M" Marie Tournelle, je vous prie. - Ma]S... - Je sa's, mais! Re-brêmouze à convaincre. Alors elles nous dési- gnent une aimable vieillarde enfichurée de noir, à la table du fond. Marie Tou Ile appartien 1 d s vioques- r-Tncas c ux qui t à la partie gui lerette e e g,-ignent de trop d'ans, t'as ceux qui revendiquent du haut de leur âge; et puis t as ceux qui sont contents d'avoir du carat et d'être encore laguche pour voir se lever et se pieu er t le soleil, mettre du sucre dans leur café, lire la bande 0 Riri fait dessinée du journal et rac nter des potins de jadis. partie des joyeux. d andsè yeux bleus, Alors don(j, afin de tè!elne raevene'r,glra m re à pétillants d'allégresse, d'encore gros nichons, un peu de barbe au menton et un sourire édenté qui réussit à ne pas faire vieille sorcière. Je m'annonce comme étant un copain à son fiston. Elle me demande comment il va, et s'il est toujours satisfait de sa place à l'hôtel Saint-Hubert, où, lui a-t-il dit, il brossait la patronne pendant que le taulier " faisait " les halles de Rungis; ce qui me pince au 1 coeur d'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle; mais quoi, il faut savoir imposer silence à ses 1 passions quand on est " en " enquête, non? Qu'autrement ça deviendrait quoi t'est-ce le métier de flic, je vous demande un peu? Marie Tournelle me prend par le bras en gloussant qu'il me faut observer sa voisine de table, car il va se passer du réjouissant à ne pas laisser perdre, cette vieille connasse et ses mines. La personne si-nalée a des manières grand siècle. Elle porte Une robe de satin mauve, un tantisoit ravagée par les décades, garnie de dentelle jaune aux col et poignets. Un face- 92 TIRE-M'EN DEUX, à-main pendouille à son cou, au bout d'une chaî- nette. Elle est mistifrisée serré, fardée avec un maximum de discrétion dans l'outrance. Et elle s applique à garder grand air, la vieille chérie. Ses moindres gestes sont empreints de majesté. Il y a de la reine mère en exil chez cette bonne temme; une décadence de grande allure. ot lère qu'elle mange son Parrnentier dén e La man la suprême classe. D'abord, elle ne mange pas : elle 1 pas les mets, ma's les s alimente. Ne bouffe 1 consomme. Mastique à croque-menu, souris de salon, hautement bêcheuse, méprisante par vocation 0 e me résume le pedigree de la dame : femme d'un consul de France à Odessa, pr fonde. Marie Toumell promu par la suite sous-préfet dans le Cantal, tout ça, elle a gardé l'habitude des fastes républicains, la daronne, des grandes réceptions protocolaires mon- tées : baise-mains, gazouillis de perruche, gestes absolveurs. Tu la verrais, hautaine, dominatrice encore, son éventail à monture d'ivoire posé au long de son couteau, et comment qu'elle en use, entre deux bouchées, froutt-froutt, deux trois petits coups vite faits pour se rafraîchir la gargoule; la ma- nière qu'elle geste sec du poignet, le repliant idem, vzoum... Et le déplie, l'éventail, d'un seul petit puis reprochant dans l'hachis pour porter la becte entre ses lèvres carmines. Chapeau. La classe! Ne regarde personne, ni rien, pas meme son rata grenuleux et vaguement merdique. Perdue en ses pensées, si tu vois? Encore sous les lustres de son passé sous-préfectoral et consulaire (quel con, çui- là!). Qu'en plus de sa b'en élevance congénitale, elle est sourde, la vieille. Archipot! N'entend plus rien d'autre que ses rumeurs personnelles d'autrefois : Rêve de Valse, Madame est servie, et le bruit des cristaux au buffet, quand les larbins passaient le Viandox. CEST POI,'R OFFRIR 93 Marie Toumelle peut donc rne livrer ses réflexions sans se gêner. Vous allez voir on va rigoler! Ne bougez pas, regardez-la bien manger, ça vaudra le coup! Effectivement, au bout de deux nouvelles bou- elle saisit son face-à-main, le dégaine M droite chées, la consule s'immobilise. De sa ain me d'un rnouve- nt identique à celui qu'elle défouraille de J'éven- tail. Et elle mate sa pitance Du bout de la fourchette, elle ménage une espèce d'excavation dans le hachis. Nouvel arrêt, perplexe. Alors, dél'béré- 1 ment, elle engage les dents de sa fourchette vers le qu'elle arrache à sa mélasse féculente ga 0 ie de fond de l'assiette, remonte. Et tu sais qu i? Ce rn vianderies de récupération : fonds d'assiette en tout genre, absous par Moulinex, auxquels le broyeur a donné une nouvelle mission culinaire; tu sais ce qu'elle extrait des parmenteries douteuses, la sous- préfète? Un dentier! Parfaitement : un vieux râtelier aux gencives de caoutchouc, aux dents jaunies comme natures. Elle est là, la chère dame, pétrifiée, monumentalisée par a l'horreur, fascinée aussi, tant son effroi l'emporte ux paroxysmes de la contemplation. Merde, je devrais rire autre chose, tu me f éc ais chier avec tes conneries Policiardes, tout ce talent foutu aux Ordures, et la vie si courte! Ah! Je meurs de moi. Bon, bien, fais pas attention, j'ai mes règles. Je vais Poursuivre, m'enfoncer dans -le coûte que coûte, J'absolument. e gr 1 0 La dadam en satin and duca , son face à p gne, un dentier au bout de la fourchette, si abasourdie p r a sa découverte, chère pauvrette en f'in de course. Branlée aux bonnes façons@ toujours, dè e b ce u s 1 er a nf, promise, tu lui verrais la détresse i mie, tu éclaterais de rire. 94 TIRE-M'EN DEUX, La mère Tournelle lui vient au secours, saisit le ratelier à pleins doigts, se l'enfoume tout empar- mente qu'il est, l'assure de ses index habitués. Voilà, 1 il est remis en place, elle prend un autre visage rigole p lus franc, plus massif. Elle est radieuse. Sa @oisine tourne alors vers elle un regard de quatre-vingt- quinze kilos, bourré de mépris jusqu'au ras des paupières : les inférieures, celles qui soutiennent. Puis se lève et écrie d'une voix neutre de sourdin- gue : " Mon Dieu, pardonnez-leur, car ils ne savent @lus ce qu'ils font ". Toute la tablée se met à pouffer, et puis la salle, par contagion, sans bien savoir, de casquette confiance. Un petit avorton qul a sa enfoncée jusqu aux sourcils, une agresse au fibrome jamais opéré, des hydropiques, des hépatiques, des vieilles chauves, des aveugles, tout le monde, à se claquer les jambes, à rire en postillonnant le hachis tout azimut, à se contenir les blagues à tabac, à s'en fourbir les couilles flasques, à s'en gratter la barbe, et à péter de joie, à roter de bonheur inconscient. La consule se retire, alors une vieille bafreuse opère fissa un échange standard entre son assiette et celle à l'indignée. Gloup! Du rab. Toujours, le monde est en avidité de rab. Vite qu'on crève pour en laisser : les sauterelles. Le grand cycle : bouffer des restes, les asticots, les héritiers confondus dans un même appétit frénéti@que. Par ici la bonne charogne. A moi, j'en reveux! J en ai pas eu mon taf. J'exige mon dû, 1 ! è écart mes droits! La oi La ch re vigilante, eleuse, dépeceuse, charognarde. Prenez et bouffez car ceci est ma putréfaction! Mes résidus. C'est réconfortant, moi je dis, de savoir qu'on va se chicorner un jour pour tes résidus, ton fumier encore tiède. Tu te forges une idée juste de l'homme. Tu abdiques tout orgueil, toute vanité, toute cupidité. On a du mal à s'imaginer l'univers, si minuscule, à quel point il grouille de cloportes. CEST POUR OFFRIR 95 Marie Tournelle, elle Veut d'abord manger sa 1 1 banane avant de parier. Sinon, on a ui barboterait recta. Une tigrée, blette des bouts et si chétive qu'elle ferait pas jouir une communiante. Elle se la déguste avec technique, sa banana, Marie. En expliquant combien qu'il est fortifiant, ce fruit. La v'là gravissimo, soudain. eLa éscanté,eon ne plaisante plus, c'est sérieux, trêve d d onn et de dentier farceur. Vieillir, on a beau dire : bon bois, bonne race, d'accord, mais faut tout de même y mettre du sien. Si tu n'observes pas les règles essentielles, parvenu à l'âge branlant tu y vas du pardingue en sapin. Après la banane, y'a le caoua, mais justement, seloine est tricarde de jus, la gentille vieille, because guignol qui est sur la poulie folle, alors on profite Pour l'embarquer vite fait, au salon voisin, une pièce apte à héberger celles de Sartre- " Huis Clos " au milieu de ces fauteuils d'osier déglingués, de ces plantes vertes languissantes, ça paierait, je te pro- mets. COmme tous les gens âgés, elle n'a que le souci lè d'elle-même, Marie Tournelle. Les prob mes des autres ne la concernent Plus. L'âge fait taire la curiosité entre autres. Qu'on débarque dans sa c@he d'agonisants en goguette ne la surprend pas. C'est comme ça On est là, et puis voilà. Malgré tout, pour la bonne règle, je lui tisse un Petit canevas maison. Journalistes, nous sommes, habitués de i'Auberge Saint-Hubert. On y a fait la connaissance de Riri. Sympathique garçon, en vérité. Spirituel, coeur sur la main, beau, intelligent, et tout et tout, on lui tartine son coeur de mère, à Marie. Lui mouille et remouille la compresse pour s'attirer ses 96 TIPE-MEN DEUX, e fl bienveillances. Not qu son is, maintenant, il est loin de l'asile. Il s'efface doucettement dans ses@ passés, à la brave femme. Il appartient à une autre époque révolue de fond en comble. Et bibi, imperturbable, d'expliquer qu'on va écrire un beau livre SUT l'affaire de Bruyère. Un gros, avec photos, pour bien narrer l'histoire, ses tenants et aboutissants dramatiques. Je la branche sur le feu comte. Là, elle décarre à la manivelle. Au début il se produit des ratés, ça tousse et s'arrête, faut recommencer, y aller dans l'obstina- tion gentille. Pas chialer sur le starter tant que le c@eau est froid. Et puis ça se met à toumer à Peu près rond, en continu. Et ainsi, on obtient le pedigree à M'sieur de Bruyère, tout bien : elle qui lui a servi de nourrice sèche, positivement, avant qu'elle se fasse épouser par Toumelle, le valet d'écurie, mort il y a longtemps d'un grand coup de sabot dans les couilles en soignant une jument rétive. Le petit comte elle le dit bien : bouclé et déjà vicomte, gentil. La manière qu'elle le branlait un peu dans son berceau pour l'endormir, à la mode paysanne d'autrefois, si effi- cace. Et puis il grandit. Il est studieux. Premier partout. Il l'aime comme une seconde maman, sauf qu'un matin, il l'enfile, la Marie, tout de go, tandis qu'elle raccrochait les rideaux de sa chambre, juchée sur un escabeau. Le chéri! Il était en train de potasser un énorme vilain bouquin relatif à la sémantique dans le mongolien moyenâgeux. Elle accrochait ses rideaux. Il est venu par-derrière, lui a filé la main au réchaud, droit direct, si vivement qu'elle est tombée de l'escabeau. Sans se blesser heureusement car elle a pu s'agripper à Clotaire in extremis (un latiniste comme lui, ç'eût été malheureux, merde!). Ensuite, elle a eu beau protester, lui dire que ça n'était pas sérieux, il l'a CEST POUR OFFRIR 97 embroquée de première, sur son plumard vicomtal, errant Une ardeur d'intellectuel surchauffé. Y'a qu'eux pour bien baiser, elle assure, Marie. Si l'intelligence est pas de la partie, tu n'obtiens qu'un coït de taureau. Elle a bien Vu avec son mari, ce con, qui fourrait comme il bouffait, les coudes écartés, en aisant un bruit de pompe dégrenée. Par la suite, il a continué de la tromboner de-ci de- là, sa nounou, pas souvent, une ou deux fois l'an, selon les circonstances. Un type bien, le comte. Un érudit, mais pas maniaque de son savoir, aimant manger et piner, monter à cheval, boire de bons vins. L'homme complet, quoi. D'une gentillesse extrême. Toujours partant pour aider Pierre, Paul, Jacques et les autres. Il aimait s'offrir les femmes mariées, ça ne cr ait pas de c mp icatio s 1 poss ait un c 1 - tioén de salopes0voislines, tnoujolurs paértdantes peouroluence belle tringlée devant un bon feu de cheminée, arrosée de champagne millésimé. La vie bien comprise, en somme. Il avait du blé, des t rres, des cu s, des vres- Sav it se f i aimer e 1 li a a re Ses travaux étaient reconnus dans le monde entier et il Possédait des décorations pis que le maréchal Goering. Des qui lui venaient des Indes, avec des éléphants, d'autres qui comportaient des cocotiers. Tout allait pour le mieux lorsqu'un jour, ayant passé des vacances à Monaco, chez un ami, il a ramené Amélia, une actrice anglaise rencontrée à bord d'un yacht. Et c'est là que tout a changé, basculé. Cette gonzesse, une vraie pommade 1 Y'avait pas plus chiante qu'elle. Capricieuse et cynique, toujours en quête d'exigences nouvelles à imposer. La vie au château de Bruyère est devenue un calvaire. Les domestiques sont partis l'un après l'autre, à l'excep- tion de Marie et de son rejeton. La débâcle, quoi. Le comte a perdu son entrain, sa joie de vivre. Il ne parvenait plus à travailler, tellement qu'elle lui 4 TipE-mEN DEUX. 98 concassait les roustons, Amélia, avec ses gueulantes et réprimandes, folies en tout genre, débordements. Qu'à la fin, il a plus pu y tenir, Clotaire. Et ç'a été la rupture au bout de deux ans. Il a dû lui lâcher le. gros paxif, à cette garce. Mais la liberté, ça n'a pas de prix. Tout cela remonte à une dizaine d'années. Ensuite, ça n'a plus été pareil à Bruyère-Empot- Le châtelain avait paumé pour tout jamais sa bonne humeur. Il s'est réorganisé comme avant, seulement 1 rès tout, peut-être l'aimait-il le coeur n'y était p us, ap son Anglaise, va-t'en savoir! Ayant dit, Marie Toumelle se met à glousser- Justement, on repasse un vieux film d'elle cette semaine, Y'a son portrait dans Télé Sept Jours Amélia Black dans La Fille de la Rivière Magique. Elle va chercher la revue sur un guéridon de rotin. Nous montre. On voit une photo de dame brune, mais on lui a crevé les yeux, et alors Marie Tournelle baisse le ton pour nous confier que c'est elle qui a fait ça : un petit brouillon de messe noire. " Crève, charogne! " disait-elle en énucléant le portrait. Une forme d'incantation à elle, venue de son coeur, spontanément. Artisanale, comme magie, mais quoi, S-atan reconnaîtra les siens, non? - La comtesse est-elle revenue au château? - Non, jamais, mais n'appelez pas comtesse cette saloperie de saltimbanque! - Elle écrivait encore à son époux? - Au début, mais il lui a retourné ses lettres sans les ouvrir, et il a bien fait. - Vous croyez, vous, que c'est d'Alacont qui a assassiné le comte, son oncle? Marie Tournelle crache sur la photo sans yeux et referme le journal. Elle n'a pas retenu ma question. Je la réitère. Bien décidé à la lui seriner jusqu'à ce qu'elle y réponde. Pinaud s'est endormi dans un fauteuil à trois CEST POUR OFFRIR 99 pattes qui est sur le point de s'écrouler. Quelque part dans l'hospice, un carillon Westminster se met à musiquer; et y'a rien de plus horrible à entendre, en q . dehors des pleurs d'un enfant, u'un carillon Wesit- minster. Moi, j'sais pas pourquoi, mais ça me fa t honte. C'est humiliant comme des hémorroïdes, un caril- Ion Westminster- Et puis ça fait con, quoi. Ça situe. T'as ceux qui en s dent un, et t'as es autr s. Po sè 1 e Parm les autres, y'en a qui sont récupérables; des qu'on pourrait arracher au flot fangeux de la connerie, à grand renfort... Qu'on parviendrait à dessiller un brin, juste qu'ils aperçoivent la lumière. Je ré te, en prenant dans es miennes es patoun s s par sa vie de labeur de Marie. ravagéepè 1 1 e - Vous qui fûtes la plus familière parmi les familiers du comte, sa nourrice, sa révélatrice, sa confidente et, plus encore que le reste, sa servante pendant toute sa vie, vous, brave amie, si pleine de sagesse et de sérénité, dites-moi qui, selon vous, est J'assassin du comte. Cette fois, elle ricane dans sa barbe, la mère Toumelle. Une jubilation qui ressemble à un jet de vapeur. - Allons, allons, allons, qu'elle glapouille, par trois fois, kif le général quand il écriait " hélas, hélas, hélas! " ce grand chéri, bien marquer son sentiment, le désastreux de J'affaire; il est sûr et certain que c'est elle qui l'a fait tuer. Et elle désigne Télé SePt-Jours, réceptacle de la Photo sans yeux. - Elle lui en voulait à ce point? - Une came, monsieur. Riri ne vous a rien dit? - De quoi voulez-vous parler? éludé-je. - L'e jour de son départ, à cette Putain, mon fils a porté ses bagages jusqu,à l'auto qui Il emmenait à Paris. Avant d'y monter, ell lui a dit : " Votr e e garce 100 TIRE-MEN DEUX, de mère et vous êtes heureux de me voir partir, vous avez fait tout ce que vous pouviez pour qu'on en arrive là. Vous vouliez conserver votre mainm@ sur Clotaire, n'est-ce pas? Mais je vous préviens que vous ne le garderez pas toujours. Je mettrai le temps qu'il faudra, je me vengerai 1 Marie Toumelle a le visage tout dur, soudain, pareil à un caillou gris. Elle retrouve sa haine engourdie par le temps. La réchauffe dans son giron. Ça lui redonne de l'énergie, un louche appétit. - Ne cherchez pas : c'est elle, c'est bien elle. - Vous ne l'avez pas dit aux enquêteurs au moment du meurtre? Elle hoche la tête. - Pensez-vous, ils ont arrêté le garçon tout de suite. - Et, vraiment, vous ne croyez pas à la culpabi- lité de Gaspard? La vieille caresse sa barbe dont elle paraît très satisfaite. - Je vais vous dire... Elle décamote de l'index un reste de hachis coincé quelque part dans la région de ses fausses prémo- laires. - Je vais vous dire : ce neveu, il n'avait pas la tête à ça. Bien sûr, il semblait pressé de voir M. Clotaire et il paraissait très nerveux, ne tenait pas en place, et puis c'est vrai qu'il avait un petit air arsouille, ça, d'accord, malgré tout... Juste comme moi. Je suis frappé de nous voir unissonner, la vieille et bibi, dans ce sentiment instinctif que d'Alacont n'est pas coupable. Très important, ça. - A l'époque du drame, vous rappelez-vous que M. de Bruyère traduisait un manuscrit chinois que lui avait confié un journaliste? CEST POUR OFFRIR 101 Elle réfléchit. Mais là, ça foire nettement, côté souvenirs. - Vous savez, son travail, il nous en causait guère, nous, on n'avait pas son inte li ence... 1 g - Essayez de vous souvenir. Un manuscrit chinois... Elle se frotte le caberluche pour en faire partir des étincelles. - Chinois, oui, ça me dit vaguement... Chinois... Ce qu'il était savant, tout de même, mon Clotaire. Chinois... Vous J'auriez vu dans son bureau, au milieu de ses bouquins. Il écrivait sans regarder. C'était sa manie : sans regarder. Il continuait de lire dans un livre épais comme un édredon de ferme, et il écrivait pendant ce temps, sans regarder son stylo ni sa feuille, et si je vous disais : il réussissait à écrire bien d'aplomb, bien droit, avec des lignes qui avaient toutes le même écartement. Sans regarder, Mon bon Clotaire.,. Chinois! C'est tout lui. Attendez, ça me revient, une bêtise. Un tantôt je lui apporte son thé, - il buvait trois thés dans la'iournée -, et il riait au milieu de ses grimoires. Il riait comme... comme... - Un bossu? proposé-je à tout hasard, bien que les bossus de mes relations ne soient pas particulièrement réjouis. Mais Marie saute sur la propose - C'est ça : comme un bossu. Elle rit à ses souvenirs, à cette vision de Bruyère riant. C'est du présent qui lui dégouline, tout chaud, tout vivant. Clotaire de Bruyère est là, dans l'infâme salon. Et il rit. Et Marie le regarde, l'entend rire avec ravissement, parce qu'il aura été l'hornme de sa vie : le bébé branlé, puis J'adolescent culbuteur, et le mari en peine qu'elle devait bigrement remonter contre sa Britiche, je devine... - Pourquoi riait-il? insisté-je. - Je ne sais pas, répond la vieillarde. Je ne sais Djus gr@,,de décou- nt la plus eulre t pa! fe e vei gri ti( t pron-ie- orme 3 1 e p menu s ade, bien A c leurs r dents dans dents. té, elle fout ses plus de sécu" File, pour ,es cause de Félicie, e. @n Rifi- Rili @brasse pour ilic et qul n e j'étais u en ri sl ent e fui, Riri? tte' in de l' oir, Marie Tour- s le b, iez pas ce que je ne lance-t-elle, nO@bl' lecoup, cure c'est elle qui a fait vit UN HALTERE DÉSALTERE e Une station d'essencll- stoppe. Un jeun tant décadente, J'Y Ma jauge P- .. , poinpistevient s'iniormer. -je en rn'éti- Le plein et le téléphone! laconisé rant- te est cornine une cathédrale vide. Le silence Ma tê brille, qui est la y réson e et une petite jurnière Y @ r min Le che ho e n de feu M. de Bruyère. rnérnoire rn'est extrêrnernent sympathique. Je l'irnagine tres bien, ce savant bon vivant. Une personnalité, quoi out était intéressant chez Mieux -. un personnage. T lui - son savoir, son amour de l'arnour, la inaniere s'est ernbroqué nounou, et jusqu'à son tardif qu'i@ mariage avec une dingue d'actrice an glaise (pléo- nasnie9 au monde depuis le " 1 écouverte feu et ait-il. M@ it pas vrai, Et 1 jubilait d'avoir Pu décrypt er le il? Parce que ce n'éta ou en r parchemin. s la cabine téléphonique gobeu se de Je t)énètre dan Et tnowifie. Il est assez tard, mais je sonne l'Agence. c'est Mathias qui décroche. 104 TIRE-MEN DEUX, - Vous tombez bien, monsieur le commissaire, le directeur vous réclame à cor et à cri : affaire urgente. - S'il rappelle, dis-lui que je ne suis ni à cor ni à cri, non plus qu'à Konakry, rebuté-je. Je travaille présentement sur une affaire personnelle qui me passionne. A propos, tu m'as excusé auprès de Sonia? Je l'entends qui se trouble. - Eh bien, je... certainement. - Comment a-t-elle pris la chose? - Eh bien... - A deux mains, n'est-ce pas, et à pleine boucne-1 C'est une gourmande. J'espère que tu ne regrettes pas ton après-midi, Rouillé? Il bafouille: Ce fut très extrêmement réussi, monsieur le commissaire, je vous remercie pour cette marque de confiance. Cette personne voulait savoir mon adresse privée, mais, par mesure de sécurité, compte tenu de ma situation familiale, je me suis permis de lui dire qu'elle m'appelle au bureau. Je rigole en évoquant la petite Mme Mathias, une teigneuse de grand style, à la voix haut perchée, qui se fait un malin plaisir de transformer, presque chaque année, quelques centilitres de sperme en quelques kilogrammes de môme. - Tu as bien fait. J'ai un boulot urgent pour toi, grand baiseur. - Je suis à votre disposition, répond le rouquin, sans ironie la moindre. - As-tu entendu parler d'une actrice anglaise nommée Emilia Black? - Heu, non. - Moi, très vaguement; elle a épousé, voici une dizaine d'années, le comte de Bruyère habitant le château d'Empot, Loiret. J'aimerais savoir ce qu'elle est devenue, où elle se trouve, et surtout ce qu'elle CEST POUR OFFRIR 105 fabriquait dans l'après-midi du 4 avril 1976. Tu t'attelles'? - Naturellement, monsieur le commissaire. - Actuellement, je suis dans la région d'Orléans, je rentre, tu pourras m'appeler chez Béru, au cours de la soirée. Merde! Gland comme un fruit de chêne, je contemple ma voiture à travers la vitre de la cabine. Ma voiture dans laquelle on est en train d'injecter du super à j'sais plus combien le litre. Ma voiture dont le pompiste nettoie le pare-brise au moyen d'un petit râteau caoutchouteux. Ma voiture vide. Que vous arrive-t-il, monsieur le commissaire? s'alarme le gars Mathias. - Je viens seulement de m'apercevoir que j'ai oublié Mnaud. - Où cela, monsieur le commissaire? - Dans un hospice de vieillards. Le rouquemoute éclate de rire. En ce cas, le mai n'est pas grand, monsieur le Commissaire. Il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre! Je pense te l'avoir déjà dit, mais quelle importan- ce? Tu raffoles tant tellement de la rabâche. Il suffit de te voir devant ton poste de tévé, les périodes électorales, combien tu bois leurs paroles à tous ces noeuds volants, les prenant pour des prophètes, sans piger que ce sont des gus qui font un métier. T'as seulement jamais envisagé la chose sous cet angle, je pané pauvre bazu. Que ces valeureux jacteurs, ils font le métier de Politiciens, comme toi celui de plombier ou de chauffeur de taxi, Et si on t'amenait un chauffeur de taxoche devant les caméras, tu 106 TIRE-MEN DEUX, t'intéresserais à ses professions de foi? Tu leur accorderais pour deux francs vingt-Cinq d'intérêt, hein, l'artiste? Mon oeil! Que dis-je: mon cul! Eux, les ticards, ils brodent sur le canevas de leur parti. Leur matière première? La salive. D'ailleurs, t'as qu'à remarquer le nombre d'avocats qui virent leur cuti pour s'engager dans la ticaillerie. Françaises, s ce qu'ils disent. Et Français! Ils écoutent même pa leurs affrontements OU tu t'escrimes à leur donner des points, qu'ensuite, eux autres, vont écluser une 1 1 onnerie de nous tous, si boutanche de roui le à a c constante, si facilement épatable. Oh! merde, depuis le temps que ça dure, et que ça durera encore! Françaises, Français! La mouillette, slips imbibés, z'yeux en entrée (ou en sortie) de tunnel. Le palais des mirages. Un jour viendra! De gloire. Toute honte bue, pissée. l'avoir déjà dit, mais Pour t'en revenir : je pense te chaque fois que je sonne à la lourde des Béruner, je é 1 1. n ée des 'attends à ce qu' c ate l'ai fameux de LE tr Gladiateurs, cet hymne du cirque. En général, les cirques n'ont pas de portes, mais des entrées, et ils en ont plusieurs. Chez le Gravos, y'en en a qu'une, 1 modeste, étroite, ça fait plus intime. Le spectacle qui se déroule à l'intérieur t'appartient davantage. Tu en es, pour un moment, le bénéficaire exclusif. Sonnette. é ra C'est Berthe qui vient d lourder, à ma g nde déconvenue, car j'espérais Marie-Marie- Une Berthe élégante, corsage de soie blanc, pantalon noir. Tu dirais un poster géant d'insecte de la Sud Amérique. Son bide, son Cul, ses nichemards composent un volume bizarre que tu serais tenté de classifier en prothorax, mésothorax, abdomen (public) annelé OU convergent les trachées respiratoires- Elle arbore une coiffure guerrière, la Baleine. Tous ses crins regroupés sur le dessus de la théière, et CEST POUR OFFRIR 107 ligotés par un ruban de velours bleu. Cette fois, ses boucles d'oreilles battent le record : elles représentent deux danseuses Cn train de faire le grand écart. On leur voit le slip blanc, un brin de la chatte, même, en regardant par en dessous. Elles portent des jupettes en strass vert, pailleté d'argent, un soutien loloche jaune canari à étoiles rouges. Elles sont l'une blonde, l'autre brune, et mesurent dix centimètres de large sur six de haut (je grand écart, je te dis). Berthy m'effusionne, comme un Saint-jacques de Compostelle en me compostant chaque joue de son rouge à lèvres bleuâtre et gras. On a un dîner de gala, m'annonce-t-elle, venez vite, cher Antoine, vous arrivez pour le dessert. Mais p't'être n'avez-vous pas brimé, en ce cas, j'ai de beaux restes à vous propositionner. La tornade du f@yer m'emporte jusqu'à la salle à manger où trois autres personnes sont réunies dans t 1 ruri n mon atten e. 1 y a Bé er, bien sûr, et puis u couple. La femme est timide, avec un grand nez et des yeux bleu-con. Le mari a la taille de Sa Majesté, et il doit peser un peu plus qu'elle mais le poids est réparti différemment : assez peu @e bide, mais un excèdent de muscles. Ah! le v'là! exclame Béru pour m'accueillir. J'vous présente le fameux Santantonio, les gars, ie mec qui remplace la moutarde forte et le Petit Larousse. Puis, à moi, en me désignant l'homme: - Tu le remets? J'examine le volumineux personnage au front étroit, au cou indécapitable, aux épaules semblables à la carène d'une moissonneuse-batteuse. - Je ne crois pas avoir le privilège de connaître Monsieur, m'excusé-je. Le Mammouth se rengorge: Adrien Ganachet! TIRE-M'EN DEUX, 108 Cette déclaration n'éclaire pas pour autant ma lanterne, laquelle doit être sourde comme un pot. - Non, je ne vois pas. s'impatiente Gradube - Mais enfin, bordel, @irnporte qui' L'haltère- Adr-ien Ganachet c'est pas n égo, l'hémophile, champion des Hautes-Seine de J'épaulette-jetée, quoi merde. il soulève deux tonnes à l'arraché 1 - Oh, oui, où avais-je la tête, m'hâ.té-ie de mentir. Très honoré de vous rencontrer, monsieur Ganachetl dextre de Le colosse prend ma pauvre petite à s'en faire ploutocrate encéphalique et la comprime un jus de citron. Enchanté, il déclare. u'il m'abandonne, le juge Je considère le moignon q inapte à resservir et tends ma main gauche à la dame qui en fait autant, mais pour des raisons congéni- tales- Berthe m'abat sur une chaise, le Gros me verse un grand coup de Pomrnard à trois francs-verre-non- repris, et puis la soirée se remet en branle. Les Ganachet sont leurs nouveaux voisins du rez- c ée rn ; les relations se nouent. Il de- hauss . Pre ier dîner f'rrn est déjà écrit dans les étoiles du i ament que Berthe se fera l'haltérophile avant la prochaine mousson, si toutefois ce monte-charge possède le r iceps font espérer. Peut- chibr que ses monst lieux b 1 être Alexandre-Benoît cherchera-t-i de son côté à fourrer M" Ganachet, à l'occasion, mais ça reste évasif car elle n'a pas le gabarit propice à allumer les convoitises du Mastar. il lui faut du volume, à Mister Queue-d'âne; du plantureux, fondant, qui vous flotte dessous comme de la gélatine. La Ganachet, elle est en défaut cruel de ce cOté-là... PlutOt maigrelette, style serviteur le pour le pantalon. Cela muet avec la presse serrab t de docile. dit, assez sympa pour quelqu'un de con e ip CEST POUR OFFRIR 109 Quant à Ganachet, il a la gloire fréquentable. S'il roule des mécaniques, c'est uniquement pour l'entre- tien de l'outil, et parce qu'il ne peut plus faire autrement maintenant qu'il a acquis des biscotos pareils à des pneus de semi-remorque. On jaffe le dessert à Berthy; les desserts plus exactement car elle amène successivement : une bassine de mousse au chocolat, un baba au rhum grand comme le Panthéon (où j'interdis qu'on m'inhume, malgré la présence de Victor Hugo, parce que comme endroit chiatique, tu m'en reparleras!), une corbeille de beignets aux pommes, une lessiveuse de pruneaux (très indiqué pour les fins de repas, précise l'hôtesse, car cela fait aller du corps), et enfin une pièce montée que ces bonnes gens se mettent à démonter avec la promptitude due à la technique @ont font preuve les machinistes de cirque pour évacuer le chapiteau sur la place du village. Bon, très bien. Moi, j'aimerais bien avoir un entretien avec Bérurier-le-Grand, à propos de ma petite histoire. Si je te disais qu'elle me passionne, cette affaire. C'est la mienne, à moi. Le sort me l'a proposée et j'en fais mon affaire, de l'affaire Bruyère. La mère Lacryma-cristi, j'en ai rien à branlocher, ce e gu ec pe o tte vieille s rin e, av ses nap r ns de boudoir, fignolés au crochet et ses Hercule Poirot de mes deux; que moi aussi j'en ai un, de Poirot, et même qu'il est Delpech, en suce, alors tu vois! La mère Mouillechaglate qui me rebattait les claouis avec son Agathai Dans les écoles de police, qu'elle préconise? J'imagine à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or l'enseignement de " Dix Petits Nègres ". Entre le cours de tir et le cours de Droit, mes bons petits potes, frais rémoulus, leur tronche en voyant le portrait de la grande vioque assassine. La Marie Bizarre! Ses bouquins pleins de larbins gourinés, avec l'énigrne qui se pointe à la page 100, qu'avant tu te respires la vie au château, TIRE-M'EN DEUX, 110 de lord Durin et les ion moins du les lucubratio@s. tt, plus les va eurs de miss Dorothée révérend Branibi s Deslau- (à la menthe) et les bougonn@ guerres '. riers, tout ça, fumeur, bitic] x Roses. i ze-dix-huit el celle de Quator est i merci bien. Mais Béru ne e ut flarnbard de e des to costaud ri ni les le plus 1: fer quintaux (le aux forts- couilles@ salut, clla 1 dit brusquement le Tu ne sais p@ A, tu nous fe,ais s U hornine, avant marnmOut@,, de tes talents, que un,p,tite cien ute la gratinée, çll ferait inter- Berthe mette merde, en soinme- e quoi il n'a Adrien interjecte, conn rnatériel- - chercher, conseille le Gros, Y Va le v , c l'ascenseur étages dont a Pas chaud chaud, Adrie. accordéoniste, ses accessoires, à lui, ne musette. dans une tranche le Gravos qui a - J'vais z'av'c toi t'aider, de la suite dans les idées. -yaux de pruneaux qu'il seize no- se Adrien crache t obtempere..Un invité ut polissait dans sa bouche e ôte, surto aux voeux de son n cio't de souscrire 1 ssants- i à que lorsqu,ils sont pre bé le ipaillasson, vo 1 A @ine qu,ils ont enjarn pour moi, et je devine que C'est le téléphone sonne. mathias- c'est bien pour moi : inbiné, et P@ofite du geste nie t)asse le co ts en faisant BerthY sser le dessus des doig- ,)Our rne care tes danseuses agnp @racieusement virevolter les pet' @ées à ses lobes. nseignements, lonsieur J'ai une partie de vos re pas son la qu'trois ' fait valoir qu'il n'est pas n tiennent Pas C'EST PIOUR OFFRIR le commissaire, annoince Mathias d,une voix jubila- trice. - Intéressants? - Je pense. - Alorsvas-y, je t'écoute. r une Mais avant qu'il ne parle, laissons passe e page de publicité. nouvell e oyez fins gourmets ou bouff e-m rde- Que vous S est qu'une chaumière... Et même si votre Palais n' et M 1 LLAU ide de G ULT Achetez le Gu' A gastronomie. les -Toulouse et Lautrec d, la U tables \Ious v trouverez, répertor@ees, to tes les e-Paul a 'e de Fr nc , de l' Armée du balut à l'Elysé Bocuse- Gault et Millau- Mangez! Mangez, cbers " ferons le restel " Mangez! Nous je t'écoute! Alorsvas-y,, ous ne sommes pas mathias se fourbit I'oeil. N mais je détecte la ore dotés du téléphone-télévisé, lampions, enc au bruit. ouand il se frotte les chose cézigrnan, on dirait qu'il agite un sac de billes. Emilia Black est décédée, monsieur le cornrn's- 7- saire. - pas possible! o s de morte au cours de l'été 76 1 1, - Elle est vacances en G@e. irconstances suspectes? - Dans des c elle aurait succombé à - Extrêrnernent suspectes; que (ave Caesar, une trop forte dose de barbituri , elle se trouvait barbiturique te salutant (I" alors qu dans un petit hôtel de l'île de Dékonos- (1) Totalement con, mais ça me délasse. 112 TIRE-MEN DEUX, - Elle y séjournait seule? - Non: elle était en compagnie d'une bande d'amis internationaux, de ces désoeuvrés qui préfèrent une tarte au haschisch à une tarte à la rhubarbe. Comme elle donnait depuis un certain temps des signes de neurasthénie, la police grecque a conclu au " suicide accidentel " et l'affaire n'a pas eu de suite. Tu as appris quelque chose quant à son emploi du temps du 4 avril? - Tout ce que je suis en mesure de vous dire, c'est qu'elle se trouvait à Paris à cette date. Elle était descendue au Plaza le 2 et elle en est repartie le 10. Il sera long, voire peut-être impossible, de déterminer son emploi du temps pour la journée du 4. Je vais néanmoins faire l'impossible. - Bravo, et tâche de me donner la réponse avant demain soir... - Demain soir! Mais, monsieur le co... - Quoi, tu ne vas pas me dire que tu baises encore Sonia demain! Ta pauvre femme va se trouver en manque. Il rengracie vite-fait, glapatouille des trucs aussi inaudibles qu'embarrassés et me promet de se défon- cer le prose. Là-dessus, Alain Ganachet et Alexandre-Benoît Bérurier reviennent, lestés (c'est le coup d'y dire) d'un matériel de choix. Un haltère, m z'amis, es comme le moyeu du Trans Europe Express, avec autant de roues que pour un wagon dudit- Adap- tables, tu connais le topo, afin de corser la charge. Bon, le gars Ganachet se met en tenue, à savoir qu'il pose sa liquette, son bénouze, ne gardant que son père Joseph ü'appelle ainsi son slip car il s'agit d'une Eminence grise), ses chaussettes à injection et ses mocassins pur porc. Il commence par une babiole de quatre cents kilogrammes, histoire de se faire un poignet. Un rien. CEST POUR OFFRIR 113 T'arrache cette bricole comme tu ramasseras un clop quand tu seras clodo. La brandit haut, au-dessus de sa tronche. Ça miroite à la lumière du bioutifoule lustre représen- tant un rouet. Te nous repose l'haltère avec une souplesse telle qu'on ne perçoit pas un bruit. il laisserait tomber une pantoufle que ça résonnerait bien davantage. Le public applaudit. La rn re Béru est fascinée par le gabarit de leur nouveau pote. Faut dire qu'il ressemble à un baobab géant, Ganachet. Velu, musclu, tranquille. Il rajoute deS rondelles. A rache toujours avec aisance. Bérurier en bave de convoitise. - Tu t'rends compte, me dit-il, un gamin né avant terme, paraît-il. Un môme trouvé sous la porcherie d'une église. Et d'une église de grande banlieue, pas la Madeleine! Et v'là ce qu'il peuve faire juste av'c deux bras. Imperturbable, Adrien, tonif@ié par le copieux repas de la Bérurière, ranquille d'autres plaques qu'il faudrait que tu te mettes à six pour que tu puisses en soulever une, minable! Et alors attends, c'est là qu'on confine. Là qu'on va accéder le sublime; à la pothéose! Le Gravos, ulcéré de ces peinardes prouesses, vide un verre à vin de marc de Savoie (en provenance directe d'une droguerie de Chambéry). Il clappe de la menteuse. sa Tu Permettrais, Adrien, que j'es yasse? demande-t-il, Son front est bas, tout soudain, son oeil farouche, ses bajoues frémissantes. Le Ganachet, gentil mais supérieur, murmure - Volontiers, mais t'as six cent quarante-huit kilos deux cent vingt-cinq en piste, présentement. Attends que je déleste. 114 TIRE-MEN DEUX, Béru se verse une nouvelle rasade de marc (1qui !eappelait encore " grappa " en 1859). - Déleste mes fesses@ tranche-t-il. Tu voudrais pas quj'm'entraînasse av Il C une cuiller à potage. A l'instar de son illustre 'voisin, il se dénude l'hémisphère nord. J'garde mon bénouze@ avertit Bras-d'airain, V'U é mon calcif chez Maâme Lauranton OU qu'.j'ai oubli ndre des nouvelles de son mari qu'était é é j,sus t pre été à ses soins au dispensaire lorsque j'sus arri'Vé- il se pose derrière la barre redoutable de Radieux, S, frotte 1 mains comme l'haltère, jambes écartée se es pour se les assouplir, et exécute pusieurs aspirations, entrecoupées d'expirations, tu t'en doutes. Enfin il se baisse pour einpaier la tige métallique. L'instant est émouvant. Là est le suspense- 'Va-t-il, ou ne va-t-il point? Sera-t-il échec et mat? Parviendra- t s à soulever l'insolite objet qui ressemble, -il au moin à manger, à un véhicule pas au milieu de cette salle fini? écè^d gr Le silence qui pr e pourrait être du and Mozart (de l'H. tel de Ville). rn 0 s, anxieux. Pour ma part, et Nous sorn es fasciné blie l'affaire de pour la tienne, ami lecteur, j'en ou Bruyère et ses ramifications. 1 i. Il prorere un Béru s'arc-boute. Tout se tend en u ix. omet de pet de stentor à haute et intelligible vo 'en excuser. Il violit, se distord. Veines et muscles lui s cri profond, décisif, comme jaillissent. Il POusse un blanc, dans la désolation seul peut-être un ours ru èd rc saurait en émettre. Un léger b it succ e a tique, vie r, pas de se le pantalon du Gros nt d'explose a fendr,e, mais de se désintégrer POsitivement dans 1 région la mieux garnie. poum! Un grand rond de cul poilu apparaît- L'hon=e n'en a cure. Sa volonté indomptable (non, raye indomptable qui est trop banal et remplace par incoercible qui ne veut rien CEST POUR OFFRIR 115 dire ici mais qui fait plus riche), sa volonté incoer- cible, donc, le surdimensionne. L'haltère remue, l'haltère s'élève. C'est émouvant comme les prémices de l'aviation. S'arracher du sol, tout est là. Elle J'a quitté, le sol, voilà! La loi d'attractl'on terrestre? Tiens, smoke! L'attraction à laquelle nous assistons est autrement fascinante. Tout Béru vibre, tout Béru tremble, tout Béru geint, tout Béru se met en pas de vis. Mais l'haltère s 'élève. D'un coup miséricordieuxi La voilà là-haut, à côté de la suspension, dodelinante à l'extrémité de ses bras invincibles. Le Gros va éclater. Non - il tient bon. Adrien Ganachet est vert de jalousie gentille. A ce moment pile, tout se gâte. Coucou! crie une voix, dans le dos du Gros. C'est Pinaud qui se pointe par la porte que les deux haltérophiles encombrés ont laissée ouverte. Ce coucou, c'est le grain de sable, la goutte d'eau, le mot de trop. Il surprend Sa Majesté. Or, on n'a pas les moyens de résister à une surprise, aussi minime soit-elle, quand on est en semblable posture. Le Mastar embarde en arrière. Il lâche l'haltère. Ce qui succède n'a jamais été revu depuis les premiers Chaplin. Les six cent quarante-huit kilos disloquent le plancher. Le trouent, le traversent. Or, ce plancher sert de plafond aux voisins du dessous, tu com- prends, histoire de ne rien laisser perdre. L'haltère produit comme une bombe. Le voilà qui choit sur une coiffeuse mignonnement enjuponnée et garnie de miroirs et de flacons en tout genre. Juste au pied d'un lit qu'occupe un couple en train de bien faire : les Crottignard, gens aimables au demeurant, lui employé à la compagnie d'assurance la Libellule, elle conseillère municipale communiste de l'arrondisse- Ment, mère de trois enfants et de deux filles. Ce vacarme! Ce scrashi On croit que l'immeuble TIRE-M,EN DEt,'X, 116 effondre. Les Crottignard, foudroyés de stupeur en pleine lime, arrivent plus à déculer- Elle, elle part à e hurler comme jamais en prenant son pi d. Lui, il aboie un peu, façon Joup-garou dans les films d'épouvante anglais. C'est dantesque, imprenable. Pour corser encore, leurs mômes radinent en brail- lant. ri - Escusez-moi@ balbutie Béru er, agenouillé au @o ssé tombé quéqu'chose- b rd du cratère: j'ai lai La trogne, la voix, le sourire humble du Gros assoupissent la panique de ces gens de bien : lui, e ésuites que de mauvaises fréquenta- ancien élève d s i sirent au P.C.e dont il se tions adolescentes condui sépara après avoir lu I'oeuvre de M. Roger Garaudy pour s'engager dans les rangs socialistes, parti qu'il quitta le jour OU il vit M- Français Mitterrand affublé de l'incroyable chapeau que tout le monde sut. Car, un fait est absolument prouvé, bien qu'aucune gazette ne l'eût signalé, si, contrairement à toute attente, la Gauche perdit les élections au mois de mars 1978, ce ne fut point à cause de l'éclatement du Programme Commun, mais bel et bien parce que M. Mitterrand se déguisa en faux cow-boy de Saloon-du-Commerce. Ce sont des choses que les Français ne pardonnent pas, n'étant pas portés sur 'C dîner de têtes et concevant mal qu'un homme aussi brillant et soucieux de le démontrer crut opportun de se faire une silhouette à la con en un moment areillement grave pour l'avenir du pays. Ouf, la p is utile à phrase était longuette, Peu virgulée, ma soumettre. Donc, gens intéressants que ces Crotti- r-i gnard si bellement imb qué s l'un dans l'une. Lui, tout ce qui précède; elle, farouche militante coinrnu- s errements Ipolitiq.ues de son époux. niste malgré le i fausses- Excellente mère de famille, sans faiblesses n couches, toujours à défendre le cher Algérien émigré, CEST POUR OFFRIR 117 la femme au foyer, la semaine de dix-huit heures et la gratuite des transports en commun. Ils sont là, en bas, sur le flanc, hébétés, à mater la bouille vultueuse du Dodu, Puis à considérer cette météorite étrange, issue dirait-on d'un déraillement de chemin de fer céleste. N'osant évaluer les délgoâts, mais devinant déjà qu'ils seront conséquents et ngs à répertorier. Enfin, prenant conscience de leur sture matrimonia e. Lui PO 1 , élevé chez les jésuites et il t'en reste toujours des traces, s'hâtant de ramener le drap sur ses fesses d'assureur sédentaire, elle, Cessant de faire avec ses jambes une ceinture de lubricité à la taille de son con archi joint de conjoint. La peur laisse place à la colère. Sitôt que Maurice Crotti- gnard a pu s'extraire, de sa femme d'abord, de son lit ensuite, pour s, engouffrer dans une robe de chambre dont les ramages correspondent au plumage, le voilà qui se met à apostropher son voisin du dessus. Le traitant de misérable, d'assassin, de dynamiteur, de veau, de salopard, d'écrabouilleur d'enfants et autres joyeusetés de bonne venue. Tant qu'à la fin, la cruche béruréenne se casse. Et qu'il répond des choses, lui aussi, bien plus malsonnantes, bien mieux toumées; prenant à témoin les gens de son entourage, dont parmi lesquels un officier de police, afin qu'ils témoignent l'à quel point sont dépravés les moeurs de ces Crottignard qui n'hésitent pas à baiser devant leurs enfants, et qu'il ne laissera pas passer une pareille infâmure, lui, Bérurier. Attentat à la pudeur, inceste après tout, exhibitionnisme! Ça va aller chercher de la tôle et pas qu@'un peu. Crottignard rétorque. Ça s'envenime. Fou de rogne, Alexandre- Benoît se prend à compisser l'appartement du des- sous par la brèche. La conseillère municipale, bien qu'haïssant l'ordre établi, court appeler Police- Secours. La confusion se juche à des paroxysmes. Et moi je me mets à trouver la farce moins TIRE-m,EN DEUX, 118 drOlette. Jusque-là, le spectacle n'a pas manqué de faire tard. brio, mais il commence à se Ilaborateur à part, lui Aussi prends-je mon CO domine la fureur. Gros, tu ne rn'as jpas rendu compte de ta . d e mission à Propos de ce journaliste, Léon e Hurl - von, ça presse. Il Me regarde comme un voyageur @ndormi dans le train qui, réveillé en sursaut, s 'aperçoit qu'il a raté sa station. Quoi. le journaliste? Merde, tu trouves qu'c'e@! 1 '? Av'c ce truc inerdique, la l'moment à causer chiftir en bas, et une exclavation dans mon plancher. Sans s deux cons, là-dessous, qu'ont pas fini compte mrne j'les sais, d'nous ite@ teigneux co . la, not' concierge 1)our ceci-ce toujoui une fei comrnuniss! Con=uniss mon cul, oi municipale, je te demande u.n S occuper dises miches, la garcerie peu, ieu d' même pas savoir conflectionner viva un is. Tu panés qu'é n'sait pas? ou le tr seriez capab' d'me dire s'y s le gratin dauphinois? faut du fromage rc - Allez vous 1 répond la rnalgracieuse- rdez l'conseil poi 'Vous qu'êtes orfraie dans - Ga p . poste le la manière, d'après s'Ion c'qu'on a - u voir, rl Colossal. Ah, c'est ben les enc... les plus mal chaussé,- . 1 Ça s'fait miser et ça vient dire. Et par . u@,Çquo" quo' a se fait fourrer? Par un crevard de base é - erde que 'Vous avez vu son tagée@ Une sous rn bigoudi farceur, rnessieurs-daines? J'en voudrais même 1)as pour pisser de la camomille, d'son a reur d'rnes deux chéries. Y bigorneau, à vot' ssu Dte-gouttes ce rninus à pinces. confond chibre et com. 1 - se ju productivité, Pointe à la ligne. Y bros st' pou' la r' Mais faut voir la résultance, un crevard et une CEST POUR OFFRIR 119 conseillère communiss, qu'est-ce que ça peut pro- duire d'aut'? V's'avez vu leurs bouilles, aux chiures de ces deux enfoirés? Y z'étaient en nourrice au Biafra, vos lardons, ou quoi t'est-ce que? Vous les alimentez av'c une boîte de ronron par jour, j'parie. Et puis d'abord, v's'allez m'r'monter ces artères tout d'sute qu'é sont pas à vous, pas même t'à moi. Compris? Je biche Béru par le cou 1 et le refoule jusqu'à sa chambre à coucher pleine d odeurs légères et d'un lit profond comme un tombereau. - Hé, Zavatta, l'exhorté-je, je te demande trente secondes d'arrêt-buffet. As-tu vu Léon de Hurlevon, oui ou merde'? Il a une fois encore son étrange regard de Génie d'Aladin dont on a frotté la lampe pendant qu'il se trouvait aux cagoinsses. - T'sais q,u'tu m'courres sérieusement, Mec? Choisir c't'instant patéticien pour me briser les noix av Ic des bureaucraties, faut oser. Y'a q,u'tà pomme. Le sans-gêne, t'es champion, médaille d'or! Non, j'l'ai pas vu ton photogresse de paphe, pour l'excel- lente et primordiale raison qu il s'est buté à moto su' la route d'Orléans, le quatre avril soixanle-seize. MAMAN, MOI, ET LES AUTRES Eh bien, mon vieux pays, nous voici donc une fois de plus face à face, emportés par une haulte aventure de comecul, du genre inextricable. Mais j'extriquerai, j'en fais le serment. Il le faut, je me le suis promis à moi-même après avoir pris connaissance des docu- ments remis par Mayençon Clovis; or San-Antonio ne s'est jamais trompé, s'il lui est arrivé quelquefois de tromper les autres. Il s'est resté fidèle, enfer et contre toux. Cette affaire d'apparence si simple, si vite solution- nable, est riche en rebondissements. Je me les récite en pénétrant dans la maison de Saint-Cloud où il fait si bon rentrer. Il y a de la lumière dans la chambre de Félicie. Elle ouvre sa lourde au moment où je monte l'escalier. - Tout va bien, mon Grand? - Au poil, M'man. Bisouilles sur ses chères vieilles joues qui sentent Félicie-la-nuit. Avant de se mettre aux plumes, M'man fait un brin de toilette et s'asperge le visage d'une eau de Cologne comme il n'en existe pas dans le commerce et qu'une vieille amie de pension à elle lui envoie rituellement, à chaque nouvel an. Ça sent un peu la glycine, un peu la violette, et d'autres trucs encore qui poussent de moins en moins sur notre TIRE-M'EN DEUX, 122 J'irnagine le vieux Nice, globe saccagé- Cette odeur... prenaient d'assaut la e les rosbifs r leur no Il suffit d'un du temps qu i allaient porte M. rornenade qu et t'as la parfum, parfois. D'un bruit, d'un rien, bien rond, moulinette farceuse qui se met à totonner, irnpercep- décr@vant des arabesques bien droite, en 1 tibles. r a téléphoné à deux reprises, - Ton directeu ce. Il ni'a dit que Antoine, il a besoin de toi d'urgen uelle heure à n"mporte q tu pouv@s lui téléphoner r sa li @c personnelle. su t, Félicie. A contrecoeur, Elle transmet en soup,ran grand garçon reparte dans '. our que son s péripéties. pas chaude p s de nouvelle les froidures nocturnes ver ousse ée que je moule la r Ça l'a toujours dérnang à l'import- pour me consacrer à l,épicerle fine ou âches douil- export. Elle me verrait bien dans des t maman; à me faire du lard et un peu de blé lettes, x jours. Dans le secret de son coeur, elle pour les vieu . le nez pour e que a retraite me passe sous rn 1 redout ee du retraité . Et voilà cause d'absence prématur x fâcheux qu elle rne communique le message du vieu qui régit mon existence. je lui souris large. répondras que je ne suis Pas S'il rappelle, tu lul le. rentré, j'ai besoin de vivre un peu ma v. oui lis stomacaux rn'avertssent que les 1 Des garg pas suffi à combler mes desserts de Berthe n'ont 1 dents creuses. 1 Demain matin, tu me feras un déjeuner à si ça ne t'ennuie pas- l'anglaise, petit encas tout de - é la Veux tu que je te pr pare un suite? J'ai un poulet froid entier dans le frigo et de rnayonnaise- père. J'hésite. Elle es ' cord, mais juste un pilon, ne te mets pas - D'ac heure. en cuistance à pareille CEST POUR OFFRIR 123 Radieuse, elle saute sur sa robe de chambre de pilou bordeaux, chausse les pantoufles de soie brodée que je lui ai offertes pour sa fête. Moi, je vais me mettre en tenue d'intérieur. Dans le jardin, y'a une chouette qui ulule, à moins que ce ne soit un hibou, je ne sais pas faire la différence. En tout cas, il a de la persévérance, le zoizeau, avec tous ces immeubles qu'on a construits dans le coin, moi, je serais chouette, comment que aurais mis les bouts vers des contrées plus salubres. Note que je suis bel et bien resté en tant qu'humain. Peut-être que l'hibou tient à son petit territoire, lui aussi, quand même il se rétrécit. On est entortillé d'habitudes, des vraies momies, les hommes et les oiseaux. A se laisser étouffer sur place. A peine suis-je redescendu que le bignou caril- lonne. M'man va décrocher, et moi j'empare l'écou- teur annexe. Je reconnais illico la voix dolente de Lapinuche.. Cézigue, quand il jacte au turlu, tu croirais toujours qu'il est à bout de course et qu'il clamsera avant la fin de la communication. Je prends le combiné à Félicie. Que t'arrive-t-il, vieux fossile, pour oser pertur- ber la quiétude bourgeoise de tes su érieurs? p Il gémit Tu es parti sans crier gare de chez Béru. Et pourquoi aurais-je c:rié gare avant de m'en aller de ce Barnum-Circus à la con, Monseigneur? - J'avais des choses à te dire. - Tu me les diras demain, vieux parchemin, je suis chez moi, en compagnie de ma maman; j'ai une veste d'intérieur col châle, un pyjama bleu-nuit, des mules neuves et envie de voir avec mes dents à quoi ressemble le squelette d'un poulet, d'un vrai. Salut. Le cri m'atteint avant que j'aie raccroché. Un cri- plainte, parti des cavernes pinuciennes. Atten en en ends... 124 TIRE-MEN DEUX, Je remonte l'écouteur contre ma balle. - Quoi, encore? - Dis-moi au moins ce que je dois en faire! - De quoi, de qui? - D'Henri Toumelle. Quelque chose grésille dans une poêle et une odeur de beurre déjà chargée de calories. Malgré ma recommandation, M'man est en train de me mijoter un petit bigntz à elle, c'est plein de ressources dans son réfrigérateur, Félicie. Elle m'a ferré au poulet froid, mais je vais clapper de la haute cuistance bonne femme, c'est parti. Henri Tournelle! répété-je enfin. Le grand air des trompettes d'Aïda m'éclate dans les trompes : Pinaud qui se mouche. - Ben oui, fîgure-toi qu'après mon somme, à l'hospice, où, soit dit entre parenthèses et sans acrimonie, je te remercie de m'avoir abandonné, figure-toi qu'après ce léger somme réparateur, je dis bien : réparateur, car la nuit dernière, M-e Pinaud peut te dire que je n'ai pas fermé I'oeil à cause de mes rhumatismes articulaires à propos desquels il va falloir que je prenne rendez-vous chez le professeur A. Sidurique, car ces choses-là peuvent te monter au coeur et tu te retrouves avec un souffle, voire une lésion cardiaque, merci bien... Il se déballe menu, Pinuchet. Un besoin. Inutile de vouloir l'enrayer : une digne n'arrête pas l'eau, elle la détoume seulement. Alors j'ai droit à ses rhuma- tismes, consécutifs à une angine mal soignée, à son beau-frère mort naguère d'une affection de cette espèce, à des cures thermales envisagées, à tout... C'est des ris de veau que M'man m'accommode. Je reconnais l'odeur. Elle sait combien j'aime ça. Meunière. Avec un peu de vin blanc et des raisins de corinthe. Une volée de poivre avant de servir, du CEST POUR OFFRIR 125 temps que ça grésille, un petit jus de citron et vas-y Léon! J'en salive, pis qu'un boxer à la devanture d'un chenil plein de chiennes en chaleur. Enfin la Pine retrouve le sujet de son complément très indirect et sans objet. En voici le résumé. En quittant l'hospice, il a aperçu une silhouette rôdeuse dans le parc en friche de la maison de retraite. Tout de suite, assure-t-il, il a su qu'il s'agissait de Riri. Alors il l'a appelé, gentiment, comme il sait faire. Et l'autre s'est laissé apprivoiser. Pinaudère a eu la sagesse de ne pas l'accabler de questions. Il lui a certifié qu'il lui arrangerait ses bidons pour peu qu'il veuille bien lui faire confiance. Et il l'a décidé à l'accompagner jusqu'à Paris. Comme la Vieillasse n'avait pas un rond sur soi (M-e Pinaud, très économe, ne le laisse en circulation qu'avec un viatique de trente francs en poche) il a frété un taxi, vu que, contrairement aux transports en commun, les taxis se paient après le trajet. Il est venu directo chez Béru, sachant que je devais m'y rendre, afin de me réclamer le prix de la course tandis que Riri restait dans le bahut en otage. Seulement, il y a eu le stupide incident de l'haltère qui a fait diversion et je suis parti sans ctier ce que tu sais. Et voilà, il est en compagnie de Toumelle et ne sait plus trop à quelle sauce l'accommoder. Maman me brandit un petit sourire de triomphe. - Il faudrait que tu passes à table, chuchote- telle, c'est prêt. - Venez jusque chez moi, décidé-je. - Tu paieras le taxi? - Naturellement. Un de ces jours, je lui ferai coudre un billet de cent pions dans la doublure de sa veste, pour les cas d'urgence. 126 TIRE-MEN DEUX, Vu de près, il a quelque chose d'un peu demeuré, Riri. Peut-être pas vraiment de demeuré, mais d'empêché. C'est un mec à problèmes pour qui ces problèmes ne sont pas des problèmes, si tu peux piger ça. Il appartient à la race des simples pour lesquels rien n'est simple. Et je pourrais te servir ainsi des tas de paradoxes jusqu'à ce que tu me flanques ce polar de merde à travers la gueule. Il dit bonjour bien poliment. Il est encore en tenue de travail et il fleure la vinasse. Félicie propose à manger aux arrivants et c'est eux qui jaffent le poulet froid. Heureusement, j'ai eu le temps de tortorer mes ris de veau avant leur survenance. Une merveille! Pendant un bout de moment, on ne parle de rien. Ou plus exactement de tout, ce qui revient au même. Pinuche raconte que la voisine du dessous, Mme Crottignard, la conseillère, a fait une crise de nerfs consécutive et qu'il a fallu l'emmener à l'hosto. On a profité du taxi orléanais. Pinaud et l'époux assureur l'ont conduite, installée. César raconte qu'à la Pitié, ils sont passés devant la chambre stérile de haute surveillance où l'on maintient en survie le mec qui a poussé le grand cri que vous savez tous, pour la publicité de Mammouth. Paraît qu'il s'est explosé tout l'intérieur, ce pauvre homme; depuis les souf- flets jusqu'aux testicules. Un garçon très bien, qui s'était porté volontaire parce qu'il imitait bien l'éléphant en société. Le mammouth, il a voulu forcer son talent, tu penses! Et depuis il est plein de tuyaux. Un héros du travail, quoi. C'est beau, c'est grand, le martyr des autres. Ça donne envie d'être bien chez soi, à déguster des ris de veau. N'empêche, quand, sur un poste périphérique, t'entends le cri du mammouth en train d'enfoncer les prix, recueille-toi, CEST POUR OFFRIR 127 l'ami. Ce cri a plongé un homme dans le coma; or le coma, tous les médecins te le diront, c'est très mauvais pour la santé. Et puis on passe à autre chose, La délirade, c'est bien joli pour le délireur, mais ça fait vite chier le public. Le public, tellement qu'il est nombreux, faut lui penser à tout. Tenir compte de son éclectisme, je dis. Une hydre qui fait la fine bouche, c'est duraille à alimenter. Henri Banbel... Qu'est-ce que je raconte, moi! Henri Toumelle déguste son poultok avec beaucoup d'adresse. Les larbins de grande maison, à force, acquièrent l'éducation de leurs maîmaîtres, du moins dans le détail. Il sait tenir son couteau, sa fourchette, découper un pilon sans se l'envoyer sur la braguette. Il boit et ses lèvres ne s'impriment pas sur le bord du verre. Il ne produit pas un bruit de chasseur arpentant un marécage quand il mastique. De la tenue, sinon de la classe. Riri, soit, mais avec des manières Henri de France devant une assiette. Je l'observe à la dérobée, nonobstant mon honnêteté foncière @e l'ai acquise au Crédit Foncier). Il me plaît, ce branque. Un garçon sympa. Et puis voilà que la réflexion de sa vieille mère me rapplique à l'esprit, concernant ses relations sexuelles avec sa patronne et des cuisances de jalousie 'me titillerlt-le rebord de l'âme. - Henri, lui dis-je, il paraîtrait que votre patronne a des bontés pour vous? Là, il s'arrête de jaffer et se met à me regarder la bouche pleine. - Comment le savez-vous? - Je fais un métier qui consiste à apprendre des choses que les autres ignorent... Alors ça biche, vous et Mado? Il opine. Très bien, oui. 128 TIRE-M'EN DEUX, Dedieu, qu'entend-il par " très bien "? - C'est une bonne partenaire? - Elle a le feu aux fesses, certifie Riri avec une assurance tranquille. s ma bagnole... Moi J'en meurs! Elle et moi, dan m'escrimant comme un perdu. La gigue du culte. Le denier du cul! Et elle, passive, languide, pas très concernée, qui me demande, après en avoir rflé plein les baguettes, ce que je lui voulais au mo juste! - Le taulier ne se doute de rien 9 - Oh, non. Elle vient me retrouver quand il est aux halles. l'initia- J'étrangle! Elle va le retrouver! Elle prend oulfol! L'insipide, la tive d'aller se faire miser, la M ,veule, l'inexistante, l'insensorielle! Se peut-ce? Je rage, j'orage, je fulmine... - Et tu es amoureux d'elle, Riri? je demande, passant au tutoiement pour faciliter l'aveu- Il rétorque : être amoureux d'elle - ]Ben, je ne peux pas puisqu'elle est mariée. 0 nature, fragile humanité, moisissure tard venue à la surfac d'un planète en refroidissement! e e Comme tu enfantes d'étranges cerveaux! Comment les réussis-tu si sommaires, nature? Réponds-moi, je te cause! Pourquoi te permets-tu des esprits aussi torturés que le mien? Moi qui aurais tant aimé être ent con, con; vraiment, totalement, bienheureusem Moi qui aurais su faire; je le sens à toutes mes velléités, à mon empêtrement dans l'intelligence qui m'échut. Félicie débarrasse les assiettes et dispose des coupes de fruits rafraîchis. L'art d'improviser un repas, maman. Et elle a même trouvé Ic temps d se c élégante : sa robe grise avec le col rhabiller complet, vert foncé. C'EST PO L,R OFFRIR 129 Henri Toumelle plonge sa cuiller à long manche dans la coupe, ramène une moitié d'abricot. Pourquoi t'es-tu sauvé, ce matin, en apprenant que j'étais de la police? Il prend un al'r buté de délinquant juvénile confondu par un gendarme. Se décide à bouffer l'abricot. Je le lui laisse manger. Pinaud vide son verre de Chiroubles. Pas très joyce : il préfère le vin blanc. Et moi je commande du vin rouge à J'auberge Saint-Hubert; je lui sers du vin rouge à la maison, pas pour le contrarier, mais par inadvertance. Je te demande pardon, lui dis-je, je vais aller te chercher du muscadet.. Il dodeline. C'en n'est pas, ça? s'étonne ce personnage du tertiaire en montrant son godet de vin rouge. Je m'aperçois alors qu'il est défoncé, pépère, à bloc. Il tient grâce à ses toiles d'araignée. - Si, le conforté-je, ça en est. Il boit. Excellent. Ne consomme pas ses fruits rafraîchis et demande à Félicie la permission de se rendre aux chiches, ce qu'il serait imprudent de lui refuser. Il y va donc, d'un pas chancelant. Félicie s'éclipse afin de préparer du café. Nous voici en tête à tête, Tournelle et moi. Ses traits se creusent. Je devine qu'il s'évide, le valet de coeur à Madeleine Moulfol. La peur le prend. Tu n'as toujours pas répondu à ma question, Riri. Pourquoi t'es-tu sauvé, ce matin? Il hausse les épaules. - C'est idiot, oui. je sais... - Ç'a été un réflexe irréfléchi? - Oui, - Donc, d'instinct, tu as redouté quelque chose de la police? TIRE-M'EN DEUX, 130 il sait qu'il est coincé par mon raisonnement, Sa situation n est pas banale. Quelques heures plus tôt, il s'est enfui comme un braconnier devant le garde en m'apercevant, et à présent, le voici chez moi, à ma table, bouffant mon fricot, comme di,-,aient les bonnes gens de jadis, et buvant mon picrate. Et moi, le flic, je le questionne en veste rn in d'intérieur, tandis que ma a an lui confectionne oka. un aromatique m is pas qu'il serait beaucoup plus - Tu ne cro simple de tout me dire? il acquiesce tnollement- uemitaine. insist -je. - J'ai la gueule d'un croq - Non. é rnte de Bruyère? - C'est toi qui as tu le co r ign Il est effaré, p esque ind' é. 'Vous êtes fou! Il se reprend, b Ibutie un vague " pardon " en a iffculté à s'aligner sur baissant la tête. Il a de la d moi. i ui anque le bord d'attaque, comme on dit I il rn en aéronautique, que j'en sais plus long que tu ne penses sur la qu stion, ayant été ingénieur dans une e ntrer dans la rouscaille. usine d'aviation avant que d'e ,vec ' comprends-tu9 Ce qu'il Il fait un blocage a MOI, a 10 qu'il veut confierait à d'autres ne " passe p s " rs me le dire... Les mots se foutent en travers de son gésier. un tantinoche, rne lève pour aller Je réiléchis rde travail- rejoindre maman i,, the kitchen. Elle rega ière érnail- le-r sa cafetière, Félicie. Une antique cafet ' le lée dans les tons blanc et inauve- On perçoit ue café. Ça sent bon. joutement de la flotte deven 9 e r ma chérie? - j te fais veille , Elle me rassure d'un beau sourire- Tu sais bien que cela rne fait plaisir, Antoine- e demander un service? Je peux t nder- Tu peux tout me dema C'EST POUR OFFRIR 131 Le garçon que Pinuche a amené ici me cache quelque chose. Il voudrait libérer sa conscience, mais je l'intimide. Je suis certain qu'à toi il te parlerait sans difficulté. Tu veux bien le questionner? Elle a le bon sursaut, M man. - Mais, mon grand, je ne peux pas nuire à cet homme! ne s'agit pas de lui nuire, mais au contrair passera bien je sens quel e flanque dans un pot de colle, M'man de l'aider. 1 ss e 'il raconte la vérité, ça se pour lui et pour moi. Elle hésite encore. A la f'in de son tourment, elle questionne - Que faudrait-il lui demander? - Simplement de dire ce qu'il s'obstine à taire. Il doit avoir une petite ébréchure au cerveau, un petit rien qui J'empêche de se comporter tout à fait normalement. Il faut l'aider, l'aider, comprends-tu? Ma vieille a déjà préparé son plateau pour le caoua. Elle dépose la cafetière au beau milieu des tasses et ça se met à ressembler à une poule parmi ses poussins, stylisé, tu vois? Elle quitte la cuistance, lestée de son matériel. Moi, je sors un tabouret de sous la table et m'assieds en attendant que ça se passe... La nuit est sereine, comme toujours chez nous. Avec des bruits familiers, des odeurs qui n'appartiennent qu'à notre logis. Mais je l'ai rabâché cent mille fois. la quiétude 1 de notre pavillon, son jardin, sa tonnelle rouillée, J'encaustique, l'horloge et tout et tout, quoi! Une vie. Mieux : un mondes Notre aquarium d'où on emmerde sans se fatiguer, sans même avoir besoin d'y penser, de le vouloir, on emmerde juste en étant ici, en vivant dans cette douii]etterie faite à la main, dans ce coeur à coeur quasi silencieux. Riche de tout ce qu'on sent et qu'on ne se dit pas. Des émotions qui vous caressent 15âme comme une musique entendue TIRE-M'EN DEUX, 132 un dimanche après-midi dans la torpeur d'une ville de S, où l'on ne reviendra ux dans les teintes rouille. Tiens, j'avais pas emarqué, au mur, ce calendrier au nom de notre épicerie. La gravure représente un quai de Paris, en automne. Les feuilles mortes ramassées à la pelle. Un quai de jadis, avant les voies sur berge. Epicerie J. Bauregard. Vins et liqueurs. M. J. Bauregard appartient aux habi- tudes de ma mère. Elle sait son pas, le son de sa 'Voix et des choses de sa vie : question santé, vacances, études des enfants, il y a tant à apprendre sur un homme malgré que ça s it t ujours pareil. 0 0 Antoine! Félicie qui m'appelle. j'accours- Elle est assise dans la salle à manger, à a 1 place que j,occupais naguère. Elle a ses avant-bras posés en flèche sur la n pp , les mains jointes. a e R'ri fait toumiquer sa cuiller dans sa tasse, au 1 è e C M-lieu de la fumée lég r qui spiral rnelle vient de me dire une chose qui le M. Tou our que je te la répète, tracassait, et il est d'accord P d@lare ma chère rnoth r. e Acquiescement de Riri. - Je ne te cache pas, mon grand, que je souhaite ur qu'elle n'ait pas de conséquences de tout mon coe qui rne paraît être un fâcheuses pour M. Tournelle très brave homme. uel point je Chère Félicie, tu ne peux savoir a q Ni combien me touche ce ton de t,,Iime à cet instant. miséricorde profonde. e envie de lui faire des - je n'ai pas la moindr misères, M'man, tu le sais bien. A moins, bien sUr, 'il a fait ne soit très grave... que ce qu Elle roche la tête. u'on ne connaît pa province q 'on oublie déjà à la regarder... jamais et qu à petits carrea La toile cirée de la table est r CEST POUR OFFRIR 133 - Je ne le crois pas, mon grand, non, je ne le crois pas. Vous lui racontez, monsieur Tournelle, ou préférez-vous que je répète ce que vous venez de me confler7 Il grommelle Vous qui dites... Félicie lui sourit mansuétudement. L'indulgence même, cette femme. Pas partielle, que non : l'indul- gence pleinière. - M. Toumelle et sa mère étaient en service chez un noble habitant la Sologne. Leur maître (elle use encore des anciennes formules, par inadvertance, n'a pas réajusté son vocabulaire aux réalités de l'époque) a été assassiné par son neveu, en soixante-seize. Le comte de Bruyère était un savant qui traduisait des manuscrits orientaux, n'est-ce pas, monsieur Tour- nelle? Au moment de sa mort, il travaillait sur un document rapporté de Chine par un 'ournaliste. Quelques jours avant sa mort, un mystérieux person- nage a contacté M. Tournelle en lui demandant de lui communiquer la traduction en cours, contre une importante somme d'argent; c'est bien cela, mon- sieur Tournelle9 Pour la première fois, Riri participe - Il me proposait cinq millions d'anciens francs. - Mais il a refusé, fait remarquer précipitamment Félicie. Mieux : il a tout raconté à son maître, ce qui est le signe d'une grande probité, n'est-ce pas, monsieur Tournelle? " Oui, oui ", qu'opine l'interpellé. - En apprenant la chose, le comte a dit qu'il allait se méfier et placer le document en lieu sûr; '111 a indiqué sa cachette à M. Tournelle, ce qui prouve qu'ii lui accordait toute sa confiance. Et puis le malheu- reux monsieur a été tué par son neveu, un dévoyé auquel il refusait de J'argent. Et au bout de quelque temps, M. Toumelle et sa maman ont quitté le 134 TIRE-MEN DEUX, château. C'est au moment de ce départ qlle M. Tour- nelle a repensé au manuscrit du comte. Il l'a sorti de sa cachette et l'a emporté, comme ça, sans idée préconçue. Sa v'e s'est réorganisée autrement. Sa vieille maman a 1 pris sa retraite dans une maison spécial.isée, lui a trouvé une première place à orléans, chez un médecin, mais l'ambiance lui déplaisait et, au bout d'un certain temps, il s'est reconverti dans le milieu hôtelier. Ma pensée, irrésistiblement, vole vers Mado Moul- fol, cette nouvelle déesse de ma vie sentimentale. La chère belle âme creuse! Cet in;ntérêt sublime! Ce vide entouré de rien! Un farouche besoin de la retrouver me point. Je la voudras pour moi tout seul. - Et alors? questionné-je, manière de m'arracher à mon anesthésiante convoitise. Maman est gênée parce que c'est à partir de là que ça va se gâter pour Riri. A partir de là que ses actions vont enregistrer un spectaculaire recul. 1 - Des gens l'ont recontacté récemment pour Ui parler de ce manuscrit. C'est là que M. Tournelle . eu une petite... heu... faiblesse. Son maître étant décédé, il a cru... Il s'est dit... Il a pensé... Je fonce à son secours, ma chère ch ' érie - Bref, il leur a vendu le manuscrit? - oui, mais comprenons bien son ét t d' a esprit, Antonio. - je le comprends. Tu l'as vendu combien, Riri? - Cinq millions. - Ils étaient fermes sur les prix. Et qui étaient ces gens? - Deux messieurs. - Tu les connaissais? - N on. - jamais vus auparavant? - Non. CEST POUR OFFRIR 135 - L'un d'eux était-il l'homme qui t'avait contacté une première fois? - Non. - Ça s'est passé comment, la transaction? - Ils sont venus dîner un soir, au Saint-Hubert. C'est en allant chercher leur voiture au parking qu'ils ont frappé à ma porte, j'habite un petit logement près des hangars. - Et comment t'ont-ils demandé le papelard en question? Riri prend son air le plus emprunté. Des nuages de demeurance lui passent devant la vitrine. Il paraît penser à autre chose; pas fatalement à la mort de 1 Loues XVI, pas même à celle de Clotaire de Bruyère, mais à des trucs davantage sophistiqués, tels que la culture du rutabaga en Laponie ou l'accordage des guitares sèches dans le sud de l'Espagne. Ben, ils m'ont demandé si e n'avais pas travaillé chez M. le comte. J'ai dit que si. Ils ont dit que M. le comte avait été un grand savant du langage, et comme quoi il traduisait un document délicat juste avant de mourir. Que ce document, on ne l'avait jamais trouvé. Et que si. on remettait la main dessus, la science y gagnerait, que sinon ce serait une grande perte pour l'humanité. Que eux, ils appartenaient au service des recherches spécialisées et qu'il y avait une prime de cinq millions pour qui permettrait de récupérer le manuscrit. Moi, que voulez-vous... J'ai pensé à maman. Je voudrais la mettre dans une maison mieux que celle où elle se trouve; un endroit où elle aurait sa chambre pour elle toute seule, et où la nourriture serait meilleure. Et puis M. le comte était mort, après tout. Et alors... - Tu leur as remis le papier? - Oui. - Tu J'avais à portée de main? TIPIE-M'EN DEUX, 136 - Il se trouvait au fond de ma valise, entre l'étoffe et le carton de cuir- - Et c'était comment, ce manuscrit, Riton?. Félicie cloche un peu. Elle murmure que si nous n'avons plus besoin de rien elle va s'aller coucher. Nous laisser bavarder tranquillement. Je lui fais la double bise-du soir. Riri se lève, fort pour prendre congé. Maman exit- Je civilement, réattaque - Hein, Riri, le manuscrit, il se présentait sous quelle fonne? - Boff, C'était un parchemin, plein de caractères chinois. Assez grand. Epinglés après, il y avait les feuillets de M. le comte. - Ils étaient rédigés en français? - Non, en chinois. M. le comte avait traduit du vieux chinois en chinois d'au - jourd'hui. il est mort avant d'avoir traduit du chinois d'aujourd'hui en français de maintenant. Enfin, je suppose- - Et ils t'ont donné le Pèze tout de suite, les deux types? - Oui. Recta- Y 9 en a un qui est allé le Prendre dans leur voiture. - Curieux de laisser tant de fric sur un parking, non? - Ça, oui. Mais ils devaient fermer à clé. - Et le pognon, où est-il? - Dans ma chambre du Saint-Hubert, caché. Mais je suis prêt à le rendre. Le rendre à qui? Le téléphone éclate tout à coup dans la baraque. Impérieux, sinistre à cette heure indue. Depuis le haut de l'escalier des chambres, Félicie me demande à la cantonade : - je dois répondre? jeux, tu ne m'as toujours pas - Oui, et si c'est le V VU. CEST POUR OFFRIR 137 La sonnerie cesse. Le voyant vert reste allumé un moment sur le poste du salon. M'est avis que ça ne doit pas se passer formule. Enfin, le déclic et la loupiote s'éteint. Je me rends au bas de l'escalier. M'man est en haut, plus pâlotte que de coutume. - C'était lui? - Oui. Furieux. J'ai l'impression qu'il ne m'a pas crue e 1 pauvre Il faut dire que je m ns s' mal, mon grand... - Qu'a-t-il dit? - Qu'il entendait pouvoir compter sur ses colla- borateurs et que sinon, il en changerait. Que cette partie de cache-cache avait assez duré. Il t'attendra à son bureau demain à dix heures, si tu n'y es pas, il confiera l'affaire à quelqu'un d'autre. Il s'agit d'une chose très importante nécessitant ton départ à l'étranger. Elle est tout angoissée, M'man. Frileuse de crainte. Et pourtant pas mécontente de me savoir ici, en bisbille avec ce foutu Dabe qui passe sa vie à m'arracher à celle de Félicie. - Ne te tracasse pas, M'man. Va dormir. T'ai-je dit que tes r-is de veau étaient de première? Ils méritaient les clés d'or de Gault et Millau. Je reviens au salon. - Attends-moi cinq minutes, Riri, je monte me fringuer, on va aller faire un tour. - Vous m'arrêtez? bredouille le malheureux. - Non, sois tranquille. Mais son regard reste lesté d'incrédulité. Alors j'explose : - Ecoute, fesse de rat, non seulement je ne t'arrête pas, mais de plus tu garderas le blé. Je suis un poulet accommodant, non? Il soupire : Vous dites ça... .mes ta vieille, hein? Bon, MO', Riri 1 Tu ai si je te jure sur sa vie que je te dis j'adore la mienne, la vérité, tu me @@oiras? Là, il se sent délivré, soudain. Comme ça.@ oui. Alors bois un coup de cognac, la bouteille est sur la desserte. c nt où je franchis le pont Ile Saint- est au morne evient : ud que ça nle r . ié Pinaud. il a dû CIO j'ai encore oubl Nierde! 'endormir aux chiottes- s LA VEINE j,Al DE E LA CHANCE D'AVOIR D La Paris Détective Agency- dette. J'ignore il y flotte l'obsédant ParÉum de Clau la la marque du sien, niais elle doit se le passer a e ça fouette tant pareille- lance d'incendie pour qu . te à l'agence, oi, sitôt que je me poin m@nt. M s 1 s sensuels, je suis particu- j'@,ternue. Cornnie tou e lièrement sensible aux odeurs. je pousse la lourde de mon bureau. - Entre, Riri! Lumière. Il est in',imidé par le " dizagne " du lieu. Cézigue, à servir dans un château, il s'est accoutumé à cette chierie Louis XV-XVI et la suite (plusieurs lignes groupées) que les belles demeures abondent (1) aussi 1'ultra-rnkerne l'impressionne-t-il- @ Je lui montre un fauteuil et vais rn asseoir derrière mon burlingue qui ressemble un peu au tableau de bord du Jumbo- inple. Il suffit que je te prends le bigophone par exe (1) Note pour les écoliers. je devrais écrire "Qui abonde dnns les belles demeures ". mais je trouve plus intéressant comme @a. C'est pas seulement les mots qu'il faut violer, mais également les phrases. 140 TIRE-MEN DE@@X, j'appuie sur une touche au nom d'un de mes collaborateurs pour que son numéro se compose automatiquement. Si j'actionne un deuxième bistou- gnet, la conversation passe par un ampli et tout le monde peut la suivre et y participer dans la pièce. Détails parmi cent t'autres û,accentue la liaison pour compenser cclle de Béru qui dit toujours cent z'autres). Là, j'enfonce la touche chargée de me délivrer la communication avec Mathias. Un cliquetis saccade se répand dans le silence entier de mon bureau. Et puis la sonnerie d'appel. Sonne que sonneras-tu. Dc,,t draguer dans les bras de Morphée, l'artiste. Enfin on & oche et un 1 d r t mbre féminin aussi sympa que le coup de frein brutal d'un tramway retentit. - Qu'est-ce que c'est? e vous réveiller, madame Mathias, j'ai - Pardon d besoin de parler d'urgence à votre éPOux- Un silence serré comme le collant d'un danseur Suit. Puis la mégère murmure - Parier à mon mari? - Je sais qu'il n'est plus l'heure des causettes, chère amie, ma's le travail commande et... 11, 0 au Re-silence, macéré dans du vinaigre d'alco 1 piment rouge- Dites-moi, monsieur le cornmissaire, je croyais qu'il passait la nuit avec vous. mon rnari- " (ils ont Bloing! La tuile. F-n anglais " the tile mme disait supprimé le " u " parce que 1'u rit noir, CO mon vieux Léon qui faisait de l'à peu près une science exacte). Un qu'imperturbe, dans ces cas OU t'as intérêt 1 t d'avoir ton flacon de seif-contrô e à porlée de la main, c'est bien le gars moi-même, fils unique et préféré de Félicie. f'é besogne délicate, en Je lui ai en effet con i une CEST POUR OFFRIR 141 lui précisant qu'il Pourrait rentrer chez lui sitôt qu'il en aurait terminé. Il faut croire qu'elle se prolonge. - Oui, grince la vilaine girouette gothique, il faut croir.-. Navré de vous avoir importuné, madame Math'as... Bonne nuit. Sa Inuit, à la Petite agresse, je peux pas Me prononcer, mais ce qui est certain C'est que le matin de mon rouquin ne chantera pas! Je vais laisser un mot à son labo, des fois qu'il aurait la bonne idée de passer par ici avant de rentrer at home, ce noeud coulant! Aittends-moi, Riri! en et venues Mais il pionçotte déjà, style Piniuche, J'anci larbin du comte, harassé par trop d'a lées riches en émotions fortes. Je traverse l'entrée odorifiée par miss Claudette et pénètre dans l'antre de Mathias. M'arrête, interdit, surpris, vite émerveillé. Et c'est Il est laguche, le rouquemoute. Pas seul : la môme ê agnie de sapeur. Qu'imagine la, Smonmiae luuinteiencto Imapplus belle des comp gnies. a veux-tu, nue de la partie sud, étendue sur sa table de travail du rouillé, les jambes en position de bras gaulliens, ses talons reposant sur les épaules de Mathias, lequel se tient à la verticale et l'oblitère lentement, que dis-je : langoureusement, à coups de reins méthodiques et attentifs puisqu'il tient une puissante loupe à lentille qu'on vexe entre son regard de chercheur et son zob de trouveur. 1-u réalises bien la sc ne? M@)n arrivée provoque un ralentissement dans sa gesticulation phallique. Sonia tourne la tête vers moi et s'exclame. - Mais c'est Antoine! Bonsoir, Antoi'ne! Tu as vu la façon de baiser de ton biondinet? Je te jure que c'est un cas, ce type! Et quelle santé! On a dû limer 142 TIRE-M'EN DEUX, d puis cet après-rflidi. J'ai les au moins dix fois e jambes en caoutchouc. ur, Sonia. Certes, elle Elle est belle, dans l'amo t, mais les commet des fautes d'orthographe el' parl,, la fautes d'orthographe font bon ménage avec oute évidence jouant les Pygrnation du sincérité. De t e t t radada avec Mathias, elle obtient d s résul a s appr&iables- sa Mathias se rebraguette prestement, bien que freinée par l'absence de rnanoeuvre soit quelque peu souplesse de son paf- regarder. Il craint une semonce. Tout il n'ose me lui ferait archique autre que rnoi supérieur hier ' n laboratoire n'est Pas un baiso- remarquer qu u ais la vie, ses tenants, drome- Seulement je conn ID Elle m'est boutissants, faiblesses. Je la ratique- a - bon ensable. Qu'à quoi dès lors, dev nue indisp n se pardonnerait si reprocher à autrui ce qu 0 i-même? Hninirn? volontiers à sO u-iié, iui dis-ie, l'usage de ta loupe me Cher Ro 1 plan de la volupté, trouble, si je puis dire. Au saurais-tu rn'expliquer son intérêt? sim hoche les épaules et hausse la tête ultané- m embrouille dans "énoncé ment, ce qui fail qu, je de ce double inouvement- vous dire, monsieur le Eh bien vour tout acroco - jè ' is fasciné par la vision rn s commissaire, su tant d'ailleurs que par sa rnique d 'univers tout au e 1 agrandisse vision microcosmique- Le phénomène d' ent et celui de réduction exercent sur moi un attrait m nanisme rfie passionnent. igantisme et r. particulie ont provoqués, une espèce ils constituent, lorsqu'ils s surtout a 0 phose. Un CoIt, ar mét m r de poésie p evêt un intérêt bien plus lorsqu'on en est j,auteur r e grand s'il est surdirnensionné. Dans le cas présent, i on sexe pénétrer celui de Mlle Sonia et regardais m d un aspect j'étai s béant d'adrniration. L'acte pren CEST POUR OFFRIR 143 inconnu qui le sacralise. Pourquoi le poster connaît-il une telle vogue, monsieur le commissaire? Parce qu'il disproportionne ce que vous savez déjà sous un aspect immuable. Je voudrais vous faire comprendre tout le... Merci, l'interromps-je, et repos : j'ai parfaite- ment saisi la subtilité de ta démonstration, Rouquin. Tu es un poète de la baisance, seulement, comme tous les vrais poètes, tu es plus vicieux qu'un ouistiti. Navré de vous avoir dérangés, mes amis. Je vais me retirer très discrètement afin que vous puissiez achever dans le calme ce que vous aviez si bien commencé. Non, non, proteste Mathias, l'élan est inter- rompu. Si Mlle Sonia le permet, nous reprendrons cette conversation demain entre midi et deux heures à l'hôtel de " LEquaieur et des deux hémisphères réunis ". J'apporterai des sandwiches et une thermos de café fort. Sonia la tope. Je lui demande s'il convient de lui appeler un taxi, ce qui est une fin de foutre-à-la-porte presque élégante. Elle répond que non-non-pas-la-peine-je- vais-aller-prendre-un-pot-au-Glandulairs Bar-rue-de- Ponthieu (dont il ne faut pas prendre les enfants pour des canards sauvages). On la regarde, avec intérêt, voire émotion, réintégrer sa culottette si mignonne, si superflue, puis son collant à la con, se draper dans sa jupe a plis froufroutants, et enfin monter dans ses chaussures à hauts talons, la chérie. Combien c'est gracieux, une femme. Ses gestes, volumes, mimiques. Sa grâce, sa sensualité. Qu'on ne les baisera jamais assez, ces rares salopes. Sublimes fumelles, nom de Dieu! Avec plein de cul et nichons, volumes divers, d'été, de demi-saison. Fentes enfiévrées. Sourires damneurs. CEillades assassines, les gueuses meur- trières. Et tout, toujours renouvelé, convoitant, 144 TIRE- MEN DEUX, certain. En plus, des garceries connasses à vouloir t l'égalité avec nous au res pom mes à l'huile. L'égalité avec nous qui vivons à leurs pieds mignons, à leurs genoux bien lisses, à leurs chattes- mignardement frisées. Hmrn, y'a bon Banania! Egallté de quoi, Mes reines? Egalité Pourquoi, mes déesses? Egalité pour crever en même ternos que nous, vous qui nous survivez si bien? Egalité pour evoir baiser . n,avez qu'à sous condiction d'érection, vous qu' c'est bons " -a er " ah! qu ouvrir les jambes et à bi m 1 vous qu'on enterre avec Egalité pour devenir chauve our marcher des tignasses de horse-guard? L'égalité P au pas, dans les défilés militaires, vous qui semblez si connes quand la chose vous arrive, avec vos dou- f rm 1 n dounes ballottantes sous l'uni o e. Ah, sa g Dieu . Ous passe par la tête ou de connes, qu'est-ce qui v n s'entretue, . 'V ailleurs, mes drôlesses' .0us, Pour qu' 0 vous, pour qui on se ruines J-en ai vu, en train de pivoter avec rnoi, si combien dérisoires dans leurs rebellions de sa on p-étret d'arguments, vue pres- 1 1 é te fermera le bite de l,esprit- Gamines! Tiens, suce, ça clappoir à débloquer! Sonia s'en va, cliclaquant Et poum, patatraque, la arbre, tortillant son exquis des talons sur le sol de m ffl toute prose, eniportant son parfum, ses e uves, a présence. Un baiser à chacun. Elle l'exquiserie de s thie, histoire touche le noeud de Mathias, par syrfipa tiel, de me de lui accorder un petit régime préféren rendre jalmince. Mais moi@ tu peux aller la faire foutre! Mon obsédance, c'est Mado Moulfol, et point à la ligne. J'y vais. par J'y suis : face à mon rouquemoute télescopé e ma souris. On est à la ligne tous les deux, les Y ux X. Et on y est bien, ça détend. On ne va dans les Yeu rna ,,if à présent, igne. 'écri jamais assez à la 1. J s trop sébuts, j'avais trop compact. J'abondante. Dans mes d CEST Pot,,R OFFRIR le sens de la Petite phrase rt 1 p 1 145 entra,, et hOp, à la ligne, pas d'h toir Les Pages de cou e i:s, POussa a or e et mes Polars d'alors ressemblent à des bandonéons étirés. Maintenant, je suis un vrai pro, un vrai pproust, je peux me permettre d'affrlonter les longs aragraphes à changctnents variab es. Des derni- pages sans points, parole. Je pagaie à la virgule. La maîtrise, quoi, n'ayons pas peur. Le langage, c'est un cheval sauvage. Au début, quand tu l'entreprends, tu te crois à un rodéo. Et puis tu le domptes et te voilà écrivain de jumpinge : bombe noire, culotte blanche, veste de velours, à te rire des obstacles, enlevant ta monture du genou et du poignet : saute, Ernest, saute! Faut que ça saute! Et ça saute! Tu te paies des sans fautes, qu'à peine t'écornes une haie, parfois, en inadvertance. Et bon, tu continues, continues, ta langue devient haridelle dodelinante. Cheval de e corbillard. Moi j'insurge. Me laiss rai pas avoir. Mon manège à moi, c'est moi! Je continuerai de me tourner autour. Il me semble que j'avais quelque chose d'urgent à te dire, Mathias, je murmure en le regardant jouer avec sa loupe coïtal'e. - Ne cherchez pas, ça va vous revenir, il rigole, J'apôtre. - Oui, probable. J'ai la tronche ailleurs aujour- d'hui : j'oublie Pinaud dans tous les coins et mainte- nant, avec toi... Bon, arrive, je suis avec un citoyen que je voudrais te confier. - Pourquoi faire? - Un ou deux portraits-robots. N'est-ce point là l'une de tes spécialités? La Rouillasse soupire, avec un peu de détresse dans l'exhalaison Tout de suite, commissaire? Et même avant, si tu le peux. 146 TIRE-MEN DEUX, point nornnié et à Je vais quérir Riri. il dort à m e les boxeurs- poings fer és, cornm . Un mec qui en Je ne le réveillle pas tout de suite Sans écrme est révélé a,celui qui le contemple: examen. Alors je l'examine. F-t défense, il s'Offre à 1 quand il pioncé, il n'a pas l'aii7 une chose me frappe: , . bêtasse qu'il arbore u tout. Cette i)hysionornie con 'ne semble génér@ lernent a disparu. Frappant. il au personnap-e. découvrir un nouve M'étant repu (le lui, je lu' rallume ses fanaux, se redresse. - Hein? e(- moi, J'artiste. - Viens av présentations rapides. i,expliciue. e 'est un . rtrait-robot? c qu PO Riri, sais-tu journaux? Comme dans les., st un orfèvre en voilà. M. Mathias ici présent e 0 ter les deux types (Ui la matière. Tu vas lui rac n r ordre, t'ont acheté les documents- procède pa posérnent. Cornrnence par celui qui t'a le plus souviens le rriieux- EyPlique bien fra peu,, compter sur toi? tot ai les cannes en plomb. Un coup d,, rou@ ille ne rne rait s de mal. Pendant que mes pa vais pouvoir rn'offrir une deux lascars oi nt je ronflette- tne voici allongé sur le canapé de mon bureau Et 'ai la tronche trop LC sommeil tarde parce que ' j q basse. Je me nlets à phosphorer dans le noir, ce Ui illumine positivernent la pièce. reminent je tne dis: " C,est une histoire appa compliquée, mais qui doit être très simple "- t c tte certitude? D'oU me vien e personnages, ceux que j'ai Je passe en revue les sais pas grand-chose rencontrés et ceux dont je ne tapote l'épaule. Il CEST POUR OFFRIR 147 le pauvre d'Alacont sur son lit de misère, les Mou'Ilechaglate un peu tordus, tout feu tout flamme et grandes gueules, Marie Tournelle dans son hospice kafkaïen, et qui fut. jadis, la déniaiseuse du comte de Bruyère. Son fils, le Riri plus ou moins pincecomé, qui reconnaît s'être approprié les fameux documents chinois et les avoir vendus. L'épouse morte mysté- rieusement en Grèce peu de temps après son mari. Une actrice anglaise excentrique, vigoureusement haïe par les larbins du comte. Et puis, Léon de Hurlevon qui déniche des parchemins dans une potiche vénérable et qui se tue à moto le jour où est tué le comte, sur la route conduisant à son domaine. Et encore ces gens soudoyant le domestique... Qu'est-ce qu'elle manigancerait avec tous ces produits de la femie, la mère Christie? Elle le reconstituerait comment, le puzzle? Manque-t-il encore des pièces? Ou bien me suis-je embarqué dans une affaire toute solutionnée? Mon pif! Il a bon dos, si je puis dire. Mes impressions aussi. Maigret! Tu parles: maigrelet, ouichtre! Le neveu est le coupable idéal : voyou, acculé, visite inopinée à son tonton q 1 u'il ne voyait jamais, va se balader dans la forêt où le comte baise et chevauche, l'aperçoit mort. tué avec son propre pistolet! 'Yayaille, résumé aussi abrupte- ment, tu ne mets pas un fif sur le numéro de son dossard à Gaspard. L'infortune de Gaspard! Et comment qu'il est le coupable rêvé, désigné. Qu'ils ont bien fait de l'embastiller et condamner, je gage. Et moi, Grosse Glande, parce que Mayençon Clovis a fait des photos de sous-bois, je prétends annuler ce qui precede, tout recomposer autrement. Le torticolis me prenant, je cherche quelque chose à me filer sous la nuque. Ne trouve rien de mieux que l'annua're du téléphone. Un peu duret, mais quoi, les Il Japs dorment avec une bûche de bois en guise d'oreiller, à ce qu'on m'a dit. Tu m'objecteras que 148 TIRE-MEN DEUX, ces cons-là ont les cervicales blindées et le trou du cu plus grand que les yeux, certes mais enfin ils savent ce que c'est qu'un traversin; alors s'ils ont choisi la bûche, c'est qu'il y a tout de même une raison, non? Du moins c'est ce que je pense; toi, tu fais comme tu veux, hein? J'oblige personne. C'est dans le menu courant de ma vie que le destin se manifeste le plus volontiers. Au moment où je vais disposer l'annuaire contre l'accoudoir, il choit sur la moquette. Je le ramasse. Et... Mais non, tu ne vas pas me croire, t'es bien trop sceptique. Et moi, je suis ton antiseptique. Et pourtant. Tu veux que je te dise'? Le veux vraiment? D'accord. Mais auparavant on va laisser passer une page de publicité Son entendeur, salut! ou pour un gnon. -Ne gaspille pas ton sens auditif pour une ouïe Au lieu d'écouter aux portes, écoute plutôt les émissions de Pierre BLr-_LLEMARE. n Pierre BELLEMARE, l'homme qui ne laisse rien E quêt s-Variét s--Filatures. passer... sauf les pages de pijblicité! Donc, l'annuaire a chu, je l'ai ramassu et regardu machinalement. Voire... Tu crois souvent à la machinalité de tes actes alors qll'ils te sont dictés par l'instinct. Ah! l'instinct, quelle performance! Que lis-je, au sommet de la page droite, donc une page impaire, passe et manque, un nom. Lr"EST Po("R OFFRIR 149 Un nom tout seul au-dessus des autres parce que c'est celu' Hurlevon. ' qui commence la Première colonne Abruti comme.ie te sais, t'auras peut-être oubl,'é que c'est là le pat@onyme du photographe de Presse qui découv rit1le manuscrit ancien dans la p@ chinoise. Je te e remémore à toutes fins inutiles. tiche Hurlevon. Tout en haut de la pa doit (i). ge... Comme il se Je lis : HIrlelOn (de) Jasmine. 14.1 rue de l'Abbé Désange, Paris 8. Tél : X (2). J'ai Omis de demander au Gravos l'adresse de feu Léon de Hurlevon. M - sienne. De a ts peut-être s'agit-1.1 de la toute manière, il n'exi Hurlevon datis 1 'annuaire. ste pas d'autres Ma tc>cante indique zéro heure quarante-huit (c,est 1 1 al g de ces breloques à la une montre d'g't e à uartz, con qui mobilisent tes deux mains avant de te donner l'heure : le -gn PO' et gauche Pour la Porter, la main droite Pour déclencher son cadran lumineux. Ce n'est 1 Pas ne heure décente Pour tuboph ne,, je e sais. Mais il se trouve que mon somme que je me sens infiniment il s'est volatilisé et disponible. Voilà Pourquoi je vais M'asseoir à mon bureau, mijoter des 1 9 n tle, toujours à gardera' bien de te rêvé er, pauvre 0 e arin de composer ce fameux numéro que j me plaisanteries de débile invertébré. ' Le Seigneur, qu i n'a rien de particulier à fl-che, cette nuit, est avec moi, car le bignou n'a pas ie temps de grelotter deux fois- On décroche. Une voix férn' n 1- 1 s 1 "1 'ne, P u incisive que mes huit réunies dit: J'écoute ". San-Tantonio (comme ils disent tous, Ces cons, en (1) moi, j, . (2) Je ne te révèle pas le numéro, dg faire farter l'abonnée. es fois que t'aurais l'idée de mais t'es pas obii é. 150 TIRE-MEN DEUX, oubliant mon mignon trait d'union quand ils écrivent mon blase, pour comble) plonge. - Pourrais-je parler à M-e Jasmine de Hurlevon? - C'est moi. Je me ramone la gargante. mais êtes-vou Pardonnez ma question, rentée à Léon de Hurlevon? - Je suis sa veuve, pourquoi? Je pousse un glaoupe de joie irrésistée. Kif le mec qui veut s'éviter d'exclamer " Dieu soit loué ", vu que ça ne se dit plus beaucoup dans les salon5 littéraires. Ici Edgar de Triage, fais-je, pensant qu'une petite particule vite-fait-sur-le-gaz ne fait pas mal dans le tableau pour parler à une de Hurlevon, le fût- elle, la futile, par alliance. - Oui? Elle attend la suite. Prudence est mère de la Sûreté Nationale, comme chacun sait. J'ai été l'ami de Léon, jadis; nous avons fait, 1 notamment, un séjour en Chine Populaire aux basques d'un ministre à la noix. Il a dû vous parler de moi? Ce toupet! comme disait Mayol. La veuvette réfléchit. Voulez-vous me rappeler votre nom? Edgar de Triage. Elle place un silence entre ça et ce qui va suivre. N'avez-vous pas un sobriquet? me demande- telle. J'hésite pas J'en ai même plusieurs. Duquel ce pauvre Léon vous a-t-il parlé? Elle ricane : - Houmf, pas très correct. - J'en ai entendu d'autres. - Big-Noeud! s appa- CEST POUR OFFRIR Me@de, 151 hasard, non? V,là 'u liras pas, mais c est admira qu - ble, le e Je cadre Pile au des riptif. Yes, madame. C c Vous connaître, je m onrne _ie n'a' pas le bonheur de Vous se abstiénd- 1 rvir ". D' aille,rs rai d'aiouter " Pour a rive de Hong-Kong, et je n'ai e i 1, ce serait d-'Placé. ljites@ qui rendre visite. on ne Personne à Paris à i) Pourrait Pas se rencontrer Pourcauserun eud Léon? - Volontiers-, dite elle sans, tu s gner. ais quoi? Barglli_ - Quand? haleté-je Elle Pose la questi 'n - o@ 0 queje n'osais espérer u êtes-vous, là? - RoissY-Charles d' - si z e C;aulle. pot. VOUS n'ave pas sornmeil@ venez Prendre un SOm eil! J'ai do i dans cale de rn rrn avion depuis j,es_ Bombay. O.K., j'arrive. embête pas? Mais ça ne vous - Pensez-vous@ ne puis la la, une occasion de Parler de Léo isser passer. ie J'aurais d Surnommé U e ffer que Léon de Hurlevon était Léo! Je file au cabinet de toilette me donner un Detit COUP de rasoir et me lotionner un peu la frite. Au labo, Mathias e soigneuse st en t ment l'ami Riton. TOU rain de décortiquer d'amande douce. t baigne dans l'huile 'V C'est seulement une f is dehors q,,e j, me s..- iens de ce . 0 qu'il fallait dire au Rouillé. Je ne l'a, Pas averti du coup de fil de sa bonne femme. On aurait dU la rappeler fissa, 1 - Pour le couvrir. Sa Ui et moi, moi je te le dis. r reii'rée ne sera pas fan allse, UNE LUEUR A TRAVERS LES POILS Chouette bâtisse, un peu fromageuse comme toutes celles des années 30. Ça se présente comme ça : t'as un porche, du genre pompeux, puis un grand escalier majuscule, avec marbre, tapis, ascenseur et même une statue de bronze dans une niche qui représente une Diane chasseresse (t)our l'instant, je te dis, elle chasse pas puisqu'elle i@t à la niche). Un petit écriteau annonce que pour Jasmins de Hurlevon, c'est l'escalier à droite dans la cour. Alors, la cour. Oui : v'là J'escadrin annoncé. Une porte vitrée en protège l'accès. Elle s'ouvre sans difficulté. L'malier est un peu raide, en bois, recouvert d'une moquette éliminée. Il conduit d'un élan à une espèce de palier-cul-de- sac encombré de plantes en pots, toutes plus grasses l'une que l'autre et où s'ouvre une porte provisoire- ment fermée. Je subodore un petit appartement mourant, douillet, dans le genre atelier, comme on n'en trouve qu'à Pantruche; quelque chose d'un peu guingoiseux aménagé dans quelque excroissance de l'immeuble. A présent, ils font du fonctionnel, bien rectiligne, et c'est fini ces coins de rêve pour artiste pécuneux. Je sonne doucettement. Ça fait un peu carillon 154 TIRE-MEN DEUX, alpestre à l'intérieur, sur trois notes frivoles. On vient m'ouvrir. Je m'attends à tout, mais c'est le reste qui m'accueille. La veuve Hurlevon, . je la figurais dans les gonzesses d'une trentaine de bougies, un peu avachie mais pas trop blette. Tu sais? la nanoche en futal de velours, chandail trop ample en grosse laine temasse. Je voyais un univers enfumé, du désordre, une ambiance bordélique, quoi. Le fait qu'à une c me connaître me plombe du mat on me onvie sans donnait à croire. Foin, mon pote- Foin, foin, foin 1 ie te cause, la veuve Hurlevon, est La personne que _ he délibérément sur sa quaran- une dame qui marc taine, m is comm nt! Attention, les rétines' Abaissez a e Chaussez vite vos vos visiè res, sieurs et danles- lunettes polaroïd- Dedieu, la belle bête! C'est un lot, 'est une affaire! De la jument de haulte race. Pure- c silhouette' Quelle allure' sange! Quelle classe! Quelle nt mieux)! Quelle fête pour J'ceil (en attenda Grande, blonde, le regard d'un bleu de " lapez-la- , Un port épique. Une grâce, Julie " comme dit Béru s coi, tu une beauté, nananère! Tout! La fée! Tu reste s envie de lui supplier de ne plus deviens coït. T'a elle pour la regarder bouger et de t'asseoir devant tout bien, partout, sans rien laisser perdre, que rien out pas. Elle norte une espèce de ne t'échappe surt 1), bleu x impressions héroïques robe indienne au bordel 1 foncé avec des ramageries bronze et ocre, racelets Des spartiates dorées, oui! Et puis des b Et sa anciens, des colliers plus anciens encore. coiffure! Sa coiffure, notn de Zeus, sa coiffu,el (1) pou quoi pas héroïques? Tu souhaiterais quoi d'autre à la r e e is un auteur malléable comme un place? Biffe et 'enplac , i su sectaire pour un franc, Pas du tout masque en caoutchouc; et pas agrippé à son texte. in CEST POUR OFFRIR 155 Ploufignal, ce gradinge, ce Comment qt"on arrive à ça? Cette harmonie, S ce mordurond, ce cho e, Elle me sourit. La grande dame! C tt a aire les finit par être particulière, ayons pas peur de calembourer dans la vase. Derrière la dame, je distingue, en partie, son logement. L'écrin est digne du JOYau, comme J'écri- vait Robbe-Grillet dans son r SU moustache sans poils. Tou T aité onirique r la bioutifoule, délicat, subtil. Franchement déroutant, t tendu de tissu véry sans charme. J'en connais des photographes de presse, j'ai beaucoup de potes dans cette honorable corpora- tion, je dirais même des chiées pour être plus précis, alors tu vois! Eh bien, aucun d'eux (ou d'oeufs car j'en sais qui sont chauves) n'a jamais possédé une épouse ni un appartement pareils. Never! - Déjà! gazou'Ile-t-elle en me jaugeant d'une oeillerie féconde (I)l - A cette heure, les artères sont dégagées, fais-je observer. J'entre. Inouï. Le grand super luxe. Pas celui des z'ensem- bliers-décoramerdeurs qui uniformisent les apparte- ments à partir d'un certain niveau de vie. Moi, 'ai des relations, j'sais jamais chez laquelle que je me trouve, tant tellement leurs crèches sont identiques, haliticinantes de pareilleté, avec les mêmes tentures, gravures, meubles, canapés, plus mimétiques que les F 3 des Mureaux ou de Sarcelles... A croire qu'ils raffolent tous des mêmes chieries impersonnelles et qu'ils complaisent dans J'anonymat de luxe. Le buffet campagnard gratuit a porté ses fruits (de la Passion), les gars. Bravo! (1) Là aussi : oeillerie féconde. tu peux remplacer si ça te fait chier, n'hésite pas, j'écris pas pour la gloire! qlloi! pleine de particu C e ff 156 TIRE-M'EN DEUX, Chez Jasmine de Hurlevon, c'est raffîné. Rare, mais je même. Je ne suis pas d'accord sur tout, 1 reconnais franchement la qual'té très affûtée de ilenSeMble- d, mais si feutré, si Le livinge n'est pas très gran gourr'nand. Une chaîne Hifi hifise une mélodie suave, un énorme bouquet de fleurs savamment agencées met de la joie dans la pièce. 'absorbe Elle me désigne un fauteuil très bas qui m jusqu'aux épaules. ous offrir" - Que puis-je v J'aime ses Yeux, sa couleur, son parfum, ses fringues, son sourire, ses formes, ses d,nts, son bouquet de fleurs, sa musique douce, son fauteuil, ses mains, ses bijoux, sa cordialité. Et je suis prêt, archi- prêt, à vénérer : sa chatte, ses seins, son nombril, sa peau, son whisky pur malt et sa technique. Evidern- ment, rien de comparable avec Mado Moulfol- Jasmine, tu comprends, elle te donne envie, la Mado, elle, t'emporte. indécent de m'étendre sur cette Mais il serait dernière au moment où je convoite une autre personne de son sexe. - J'aperçois sur cette délicate table, entre autres merveilles, une bouteille de pur malt dont je boirais volontiers quelques gorgées, réponds-je- - On the rocks? elle demande, ce qui fait toujours très con, à mon avis, dans une conversation u'à quoi bon s'échiner à créer des française, merde, q C nglais! néologismes si c'est pour se foutre à ja ter a si vous voulez bien, Juste avec un glaçon, rectifié-je. e Elle me virgule un gentil sourire, style r çu cinq sur cinq, pardon : f-ive on f'ive! - Ainsi vous étiez un ami de Léo? - Et un bon, fais-je, pour couper aux détails fâcheux. CEST POUR OFFRIR 157 Vous faites dans la Presse, vous aussi? Non : l'administration. J'étais rattaché aux mon vieux Léo n'est plus? 1 Affaires Etrangères... Ce scotch est fabu eux. Ainsi - Comment l'avez-vous appris? - Des confrères à lui au@@uels je demandais de ses nouvelles. Un accident, n'est-ce pas? Hélas. - De moto? - Oui. e Elle a pris place en fac de mol, a croisé ses jambes, mais en rajustant bien sa robe, l'idiote, pour la faire tomber le plus bas possible. - Ça vous ennuie peut-être d'évoquer ces vilains moments, madame de Hurlevon? - Au contraire. Ouand vous l'avez connu, il avait encore sa barbe? - Bien sûr. Elle sourit nostalgiquernent. 7 A l'époque, 0-n-l'avait surnommé Noé, je ne sais pas pourquoi... SUrement @ cause de sa barbe. - Comment est-ce arrivé? Je veux dire, l'acci- dent? - Dans une ligne droite, un chien errant traver- sait la route au moment oU il arrivait à plus de cent cinquante sur sa moto. Il a été tué sur e coup. Il y a eu des témoins? 1 l'a décou- Non, un représentant de commerce 1 vert, disloqué au milieu de la chaussée. c omment en ce Cas sait-on que c'est un chien qui a provoqué l'accident? - Le cadavre de J'animal gisait près du sien. Un temps, le disque vient de changer, maintenant ça musique à base de guitares, un truc sudamerlo- que : les Andes, tu vois'? C'est moche, sou 'ité-je. p Je regarde autour de moi. 158 TIRE-MEN DEUX, - Pardonnez-moi cette question, mais vous avez l'air de vous en sortir, non? - Mon père est dans les sucres. - Eh bien, c'est une bonne idée, encore que, de nos jours, tout le monde se convertisse aux édulco- rants pour échapper aux bourrelets. Je n'ai pas revu Léo depuis notre voyage en Chine Populaire. Là, je place un petit rire attendri du meilleur effet, le genre de ricanement qui se doit d'être suivi d'un pleur pudiquement écrasé à la dérobée de manière à C. ce qu'il n'échappe à personne. Ce dont i une n, e - Je me souviens qu'il avait acheté é rm potiche ancienne, reprends-je, je l'ai même aidé à la transporter jusqu'à l'aéroport. Elle hoche la tête. - Il l'a brisée, me dit-elle. - Non! Après tout le mal qu'il S'était donné pour la ramener... Jasmine fait la moue. J'ignore pour quelle raison il avait fait une pareille emplette; comme vous pouvez le constater, la chinoiserie ne fait pas partie de nos goûts en matière de décoration. - Cette potiche était très ancienne. - Cela ne fait pas tout. - Elle n'était pas raccommodable? reprenez un scotch? C'était devenu une sorte de puzzle. Vous Non, merci. Et puis la converse tombe en panne. Maintenant, la belle Jasmine semble attendre. Mais attendre quoi? Je suis vanné, fourbu, rectifié. Mes paupières me brûlent. Pourtant, il n'est pas tellement tard. Faut que je pousse mon enquête, je ne suis pas seulement venu chez cette digne veuve pour la contempler en CEST POUR OFFRIR me disant que je lui 159 f r e a petites filles tnodàles. is 'volontiers soupeser mes A propos de cette Potiche... Oui? mo 0 Je liche l'eau de n glaçon P ur éviter d'avoir à a e 0 reg "dL r m n interlocutrice. . Pr - es gar qui Léo m'Ont raconté je ne sais quelle histoire de cornecul à s rn'on t a D is le décès dc Propos du vase chinois... 'Vraiment? p a r-c h e' Im i'Pn,a roauî tjrea int e qs auies qLu éo i ... y a rait d ni hé un Elle 0 u é c ne répond rien. Simplement, elle se baisse, passe la main sous les franges de son fauteuil et en ramène une sonnette qu'elle agite. Je n'a' pas tellement le te@-nps d'être surpris. Quand une maîtresse de maison agite ce g@nre de cloch ette, tu te dis qu'elle alerte un dornesti ue, non? on regard se dirige en conséquence vers q m Mais ce n'est pas la porte. Lne soubrette qui se Imagine un balaiie co u Pointe. chauve, façon Koja , k. beau mme n camion, très l'air à la fois S.- - e, bras de chemise@ v t impie cra a é, m déambule, ça prod et rès échant. Quand il celui Ult un rude froissernent pareil que tait J'éléphant en baguenaude dans laù savane. Son Pantalon sombre est tellement tendu que j@ai r e hàte de le rega d r s'asseoir. Un ventre proéminen déborde par-dessus. De nc)mbreuses cicat ' t Zèbrent son Visage, de-ci de-là, ie faisa -rices à un blouson de mo,.Ocyc iste constellé i. nt ressembler F,clair. il de ferinetures- a Son Pouce gauche enfilé dans son grimpant et il tient dans sa main droite un très ion Pistolet noir moiré de b u Il Inufle d'un bull-dog, le qui n'est pas sans évoquer - C'est jasmins. votre valet de chambre? demandé-je à 160 TIRE-MEN DEUX, Elle reste sans réponse, promenant ses ongles laqués sur ses lèvres d'un air dubitatif. Le gorille s'avance jusqu'à quelques encablures de mon fauteuil et jette l'ancre. - Debout! m'ordonne-t-il. - Ne serions-nous pas mieux assis pour causer? je lui oppose. Debout! répète cet homme peu aimable en décrivant une contre-plongée avec son feu. Alors, bon, je me lève, comprenant que c'est le genre d'énergumène qui tolère mal qu'on lui résiste. Pas exactement u n homme fort, plutôt un homme de force. Va te mettre face au mur! J'obtempère encore. - Recule un peu! Je recule un peu. - A présent, mets tes deux mains contre le mur! Docile, j'exécute la manoeuvre, laquelle me place en position inclinée. Le coup classique. Dans cette attitude, je ne puis. tenter grand-chose pour mon honneur, ma patrie ni mon roi. Je vais te fouiller, annonce le pistolero; si tu joues au con, je te largue tout dans la paillasse, tu piges? - Madame de Hurlevon, soupiré-je, signalez bien à votre valet de chambre que le sang ne part pas sur une Moquette. Il ponctue ma réflexion d'un méchant coup de genou dans les noix, chose que j'abomine. - Madame de Hurlevon, reprends-je, votre larbin doit être idéal pour déplacer le piano, mais question de style, vous devriez lui faire prendre des cours du soir. Un second coup de genou semonçard ébranle mes fondations. Après quoi, le gorille se met à palper mes fringues. CEST POUR OFFRIR 161 - Ah! il a un fe"! annonce-t-il tri phale e t en me délestant d'icelui. Orn rn n m cartes. explore d' une seule rna-- 0t Poursuit s n an e, cra onne mon p r e- L' èg rn 1) commode. 'n, ce qui n'e'st pas - Ah, @a a]Ors! s'exclame le cher garçon. e - Quoi donc? d mande Jasmins. - C'est un flic! Et quel! Merde, e co San-An tonio ! (1) 1 rnmissaire - ivrairnent! exclarn - Regardez! e mon hôtesse. Elle s'aPProche , constate. Par a uisitio de cons- cience, cornrne dit é @ ils c co - n B ru ons @itent mes autres papelards, trouvent la on-Cirrnation de rna presti- gieuse identité (2) et, C b exCUses. dès lors, se conf ndent e Le gorille a renfouili 'n rn 0 é s e n ue. 1 me tend mon ami Tu-tues et n larfo @@ ri g 1 Uillet, penaud. - Je vous demande Pa saire, vraiment, on ne p rdon, monsieur le commis- ouvait pas s'attendr ... C'est de votre' faute, e e chichiller la e aussi, S' mpresse de manière quiv U'12 , car les gonzesses, tu les sais? La elles savent retomber sur leurs joli s pap ttes, e@ toutes circonstances. Prises en levrette, a e Parfois, mais j'arnais iarnai- confiance. Pourq s au n dépourvu. Fais-leur n , comrn Lo' vous être a noncé sous un f ux om issaire? a - 1-a casaque de Policier est Parfois dur p rter, Plaidé-je. gui est ce monsieur? eà 0 Le Gorille rit - Un se )n, e r rni-confrère, cornmi c M ga de du corps privé. j@ét"a're- Je travaille 0 ais un p te de Lé (1) C'est p,s v u t, ra'- il n'a Pas dit " Et quel! Pour enca st'q Il mOn stand' @'- c'est moi qu'aioute POMPes, elles ne bri @nge, Si tu ne cires pas toi. - - @ (2) Idern. Ilent pas. inertie tes 162 TIRE -M EN DEF,'X, Ce soir, Jasmins rn'a téléphoné pour me dire qu'un type pas catholique cherchait à S'introduire chez elle, alor,% j'ai rappliqué. Jasmines, xpi ue. e lq Ii est évident que j'ai tout de suite su que vous 1 z n Uo n'a eu d ami b u ie , commissaire. Jamais mo - é affublé du sobriquet que je vous ai indiqu . En outre, il n'a jamais porté de barbe. Quand vous vous êtes C i 1 hésité à mis à me parier de la potiche, j n'a p us appeler l'oncle Tontaine- C'est M()i se présente le chourineur, mon M'a surnommé Tontaine. prénom est Gas;on, et on ' ' une flopée de neveux à oncle Tontaine parce que i ai ibataire et on la maison. Ma soeur est fille-mère-céi h,tbite tous ensemb,C chez Maman. Ainsi TontainC est tonton! Homme sympathique te tous les lorsqu'il est mlaxe. Le brave gars qui inven Tonton- matins l'eau chaude en allant aux chiches gâteau, bientôt gâteux- Individu d'élite, prêt à payer cash de sa personne. A mesure ue je le considère, je refrène mon envie de lui aligne@ un doublé dans le râtelier Pour me venger de ses coups de genou dans le baignouscoff- La vengeance est un plat indigeste, en fait, et qu'il convient de bannir de son existence, sans aller jusqu'à tendre l'autre joue toutefois. Non plus se, en ce qui me concerne. Bien. que l'autre fes présentations, moui; la Qu'est-ce qu'On disait? Les moui. Eh e cette intervention brutale, justification d bien, c'est à moi de causer. - Vous redoutiez quelque danger, chère amie? Elle semble un peu ennuyée par ma question (en g plus ou moins. Il rn, an lais: my question). est arrivé d'êtresmpernoadcuéiet par téléphone, notez que ça ne s'est pa d,cpuis longtemps- Ces menaces avaient trait à quoi9 CEST POUR OFFRIR Elle rne désign@ 1, fauteuil que j'OC 163 l'entrée du gladiateur. cupais avant A sseyez-vous, vous allez reprendre un otch, nous bavarderons. Et vous, oncle Tontaine, sc de limonade, comme d' habitude? Ce sera pour une autre fois, ma petite Jasrnin@, s'excuse le ch q ourineur, faut ue je re@tre donner le biberon de " notre " tout dernier, ça va être l'heure. Et il rne serre la main, qu'enchanté il est de m'avoir connu, et fa . t s e use pour a aniè ue i 1 e sc 1 rn re a je vous a traité mais allez donc savoir que l'intèm- Pestif personnage était le célèbre Santantonio, Tout ça, avec des frémissements de voix et de regard, des empêtrernents de doigts, et les ' gissent. Ouf: enfin seul. revi- Il @st Pittoresque, dis-je à Jasrnine quand elle ent ue la porte palière. Pour une femme seule, C'est parfait d'avoir un daube an de ce gabarit. Elle hoche la tête. rm - Il est très dévoué. Puis, revenant au gras du problème - - Comment se fait-il qu,un policier la , r décide d'aller rendre visite à que u un au milieu de la nuit? J'adrn ts - ue 'a m t doxe, conv, e q 1 é hode n'est Pas très ortho- 'ens-je. Mais l'affaire rebondit et j'ai pour habitude de conduire une enquête tan bour battant. vous pou ez lire Mes pola v rs, ça ne piétine j mais au- delà de deu 0 a x ou trois i urs- Je travaille en trombe. On gagne en efficacité. Quelle taire re a bondit? demande Jasrnine en - L'affaire de yere. be Bru jusqu'à terre, ce d ?ntje lui sais ré croisant les ja,bes, mais cette fois sans rabatte sa Elle sursaille : Iz . . - Quoi! Voulez-vous dire que Gaspard serait innocent? un verre cicatrices qui rou- Tip£ M EN DEUX, 164 ressauter ue VOUS connais- A mon tour de t ulez-vous dlll q - Gaspard! Vo sez d'Alacont? suis ;a cousine germaine? - 1 znorez-vous que je de réflexion, j'en mets Je @rends trois secondes is je viens rn'as@coir plus tard, et Pu deux de côté Pou' sur l'accoudoir de Jastninc- ,Vous savez qu'on entre de plain@pied dans le re? passionnant, très chè - pourquoi? u - e dire - parce q e 1 Mille foi parce - j vais vous Le noeud georgien, que! Je trouve enfin le lien! s éminents mpiaît à dire l'un de In" cornne se co est à la langue française ce que le collaborateurs qui . franche et Massive- président Carte, est à la connerie extraordinaire dans le fait que Qu'y a-t-il de s' ? rt entière je sois apparentée à d'Alacont arentée à pa Le fait que vous soyez app n(is-je sans - tergl- précisément, répo t,nasser, à d'Alacont, er, hésitation louvoyer, tnadarne verser, bargui sourciller. Oh, ine, à prendre de ga, vous appeler lasm d Alacont, M'e uvelle? l,occasion de c répond-elle, surprise et - Mais... 1 qui sait? - je me tiens de je pose tna 1 ain du milieu (car profil) sur son paule Merci, Jasrnine. JC sens . 'est se carboniser. Montrez brûler auprès de vous, c vos dents? 1 au,ils sont "rofonds! Et t à vos vos veux! Dieu @,,t étincèlantes! Quan euses! - 'elles ! Savour Dieu, qu rinettez? Irrésistibles s p che je ne ferais que lèvres... 'VI)u ore! Si j'éta's ri u par z- Et si douces... Enc ce r Ip- e que ça! Jasminc, 'non c ça' Enfin, presqu r,,Iations avec vous entreteniez de bonnes moi : n'est@ pas? Malgré qu,il nienât Gaspard, ous l'aimions bien. Certes, n Iue ,.us brûlons- Et CEST POUR OFFRIR 165 une vie quelque peu dissolue et fût en marge de la famille, nous continuions de le fréquenter. - Bravo. Alors, dites-moi, exquise Jasmine, fais- je à la Veuve Soyeuse; ne serait-ce pas Gaspard qui aurait conseillé à votre Léo de faire tradûire son manuscrit par, le comte de Bruyère-Empot'? - Naturellement! - Chérie! ne puis-je m'empêcher. Oh! semeuse de joie, dispensatrice d'àllégresse, récompense réservée au dernier chevalier de la police française. Quelle géniale intuition m'a donc guidé jusqu'ici? Tout en récitant, je ponctue de baisers fous distribués ici, et là, et aussi ailleurs, mais ne le répète pas, car une veuve tient à sa respectabilité plus encore qu'une femme adultère. Elle objecte. - Commissaire! Non, commissaire! Je n'ai jamais plus eu le moindre rapport avec un homme depuis la mort de Léo. Et comme j'ai un tendre sourire, elle méprend et exclame : - Vous ne me croyez pas? Je vous le jure sur sa mémoire. Qu'alors là, pardon, excuse, parlons d'autre chose. Une jurade pareille vaut celle de Saint-Emilion. Plusieurs années qu'elle a plus brossé, Jasmine. Quel dommage! Ces coups perdus! J'en éprouve un frisson de regrets éternels au ventre. Comme si c'était un hommage au défunt que de lui être fidèle par-delà la tombe. Que merde, moi je serais marida et j'aurais I:idée saugrenue de rendre ma femme veuve, je 1 implorerais depuis les paradis de se faire enfiler à ia santé de ma vie éternelle. Les toiles d'araignée, c'est pas un hommage. Remarque, je dis ça parce que je - suis célibataire@ endurci jusqu'au fond du calbute. P't'être que si i avais une gercé je verrais autrement. Mais je crois pas. Le temps de vivre nous est si 16 TIRE MEN DELX. chichement mesuré qu'il ne faut pas le foutre sur les voles de garage du chagrin. Et donc elle effarouche de mes baisers, Jasminette. Ils la prennent de court. La nuit exquise qui nous grise, elle pouvait pas la prévoir. Je lui tombe dessus à l'improvisation, comme dit mon cher Béru, l'halté- rophile de fer. Ma Jasmins, dis-je, une rubrique est à dévelop- per dans cette affaire, c'est celle du document chinois. Est-il exact que Léo l'ait trouvé parce qu'il avait brisé la potiche? - C'est exact. - Et ce parchemin l'intriguait? - Beaucoup; il faut dire que mon mari possédait, professionnellement, un esprit curieux. Il a montré sa trouvaille à des Chinois qui furent infoutus de la lui traduire. Un soir qu'il racontait son aventure à Gaspard, ce dernier lui a conseillé d'aller chez son oncle, en Sologne. - Et alors? - Léo a pris rendez-vous et s'y est rendu en effet. Le vieux gentilhomme s'est montré très intéressé et a promis son concours. Un peu de temps a passé. Ln jour, M. de Bruyère a téléphoné pour prévenir mon époux que des gens avaient pris contact avec lui, qui lui offraient le pactole en échange du document. Intéressant. par l'aventure et a pressé le comte d'achever sa Léo, pour le coup, a été franchement passionné traduction. M. de Bruyère-Empot a promis... C'est elle qui, à présent, entreprend de me caresser. Et moi, rendu mufle par la curiosité, j'écarte sa main d,- mon chapiteau Jean Richard Bouglione. Et ensuite, ma somptueuse amie? Et ensuite, dites-moi vite tout et je vous ferai lentement tout, . 1 promis, jure. Débarrassons-nous du terre-à-terre avant de passer au ciel-à-ciel. CEST PO(IR O.F@RIR Mon Léo était 167 une natu@e COrnPter de ce - Mais, JOur, il s'est mis impétueuse. A évasif, a ha@,@le@ le comte. ..taisait réticent, délais. il, ni @e andait des a fini pi Empot Igleusement. M- de Bruyère- traduct uinent, que la dema u So t Ou non achev bonhornine lui 'a 1 n dernier délai parce que, il avait soumis le tarchemin à Prétendait-il, I)btenir sa collaboration. Rage d un confrère t)our tempête... e Léo! Une @raie Sa main est revenue chattes. Et la bébé se jucher sur mon perchoir à gravissait la Tour Eite fait comme cet abbé con quj Je vais Plus pou ffe 1. Place on Iti e voirrésisteriongtemps rn u rn question. - Faut que je - Et ce dimanche 4 avril 76, il se rendait à Finpot, n'est-ce pas? Avant q@'elle ait une nouvelle chose étonnante, cette veuve le temps de rétorquer, il se 13asse voire détonante'- inconsolable. Une sec?nc . chez Plus nenue que la le apparition. aussi. Une gonzesse @préc rn tr s @ente, ais.Plus bruyante u è brune, aux cneveux cou de bain. @iette très cO rt, vêtue uniquement d'une grande se - pés ce soir, au lieu de venir te coucher? -C f - Mais porn de Dieu, Jaia, qu'est e que tu ous, Elle se tait e c@nstatant mensionne en d" ma Présence. Se su i- écouvrant notre POSture. rd Quoi! fulrnine-t-elle. Avec un hornrne! C'est pas vrai! j rêve! AI s da e là Salope est M é an @eto b e d e s 0-r Ma rn e Ses aberrati ons! Madame la Foutue 'jarc veut de no uveau tâter du rn a Peau d'Haren é it ec M dame la 9 ta en manque de tc)u n U! File au lit, vache-à-taureau! tOu! 0 au, Tout de suite, sinon je flanque mes complets et mon gode dans ma valise et je me tire pour toujours! je pige maintenant pourquoi la belle Jasmine n'a plus contacté un ' julot depuis son veuvage. Elle avait des compensations! Et quelles! Il est chouettes, son brancard. - Ne la grondez pas trop, plaidé-je. Je ne suis qu'un policier sur le sentier de la guerre. Elle écume, Poupette : - Un policier, avec un braque parent - La matraque fait partie de notre panoplie professionnelle. Rassurez-vous, je vous lèche, par- don : je vous laisse. Jasmine, ma gosse, vous n'avez pas répondu à ma question : le dimanche 4 avril, Léo se rendait bien chez le comte de Bruyère-Empot, n'est-ce pas? - Non, me dit-elle à travers ses belles farines mordorées, il en revenait 1 ÉQUIPE DE NT;IT U" to@ur gluante Plane sur l'Agence. Je trouve Riri endo m é Le labo r i sur le canap de J'entrée. est vide. Je passe dons mon burlingue- Deux Photos montées s'étalent sur mon sous-main, fraîches COnme du Poisson sur le Pont d'un chalutier. Je les considère et je crois rêver. uf, mot entre les deu' Mathias M'a laissé x images. " Monsieur le commissaire@ Ma surprise fut aussi gan ôt m se pr duisit p Us lente ent. de que la v re, a - elle (1 1 m Je cro. LS a programmé un F tô Is ,ne souvenir qu'on TFI. Bonne nuil. an mas, la semaine dernière@ sur Mathias P'S' -' Ne m'aPPelez Pas chez tno,, je cOmPter aller pren dre un pot au G, Je vous prie, car l'a,,t de rentrer. " andulair's Bar Dis donc, j,ai l,impression que ça le rn tnent, la bandouille, - ène rude- inOrne Soni l,n éminent collaborateur. La a te rne l'a coui-t-circ en pince pire qu'u Uité de première. Il le t 1 hiinard, ce glandu. Le zob, c, t alon d'Achille des gus q es u' n'ont Pas su jeter leur 170 TIRE-MEN DEUX, gourme en temps opportun. Garçon timide et tôt marié à une pétroleuse pondeuse de chiures, le v'là à la disposition de l'amour adultérin, mon brave rouquin. Gare aux taches! Je prends place devant les deux images. Ces puzzles photographiques ont quelque chose d'incom- modant car ils sont constitués de morceaux de visages. L'ensemble produit immanqüablement un personnage à la Frankenstein, artificiel et donc inhumain. L'une des images pourrait être une espèce de photo " bricolée " de Louis de Funès, et l'autre de Jean Marais. Voilà pourquoi Mathias me signale qu'on a rediffusé un Fantômas à la téloche récemment. Il est clair (de notaire) que le bon Riri ne s'est pas cassé la nénette et qu'il s'est complu à décrire les deux fameux acteurs dont il connaît mal la gloire. Pour lui qui a dû visionner le film, ce sont deux hommes rencontrés un soir sur le petit écran de l'Auberge Saint-Hubert. Il ne faut être grand clerc (de lune) pour comprendre qu'il a mené Mathias en bateau. Pour quelle raison? Parce qu'il n'a pas voulu que soient reconstitués les ortraits des deux types qui lui ont acheté le p document. Et pourquoi n'a-t-il pas voulu cela, selon toi, qu'on a surnommé l'amer des sagaces? Hmmm? T'as pas d'idée précise? Alors allons le lui demander. J'aime pas les bruits de donneurs. La ronflette, à tout prendre, quand elle est bruyante, passe mieux la rampe; ce qui est énervant, ce sont les petits soupirs avortés, le étouffades légères, les menus chocs de clapet mal fermé. CEST POF-R 0,FF ,RIR L,,i, 171 'F?Urnelle, il respire régul,,,@ dtreaissainspirat'ons,, il va une espèce de mais toutes les " tac " au fond gorge, q. au bout d@un tnornent t'as envie Presque de hurler et de file se r travers la gueule. lui r un au d'eau f oide à - Riri! e a 0 se s es m ne n r m rque: s tor ' ru i u Peu à vide et S ulève Vous êtes de retour? Je lui mets les deux photos devant le pif. Ressemblant? - Ou', très. C'est amusant de le voir travailler. - Leque de es d x ho il me rnonl c mine tre jean majrais. s t'a ternis le fric? - L'autre a un pas? d' 1 e bouille rna is-je mante, tu ne trouvs se met à rire. oui, c'est vrai. Un grincheux Comique. rigolo, ""t ce q i r it o - En effet. u a - Et quand i d ^ ! trépigne, tu sais? PO Qu'il agite ses Jeeux 'ngs en faisant des me tords. " Oh h 000oh! ", o !o Riri cesse de sourire à mas ". Il e @aire le dan s s souvepirs de " Fantô. sent que depuis U,,Zger- Il @e salt trOP lequel. il e secondes ça to rond e"t' 'Ols- Qu'un vilai urne moins n patilie. ver vient de se faufiler I,,ns le Iruit d@ r a s n yrn Tu tornnes de somineil@ rernarqué_je@ vlens je vais te reconduire, allez@ OU cela? - Ben : à uns toi, les N -C draient disa- y icnt ina 1 "ellt dire, f-eti U C( ue ça e 172 TIRE-MEN DEUX, - Non. - Boulot. On repart. J'ai un aspirateur en action dans ma tronche. Au lieu d'aspirer les déchets et la poussière, ,il pompe les éléments de cette affaire. Un vrai goinfre. Son zonzonnement me flanque la migraine, malgré tout, les idées déferlent dans ma cervelle de L plastique : Jasmins et Gaspard, cousin cousine. éo de Hurlevon qui s'est fraisé en revenant d'Orléans et non pas en y allant. En revenant! En revenant! Point important. Crucial, je vais même jusqu'à prétendre. Pour commencer, je file en direction de l'auto- route, mais une turlupinerie m'incite à me détourner un peu. Il y a deux façons de consommer les bonbons : soit qu'on les suce, soit qu'on les croque. Je suis de ceux qui les croquent. J'ai jamais le temps de patienter. On ne peut rien, sans une autorisation du directeur. - Eh bien, qu'on prévienne le directeur! - Mais, monsieur le commissaire, il est deux heures et demie du matin! - Non, rectifié-je après avoir jeté un oeil sur ma tocante, il est trois heures moins vingt. - Il est impossible de réveiller le directeur à cette heure-là! - Je vous jure qu'on peut. Vous lui pincez le nez entre le pouce et l'index et il ne tardera pas à ouvrir ses jolis yeux. - Mais... Il est des moments exceptionnels heureusement où tu peux devenir un meurtrier pour un bouton de CEST POF-R OFFR,,R 173 chemise décousu Ou Pour un cheveu dans la béar- ndise. J'en traverse un. Mes deux mains sur les épaules du préposé. M s deux yeux rayonnants d'intelligence dans es deux siens rui sselants de connerie. Ma voix barytonnante e 1 d-ins ses trompes fanées. Je ne p secondes de oursuivrai Pas ce beau dijalogue trente je t'Cnfonce! mieux, tnon Pote. Préviens le dirluche ou Il déglutit mal, v. que sa arabique en fusion. salive est devenue gomm, - Je... - C'est ça : tu... Le cancéreux geint faiblement. La lumière arro- santé de la salle ne le fait même pas ciller. Par contre@ d'Alacont s'est dressé sur son séant, le regard fou comme si au lieu d'être à i,hosto@ ] occupait des condamnés à mort. la cellule Je le rassure de la main. - Pas de panique, fils. je complément d'informations. viens Pour un petit t iî. Vl)lls avez commencé votre enquête? baibutie- - Je suis PlutOt en train de J'achever. - Du nouveau? - Disons de l'ancien qui fait rface. su ie lui trouve mauvaise mine. Il a la Peau translu. cide comme des ailes de libellule, les lèvres très pâles. Si je J'arrache d'ici se e la camberousse. , il Pourra aller r faire du lard à - Qu'avez-vous découvert? J dénic une c a se d ét dont a nture autrefois bihaenche a e m al 1 pei e jauni et s'est écaillée. Nf'installe 174 TIRE-MEN DEUX, auprès de son pageot et j'allonge mes pieds sur sa couverture. is-je, demain, j'ai rende/,-Vuub Ecoute, fils, lui d falloir z mon divin patron et Il va à dix plombes che t; alors, si tu le veux que tout soit terminé auparavan bien, c'est moi qui vais poser les questions Pour gagner du temps- il opine. Ce que je roupillerais volontiers. Les plumards libres qui nous environnent me tentent 0 é comme des couches de v lupt - Q uel métier! Et dire que je l'airne- Qu'il rne serait impossible d'en exercer un autre. si j,achetais un cc)rnmerce quelconque, je coulerais la taule en moins de rien. Si je devenais fermier, j,oublierais de traire les vaches. A la rigueur ê je pourrais devenir horfime de joie. Je serais peut- tre cap' de loncher des dames rancissantes moyennant . ine connaissant comme je rn'ignore, je finances, mais sais que je consacrerais ce blé à leur acheter des fleurs et à les emmener clapper à la Barrière Poquelin- ais parlé du parchemin chinois au Tu n'as jam cours de l'instruction. il pince du regard, cherchant dans ses souvenirs tuméfiés par la détention. - Le parchemin chinois? - Celui de Léo de Hurlevon- - Oh, oui. Pourquoi en aurais-je parlé? - Il a peut-être son importance dans tout ça. Vous pensez? asmine, la femme de - Va-t'en savoir... Ainsi J Léo, est une cousine à toi? - oui. Pourquoi? Je grogne : s Pas de questions, te dis-jet Me cours pas ur la bite, mon gars, j'e suis à cran. J'ai sommeil. J'aime- rais rne châtaigner avec un vilain, histoire de m'apai- ser la nervouze- CEST POLR OFFRIJR 175 " Tu le fréquentais beaucoup, le Léo? - On prenait un pot ensemble, de temps en temps. Mais surtout je lui prêtais mon studio. Léo avait une liaison avec une petite bourgeoise que l'hôtel épouvantait et il venait la tringler chez moi. Ce n'est pas que son.ménage marchait mal, mais au plan physique, ils avaient une grande liberté, Jasmine et lui. - Parce qu'elle aime le gigot à l'ail, n'est-ce pas? - Elle a toujours été assez ambivalente. Donc, Léo se rendait fréquemment dans ta garçonnière? - Plusieurs fois par semaine, oui. - Raconte un peu, maintenant, l'histoire de son mdnuscrit à la con. Et, je t'en conjure, n'oublie rien . on joue le dernier mouvement et les fausses notes ne pardonnent plus, parvenu à ce stade. Il rêvasse, ou fait comme si. Je le branche sur un chapitre qui restait à ses yeux marlyinal. Un léger sourire met de la d@tresse sur sa face blême. Il était très surexcité, reconnaît Gaspard. Je ne sais pourquoi il croyait avoir mis la main sur un trésor sans prix. - Peut-être s'agissait il bel et bien d'un trésor sans prix. - Sans blague? - Selon les tuyaux que j'ai pu rassembler à ce sujet, il éw- it question d'une découverte d'arme absolue. D',&.Iacont fait la moue. - Un parchemin vieux de plusieurs siècles, voire de deux millénaires, ne peut contenir le texte d'une invention moderne, voyons, c'est une blague! Bien ce que je me susurre depuis des heures dans le silence distingué de mon sub'. Une blague! Une vaste canulardise! Et d'ailleurs, la vieille Marie, dans sa 176 TIRE-MEN DE[,'X, maison de repos presque éternel, ne m'a-t-el e pas d t que Clotaire de Bruyère rigolait dans sa bibliothèque, certain après-midi, alors qu'elle lui apportait l'un de ses trois thés quotidiens? Et qu'il se claquait les cuisses, le cher homme en cliamant : " la plus grande découverte depuis le feu et la roue! ". Alors? Oui, c'est troublant, admets-je, mais nous aurons probablement l'explication très prochaine- ment car elle est incluse dans le prix du bouquin, et au Fleuve ils ne plaisantent jamais sur la nature de la marchandise. Un polar qui n'a pas de fin, ils te l'échangent contre le Larousse en onze volumes. C'est toi qui lui as conseillé de montrer le manuscrit à ton vieux tonton? Oui. Je me suis rappelé que mon parent consacrait sa vie aux dialectes extrême-orientaux. J'ai donné ses coordonnées à Léo qui est allé lui porter sa trouvaille. - Ensuite? - Léo était bouillonnant d'impatience. Tiens, voilà qui recoupe les dires de Jasmine. J'aime bien, tous les poulets aiment bien, que des déclarations se recoupent. - Pourquoi? - Parce que mon oncle le faisait lantemer. D'autant que des gens mystérieux lui auraient fait des ou@,ertures afin qu'il leur cède le manuscrit. - Tu ne trouves pas ça un peu tiré par les crins, Gaspard? Si, très. Pourtant le comte n'était pas un plaisantin. S'il a prétendu la chose c'est qu'elle était exacte. Le moribond exhale un long cri éperdu, fait de douleur et de lassitude. Il commence à trouver sa vie longuette, cézigue, depuis le temps qu'il en bave sur son grabat. Il ferait bon mourir un peu, en finir an,ec C'EST' POI-'R OFFWIR 177 toutes ces tracasse - 'D se pointe et ç ries terrestres . sa @@ @ueue ni tête. a rn cela fait encore pi fait al. Ensuite ii latit re artir et - us mal. Si tu -P con que ça, son tru@, à... réf7l his, c'est pas si ja dame Wei ec 1. Bon, il faut donc admettre qu'on a vrai e t propo@é à ton oncle de lui acheter l'invention? m n - @ucun dout@ sur ce po- - R v nons @ cousi . int. e e ri n L' tu Me dis qu,il grouillait d'i Patience comnieeuotie charogne grouille d 1 asticots... Oui. - Il t'a.dit qu,il ira@t récupérer pa h,-rnin ? Il rn'a appelé, ie 3 avril, son s rc Cha ps-Elysé ri] es où i user de mon studio. mon ?ncle était un refusait de lui redon@er soll ur... Qu,il promi parchemin... Je lui ai - 1 "e.la cho@e persopnellement. Empoi uoi tu t'es rendu à 13ruyère_ - - raison supplémentaire d'y aller. _ a P ncipale étant ton besoin de fric? B ic sur. - Tu t'es dit que cette affaire n lique et que donc, -' 'était Pas catho- affurer 9 y aurait peut-être de la fraîciie à - P' lus Ou moins, oui. je pens chose ne devait pas t - ais que quelque qu'il ine serait alo ourner rond du côté du c - rs plus Orn te et ienti,-nents généreux... aisé de l'amener à des Malgré qu.'il ait côto é le rnitan, il S'exPrime dans un français - Lors rd. rée solognote@ pas aperçu tu n'aurais - Non, pourquoi9 Tiens, voilà que je Prend, al au coeur. C s rernugles d'éther, Probable. e dan un bar des 1.@e contactait quand il dés' 't il tiur a 1 it de rage. Il 'ra' truand; un @rnaque jurait que TI,RE MEN DEUX, 1-18 je ine lève, sentant que si je in'attarde encore je vais aller au reflle- - Vous partez déjà, commissaire? - J'ai école. Mais ne te tracasse pas, fiston : ça plane pour toi. je rn';nstalle au volant sans que Riri ne s,éveille- Il est écroulaga au f nd de ina chignole, derrière, en ,chl,en de fusil. Et a retrouvé son petit bruit de clapet qui plaque mal. el e envie. Qu'est-ce qui le le considère avec qu qu 'oblige à cavaler de la Sorte? Pourquoi cette affaire ni ent à coeur? On devrait guillotiner me tient-elle tellein motivé, comme ils disent Gaspard, encore, ie serais es que je nie retire si ' insupportabl puis tous, ces cons crèverai bien et si définitivement d'euxl QI'enfin je cher probable sous ma tente, comme disait le Cocteau! ou comme la Montherluche qui s'en est filé oire@ poumi, tant il cabrait devant un coup dans la P e l'Hemingway idern, la vieillesse; ou encore cornm vous dernande- C'est poum, Poum! Descendez, on l'heure de la grande roupille. Salut, dames et messieurs, bonnjcontinuation! je te repose ma question . Qu'est-ce qui me mène avec tant tellement d'acharnerie. Que je suis là, sur Mes cannes. Mort de grelot et flageolard M is a,l l'appétit sommeil, branlant de fatigue féroce de connaître la vraie vérité. Je démarre. Tout juste si le sieur Henri, roi de e un peu sa ronflette, Farc,e et de Navarin, modifi 1'unissonne avec le bruit du moteur. L'aube au sourire Pâle (comme l'a écrit Si bien -Georges R,vel dans son traité sur la façon de jean CEST POUR OFFRIR 179 maltraiter les traitésouvrage dans lequel les poils de cul sont écrits en raille pour que tu puisses les toucher) se lève sur la Sologne quand je me pointe dans la grande cour de l'Auberge Saint-Hubert. Une tomobile fourgonnette ronronne dans la fraîchure(l) pré-matinale. C'est le taulier qui se barre aux halles de Rungis- les-Bains. Il radine en poussant devant lui son haleine qui sent le café frais. Il est saboulé en chasseur, que tu le prendrais pour un de ses clilles. Il méduse de nous voir radiner les deux. - Mince, vous l'avez retrouvé'? - Facile, vous voyez bien que ce n'était pas la peine de se faire une entorse à lui cavaler au fion! - Il est en état d'arrestation? demande le steaks maker qui a lu Détective tout au long de son adolescence. - Quelle idée? m'étonné-je. Y'a pas plus blanc- bleu que lui. - En ce cas pourquoi s'est-il sauvé? - Parce que c'est un émotif. Il appartient à cette catégorie de spectateurs qui sortent du cinoche au moment où le vampire passe sa main verte par l'entrebâillement de la 1)orte. - Vous n'avez pas fxsoin de moi? - Du tout. Il baisse le ton @ur m'apostropher en catiminette. - Vous croye@ que je peux le garder? - Comment si vous pouvez! Vous devez, cher monsieur Moulfol. On ne congédie pas sans motif un employé modèle. Rassuré, il opine. - O.K., surtout que c'est un brave garçon. Si (1) Oui: j'ai bel et bien écrit fraîchure, faites pas les cons à llimprimerie de vouloir me rectifier l'orthographe. Cela dit, ça n'a aucune importance. 1 io TIRE M EN DEUX.. vous voulez du caf 1 dites à Riri de vous conduire à é la cuisine. Je vous dirais bien rna femme, mais Mado roupille jusqu'à huit heures. Madoi Mon guignol se met à chamader comme un la mollasse Mado la fondante, branq,ue- Mado i v rt brée. Mado qui Mado l'inerte, la passive, 1 @ e é vie de mammifère continue de bouleverser rna pauvre toute désorienté. Chérie, va! Elle est là toute proche, flasque dans son plumzingue, les nichons en -'ata- plasmes, la gueule entrouverte, sûrement, avec son merveilleux air con qui doit subsister sur son Visage au plus fort des sonIrneils- j'-,n serre cinq au cornard- ii grimpe dans sa fourgonnette et ses feux rouges se diluent bientôt dans ctte nuit qui tourne en inquiet. Il brume. bile auprès de moi, Frileux, Riri est immo ts du matin, en honime de belle comprime ses pe an peut être fière d'elle. Elle éducation. Sa chère mam en aura fait un gentleinan, ré? il demande, sou- - Vous voulez boire du ca ron- cieux de souscrire aux directives de son pat - Pas tout de suite. u de jour Je iregarde les bâtiments endormis, un Pe e un projet de jour. Ça flottaille sur les tu" s' , e de Magritte intitulée se Il ressemble à cettc fameu to on voit une maison ,,_empire des Lumières, OU l' us c'est le éclairée comme n pleine nuit et au-dess grand soleil. 1 1 tu vas r joindre - D'habitude@ c est 'instant OU e Mado, n'est-ce Pas? ce vieux vOYOu- Un il aime pas julure causer de ça, timide, quoi. Co'nme on dit en Suisse : il se gêne-; T,)Urnelle détourne " tète' C'est OU, sa chambre? icon, j'aurais dU me me la désigne. Y'a un ba rin ext& ét n petit escad gaffer. Roméo Jul'ette- U IK CEST POt,,R OFFRIR 181 rieur, dit de meunier, y conduit et fait tout le charme de la bâtisse. - Tu Passes par là? - Oui. - Tu toques aux volets et elle t'ouvre? Oui. Veinard. T'es un tombeur, toi, dans ton genre, non? Oh, non... Seulement... Seulement t'aimes la baise et ces dames le sentent. Elles ont un flair terrible pour détectier les tromboneurs émérites. Propose-leur cent mecs beau à chialer, si c'est un Cent unième quj lonche le mieux, c'est lui qu'elles choisiront, quand bien même il serait vioque, chauve et stropiat. Le zob a des effluves que la raison ignore mais que le cul reconnaît. Ça lui passe un chouïa au-dessus de la touffe, mais il rigole complaisamment. - Bon, allons chez toi, mon vieux lapin. Je veux que tu me montres le fric que t'ont remis les deux mecs de l'autre jour. Il me guide jusqu'à sa crèche, une grande chambre au-dessus d'une ancienne écurie, propre, blanchie à la chaux de pisse, avec un lavabo contre un mur, surmonté d'un miroir ancien, flanqué d'un porte- serviette. Comme décoration, une réclame pour la Suze que ça représente un mec aux bras noueux occupé à déterrer de la gentiane dans les alpages (1). L'ameublement se compose d'un lit, d'un-placard mural, d'une commode, d'une table et de deux chaises dépaillées. - Asseyez-vous, il urbanise, le Riton. (1) Je raffole cette réclame et je la place dans tous les décors possibles, si les mecs de Suze en ont une ancienne de rabe, ils peuvent me l'envoyer, je la ferai encadrer, pour mon burlingue; sinon j'en mettrais une à Dubonnet. 1.32 TIRE M EAV DEUX, Aa lieu de prendre une chaise percée, comme l'eût fdit le premier Louis XIV venu, je choisis de m'étaler sur son pucier. Les ressorts fatigués musiquent sous mon poids comme une viole de gambe. Si je ne m'écoute pas, je vais m'endormir. - Ators, ce fric? Riri soupire un peu, pas trop. Il s'arc-boute devant sa commode et la hile sur un mètre. Ensuite il s',tgenouille sur la partie de carrelage ancien mis à jour et, de la pointe de son couteau, descelle un carreau branlant. Sous celui-ci, une excavation. Et dans ladite un paquet exécuté avec du papier-journal. Deux forts élastiques mis en croix maintiennent le paquet clos. il pompe l'air en force, T,)urnelle, et avec le nez exclusivement. Ça lui arrache les fibres de l'âme de voir son magot tripoté par un étranger. Sdcril,ège, sacrilège! Mais le moyen de s'opposer a mes pattes fouisseuses de taupe en délire. Je déballe l'artiche, bien proprement, qu'un élas- tique pourtant me pète dans la main, ce qui lui arrache une plainte comme Ménuhin quand il a une corde du milieu qui claque alors qu'il est en train d'interpréter " La Petite -fonkinoise " dans l'église de Saanen. Je dégaufre le papier. Les taibins sont laguches. Cinq tuiles, les pauvres s'imaginent, mais ça ne fait pas très épais; en biftons de cinq cents pions ça donne... Attends, je vais mesurer. ........................................... (1) Oui . ça fait à peine un centimètre et demi. Alors tu vois qu'il n'y a pas de quoi buter sa vieille tante 1 Je ne les compte pas. Les feuillette seulement. mesurer. (t) La ligne de points, ça veut dire que je suis en train de CEST POUR OFFRIR Ensuite, je les 1 183 9'ioux, et rne rnets@"@e Un moment étalés sur mes a revouiller. Mado, si proche. Si tentante. Tiens, j'ai un renseignement à lui demander. - Dis-moi, Riri... - Oui? Il redoute. Oh, là là lui aurai pas restit , qu'il redoute. Tant Gue je ne ue son grisbi, il aura les Aub,s, 1, valet. de trèfle (et de coeur à l'@casion). D'accord rn PO . je lu' a] PrO is qu'il urrait le conserver, seulerne'nt les promesses de flic, hein? Tu m,a comvris tu m' as. C'est Presque autant Pire que celles s des p-0 itic ens - Ces hommes, ils avaient le fric en 1 . était-il tout prêt? vrac, ou bien - Il étau tout n t. - Donc, ils 're t'ont remis ce paquet tel que tu me J'as remis à moi-même? - Oui. - Parole? Il est spontané. - Oui, Oui, parole! - Bravo. Tienl, s repla que ton a iche, n irils, qui n Prenne pa froid. Tu vas en faire quo- " e n rt rno C'est pas indiscret ? oh, Oui. tu me l'as dé 1 ' s] vieille mère. jà dit : ta Tu fais bien de' la chan er de cr erie, Parce 9 èrn pas le U elle est ne vaut laisse, K., je te daronr, jours, ta d'aller avant Henr urneii e me bigle, clignant des yeux comme un hibou quand la salle se rallume. - Alors, c - Hé oui. Que veux-tu de plus? vius..- 'est tout? rne dem nde-t-i 1 a - Oh, rien, rien! coe a Ça lui part du ur. Surtout retrouver s quiétude. Mettre le Pinard en boutanche, jardiner, balayer la 186 TIPE-MEN DEUX, conne. Un rêve. L'écrin de rêve pour cette femme de rêve. Le temps de considérer cet ensemble cacateux et les r deaux, avide de vite je referme les volets, pénombres voluptueuses- La chambre est riche en effluves de tanière. Avec en suce, des élans olfactifs de ménagerie délaissée. Une lampe de chevet à abat-jour jaune m'attire vers la couche, comme un phare bienveillant attire un navigateur vers l'entrée du port. - Mado, ma chérie, mon idole, fais-je en l'étrei- .gnant en toute faroucheté, baisant ses lèvres molles, pétrissant son cul fluide, reniflant son parfum de femme croupie. Mado, ma folie, ma virgule, louche mobilisation de mes sens déréglés; je te veux une fois encore, mais vraiment, mais bellement, mais à l'aise. Et tout en prononçant, je me dévêts à la diable - oh, celui-là, il n'est pas de trop! -. Mes fringues éparsées iquement chinois, lui recouvrent l'hideux tapis merd apportant une heureuse diversion. Me voici nu. Elle me dévisage POPOF, si j'Ose employer. Lui découvrant belle allure. Dans la bagnole, hier, elle n'a pu que s'en faire une idée générale. Moi, hardant, je lui pose sa nuiteuse chemise. Hop, hop-là. - Vous vouliez me demander quoi t'est-ce? s'in- forme l'objet inanimé, mais sans âme, de mes désirs. Ah, oui, c'est juste. Je vais récupérer dans l'une de mes vagues les deux portraits-robots nés du mariage : Mathias-Riri. Les lui montre. Ces deux hommes sont-ils venus déjeuner ou dîner à l'auberge ces temps derniers? Elle hoche la tête. - Jean Marais est venu, il y a trois ans, avec sa fiancée qui rentrait du service militaire, mais on n'a CEST POF-R OFFRIR 187 jamais eu De Funeste. C'est dommage; qu'on lui aurait fait signer le livre d'or. Jean Marais nous a donné un orthographe très gentil, comme quoi il avait adoré le toumedos et le nègre en chemise. Et sur la Page d'à côté on a un orthographe de M. Le Canuet. Ça n'est pas grave, dis-je, vous pourrez tou- jours coller par-dessus la photo de Jean Marais qui lui est un grand comédien. Ainsi ces deux portraits ne VOUS rappellent personne d'autre que les deux merveilleux comédiens que nous venons d'évoquer? - Ils devraient? - Je ne sais pas. Je vous pose la question. - Non, non, personne. - Fort bien. Maintenant oublions un instant la vie et ses misères, ma très belle, ma surdivine, mon emblêtne, mon état d'âme, toi dont le regard tne met en état d'érection.,O que te voici belle en cette nudité équestre, chère c érie. 0 que l'existence pgrcimo- nieuse sait parfois se montrer prodigue. Je te jouis du regard, ma splendeur. Viens t'ab' irner au creux du néant le Plus suave, ma fée Mélusine, ma fée Cellulite, ma conquête qui quête quiquette Et là-dessus-, té] un Ouragan sur la malheureuse J4maïque si propice, je la renverse, J'ernpare, ilem. porte, l'investit, la baise con=e une vache. Gloire! Gloire! Elle réagit. Ce n'est pas une amante motori- sée. Elle ne se révèle que dans un lit, et dans le sien de préférence, sur son terrain familier. Oui, le miracle des miracles s'accompht; Nfado Moulfol prend son panard- Et, Seigneur, ce qu'elle est belle dans l'orgasme, mon étoile de margarine. ou, a Elle fait affl Mou, afflou conune les chaudières d'un steamer submergées par l'océan naufrageur. Flle tourne la tête brusquement à gauche, puis brusque- ment à droite, et vice versa, bis repetita placent. Elle va mème, tiens-toi bien, et tiens-moi aussi par la TIRE-MEN DEUX, liner le fion, tu m'en- même occasion, jusqu'à dode tends? Oui, mon grand : elle s'est rendu compte, rrée de zob et de jugeote, qu'un cette fille bou ouvement complémentaire de son chef donnerait m ais au mien sa pleine signification. Alors elle, tu s ' quoi? Remue. Je répète en deux mots: re-inue. C'est un résultat, non? Tu verrais le Sana, défatigué, soudain, impeccable de brio, la tr-inglerie chevale- y tz resque, Fonteno , Austerli (et non pas au stère Litz, comme d'aucuns s'imaginent). La marche triom- os aïeux! hale- Gloire immortelle de n p er f- in je pourrais lonch jusqu'à la in des te ps. Je passe outre son fade. Continue jinperturbablement tna limance- Ma vie ne sera jamais assez longue pour me porter à l'assouvissement complet. Elle s'apprête à remettre ça. Remet. Bravo! Et de deux. Tu penses que ça va freiner ina fantasia? Que nenni 1 On continue. La valse du sommier. Epéda multispires, risque? Non seulement tu peux rêver qu'est-ce qu'on ais tu Peux à Tarzan sans faire chier ton vieux, m brosser carrément avec Tarzan sans importuner le rmi. Merci Epéda, le nobel du tn cocu endo atelas, tu itut, j'exige, et tout de .é,ites! M. Epéda à l'Inst s la liste des krouins qui suite, merdet Quand tu ligote s'y trouvent, tu es en droit de demander l,élection M. Epéda, bienfaiteur de l'humanité. d'urgence de péda, d'un espédassin! La Tu parles d'une épée, E il doit S'y connaître, ce gus, pour avoir bouillave, tispires, fallait Y penser, inventé un truc pareil! Mul cantonnaient non? Que tous les autres, jusque ialors dans 1'unispire- Mais non, Épéda, lui, multi, allez, hop! Et que ça baise! Je l'aime. Je lui rends grâce en tronchant la Mado Moulfol. En avançant en enfi- Epéda- J'ignore son lade, je pense très fort à M' aurais tutOYé- prénom, et c'est dorntnage, sinon je l' uit'. Et je te calce, je te calce. Le troisième feet se PrOd e l'a marqué d'un beau long cri, Mado- Cette fois, ell CEST POF-R 0,FFRiR 189 Elle a lancé un chant de triomphe, kif le Mecton qui a planté n drapeau au so sommet de J'Anapuma. Ft l'iutonio continue. Imposs pa ible de l'a ter. Je ne songe même s à ma propre apoth à branler. La lime. Tàtsoin tatsoin,éousneiqjùeenmeanitriein foutrais le feu par frottement au frifri dè Mado. Le mouvement Perpétuel enfin découvert. Le prose à bawwe. Jamais, c'est clair, je me mouille, mais j'ose le dire, jamais elle y est allée d'un pareil voyage, la reine du Saint -Hubert- Cette croisière, madoué 1 Je Plourmis manifester vocalement, lui dire des pe trucs salingues pour corsé. Pas la ine- Je joue 0 sobre. Tout dans les reins, le reste dans les c udes. Et ses fades se font de plus en plus rapides. Quatre! Cinq! Six! Elle murmure Gu'elle va en mourir. Tant Pis, je paierai ce qu'il fauàra. Je ne peux pas reculer, en tout cas pas plus que de vingt centimètres! Elle chevrote, Ina chevrette- Une tringlée pareille, faut remonter aux Croisades, quand les Potes rescapés de Godefroy 1 bo e f- 1 de Royco rentra' t déverrouil er bonn a in de ui compenser ien p r@be maintenant! Elle rejambe. Dit que c'est les annuités de retard. Se t! Huit! FIle trop l Plus Possible! Que ça y est, elle est mortibus de 1 profimdis. Mais on me tirerait une salve de rnitrail- lette dans le dosurd que je poursuivrais en vers et contre toux; en verve et contre tous. Peux plus @pper. Mon frein a sauté. Je dévale dans son corps, Mado- Elle jouit encore une demi-douzaine de fois, du bout des lèvres. puis perd conscience, Il n'ùn- porte. Je continuerai seul. Encore, encore. Cent mille fois sur le métier je rmets mon ouvra 'ge. Tant qu'au bout du compte, et après des heures de folie j'explose. C'est l'inouï à ma portée. J'entre dans une autre dùnension, M'y engloutis. 190 TIRE-MEN DEUX, Mado! Oh! Mado! Oh! Ma Mado! baigneur de Mado- Je nie dégomine du néant, du M'abats sur le flan et j'aperçois le tau ie , t u Our 1 r 0 i s en tenue de chasse, mais sentant la marée. Il est là, ce oir. Qui a eu du mal à con, qui regarde à ne plus pouv comprendre, mais qui a compns; ne peut encore admettre ni tolérer. Et litanise ses Mado, oh! Mado, ement de jazz su curieusement qu'avec un accompagn ça !pourrait se chanter. Éichtre dieu, quelle heure est-elle? Ciel : presque dix heures! r un il hennit, soit, car mal il pense. Se jette su tiroir, le tire comme on arrache un clou rouillé, prend un pistolet. - Vous n'allez pas faire ça au moment où les Gault et Millau vont vous décerner les clés d'or de la é- e. gastronomie! lanc i D'emblée, il abaisse le canon ravageur de sa pétoire. Us clés d'or. Qu'est-ce que vous en savez? m Vous oubliez que la police est bien infor ée- Avant de débarquer chez vous, j'ai pris mes ren- saignements. - Alors ce ser ait vrai'? ituation - Pensez-vous que je blufferais dans une s pareille? Il hoche la tête, remise son feu. - T'entends, Mado, ce qu'il dit? fait le cher gargotier. Les clés d'or de la Ciastronornie... Lors, Mado, contre toute attente, parle. Oui, parfaitement, elle s'exprime vocalement. Et sais-tu ce qu'elle profère? Je m'en f@us de tes clés d'or, tu pourras te les foutre dans le cul, pauvre pomme! CEST POF-R OFFRIR l'accl9l Très nettement, e ettant pa fa te ent ent tonique là où c'estnnrén r i rn cessaire et en respectant la ponctuation, chose que seuls les acupuncteurs réus. sissent. Elle se lève en geignant car elle a la Volga en flammes, ma tourterelle. - Je pars avec lui! elle déclare tout net. - C'est pas vrai! il clafouille, le malheureux' Mado, voyons. J'allais faire une mousse d'anguille que tu raffoles tellement! M'en fous, de ta mousse d'anguille... Elle explique: - Tu te rends compte qu'il m'a baisée jusqu'à ce qu'en évanouisse, Moulfol? J'ai joui consciemrnent douze fois, ensuite, j'sais plus. - Oui, c'est beaùcou , admet le vaincu. F --p e,t mo té Pour. Toi, to 0 u s -t Puis, C'est pas t ut, PO r uit l'impitoyable, il n n @ est tout nerveux, tout grenu comme de la saucisse d'Auvergne... C'est Pas ma faute, Plaide le pauvre époux. je fusais de mon mieux avec. - Je te dis pas, Moul rie cornparable... foi, mais Y'a n de U bergiste baisse la tête, accablé berne. in- Vaincu et l'ad ettant. Les testicules en rm e- d Par ce coup du est rn t-â. Mado, tu ne vas pas me quitter, dis? la oi C'est la vie, que répond ma conquête. DrOlement féroces, les nanas, quand eues n'ahnent Plus- Des couperets à cisailler i-e bonheur. Elles te hac ent e u a félicit d un nho tune. N veu nt h m n 1 se h é @ bo r e le rien savoir de s c aens@ détresses, agonies de lâme. Fini f'inito, te l'évacuent tel un tm n changé- Qu'il crève! Y'en qu c v t. j, N'ai a i rè en en P? d Connus. Le guignol. poum! sais. ésespoir- Elles s'en fouten Qui @quait de t, Pourvu que, l'autre soit 192 TIRE-MEN DEUX, bien bandant, en forme, dans des douillette@s propices. Moulfol se tourne vers mo - La 0 s préférez On part tout de suite ou SI v u déjeuner d'abord ? il va faire une mousse d'anguille, c , est sa spécialité. 0 je l'imagine à mon Côté dans l'existence, Mad Me pointant chez nous, Maman, avec ce tas pareil à la graisse d'un confit d'oie. La stupeur à Félicie, Seigneur! Et puis moi débarquant dans des endroits que je fréquente, du genre intellectuels-débonnaires. Cet éberluement général! Elle m'excite dans son contexte, cette bonne truie. N'en est pas dissociable. Qu'autrement, ça devient plus rien, en très lamentable. - Ma petite Mado, dis-je, vous n'avez pas le droit de quitter votre mari, qui est un homme de bien, plein de t'aient, un maître-queux hors ligne... Vous pouvez pas comparer avec la vôtre, elle décrète. Sur le point d'obtenir les clés d'or de la gastro- entérite! coupé-je. L'une des plus grandes toques de France, qu'on dirait la cheminée d'un paquebot grec. Non, non, ma jolie. Vous vous devez à lui, unis que vous fûtes par les sacrés liens du mariage. Songez à vos enfants. - On n'en n'a point, - A ceux que vous aurez! - Je peux pas t'en avoir. - Alors songez à ceux que vous auriez pu avoir. Ils vous crient, du fond de leurs limbes, ces chers innocents: " Maman, maman, n'abandonne pas papa! " Je peux plus me passer de vous, éclate-en- sanglots Mado. La chérie! L'adorable! L'exaltante! 0, ces mots, siquent mélodieusement à mes oreilles. comme ils mu CEST POUR OFFRIR eu divin. Source 193 détonante. Mado, si bellissune, avec sa peau dF-'Jllneenre peeut plus se Passer de moi! Av moll @ e ses points noirs, ses yeux d'un crétin- isme pe é rdu- La troublante, la asque! fl our, frileux d'espoir. Lors, le mari intervient, timide, mouillé d arn Mado, mon si,,ur le comrnissai ssaire? Même, il ic s comm@e passera te voir i, n'est-ce pa , monsieur le rs de halles, moi je dp,oourrait coucher avec toi, mes jou 1 rmirais dans une autre cham sonne'vu l'heure que je me lève... bre, déranger per- 'Quel grand coeur ba de ce grand con! t dans la poitrine foutrique 'acceptera s? demande Mado, Prête à i Compromis. un Mai commissai s j'insiste, Mado. J'insiste. Monsieur 1 e re, VOUS qu'êtes un hon=e de bon sens, qu'avez la tête sur les épaules... Et une bite comme Ça, brandit-l'avant-bras Mado. Et une bite comme elle dit, c i 1 mou onsent à nc ure cônvien ent Vous compte rais pas 1, ne 'lus aurieziuste votrc er; Si tu crois qu'il ir. bo 1 rn a u eversante aîtresse. L'hOmme toussote et se détourne. Je regarde ma Partenaire. Une . de lui faire rebelot ' vglgantequ" envie e me Point. 1 rai @ j Vais pas Pouvoir attendre plusi @n rn stère 1. e ne -là qu non. eurs jours i là e rno . h Iv C'est à en isager, certes, admet S-je, mais si ,v ous le Permettez, cher ami, je vais en d' ter avec a gu e ec MadO Pendant que vous allez conf ti iscu Matelote d' n ili onner votre 7 194 TIPE MEN DEUX, - Ce n'est pàs une matelots, mais une mousse, rectifie le cuisinier. Autrement délicat à préparer. Il s'en v a. On l'entend fredonner dans l'escalier. Je remets le verrou. Regarde, dis-je à Mado en lui désignant mon métronome à frifri, c'est mon chant du coq! Et tout recommence. Vous ne voulez pas un petit Meursault avec la mousse? demande Moulfoi à voix basse, car je suis installé au téléphone. Non, non, du Bourgueil! C'est le sang de la France. Il hoche la tête, impressionné par cette formule tricolore. Ça carillonne à la maison. Enfin, Maman décroche, essoufflée. - C'est toi. Je t'ai fait attendre, mais figure-toi que je ne parviens pas à ouvrir la porte des toilettes au rez-de-chaussée, comme si elle était fermée de l'intérieur. - Elle l'est, Miaman. Pinaud y roupille depuis hier soir. - Monsieur Pinaud! Mon Dieu, il ne serait M malade? - Non, non, il dort. Il finira bien par sortir. Utilisez les tartisses du premier en attendant qu'il quitte sa chambrette. A part ça, quoi de neur. Comme si je ne le savais pas, ce qu'il y a de neuf Il y a de neuf le Vieux, pardine. Et M'man me relate le coup de turlu incendiaire qu'elle vient d'essuyer, la pauvre choute, comme quoi je suis banni à tout jamais, expulsé de la rousse, excommunié. Quand il ne m'a point vu dans son antichambre, à dix plombes, aussitôt il a prévenu qui de droit. Sanctions CEST' POUR OFFRIR disciplinaires au plus 195 grave n a TrO@ ipdividualiste. fouti Ive u. Fini, Santoni 0 exl"ppie, pernicieu SOn s'en une est un mauvais x à outrance au moment où les 1 Poulagas descendent monomer d panc te, revendicat u s. ans la rue, avec des e se - Il in'a laissé @@ 1 le joindre avant rni numéro OU i te sera p ssib e de (11, annonce rn h E li )o conclure. Tu devrais Peut_être a c ère é cie ur coup de fil, non? lui lancer un @tit Ce conseil, par esprit de devoir. Pour mon sinon, elle en rêve, je te an. Mais elle sait bien, ne se Produira jamais. c ur la rassurer. pie n de tits bouts pe es n( s. des adresses, des ont i, ,e 'ne- @ssers jamais. e e juge mon la f 1 r ouil et trop de Passy. Je griffonne c" in0@ regard toujours ta@he jaunasse-verdâtre l@stique transparent du net de cin s n t courant, un q@@@nt pions. consc faux tait)in que j'ai souvenir d'une enquête sur une allure de fausse mornine. Je e garde com î -- 1 ne @ laisse tra ner un @adget sur un meuble, sans se djider à @Il évacuer Par je vide-ordures. ]Rt re ' ic pon, pendant que ma douce inè rn art ule le nurnero de racc id r du Dabe, une 1 ée me télesc OC. ope la coiffe; une très cnoucarde idée, @n Poil rocambolesque, tn - (lu Particit)an Et plus @ -- jeu susceptible de Maman me deau de nos n 'Pas tro ' P, cor pte tenu appliquer. je la'iuge intéressante, qu'elle entend la chasse u bas. J'esPère que la 196 TIREMEN DEUX. Membrure ne s'est pas suicidée par trombe d'eau? Tu l'irnagines, l'épave, engouffrant le syphon des toilettes et s'abîmant corps et montre dans les tuyauteries jusqu'à la fosse à merde? Sa fin excré- inentielle, César. Trournf! Un colombin de mieux. Ici dépose C@r Pinaud, poulet de métier, ami fidèle, baderne de naissance... Je raccroche. Mon déjeuner est servi par un Moulfol aux petits soins, frémissant comme un chiot. Que sa dame a exigé de bouffer en tête-à-tête avec moi (en anglais: wii-h me). Et c'est ma pomme q,u'elle dévore du regard. Le traumatisme intégral. Je la fais devenir chèvre, cette vachasse. Tout commence et tout fini par le fion, ici-bas, le reste n'est que littérature de branleur. Je clappe d'appétit, malmené par nies prouesses plumardières- Alfa, c'est les chevaux de feu, moi C'est le piston incandescent. Va falloir que je me l'enve- loppe dans de la mousse carbonique, miss Coquette, sinon elle va s'éplucher comme une banane. A propos de mousse, celle d'anguille est succu- lente. C'est pas un bon baiseur, Moulfol, mais il s exprime beaucoup mieux au piano qu'au dodo. Les clés d'or, je pense pas, mais il l'aura sa toque et sa petite étoile, un jour bientôt. A quoi t'est-oe vous pensez, me demande Mddo, enamourée, à nous deux? Gagné 1 Vous continuez? En fait, je pense à mon faf de cinq oe la très sainte farce. Je sais comment l'utiliser, mais c'esi événements que j'aimerais mettre au poi Je me dresse comme un diable de sa t d'une braguette ou comme tout ce qu'il de vouloir, merde, je ne vais pas user mon temps CI métaphores de concierge en chômedu, non! Vous adez où est-ce? demande Mado. CEST POUR OFFRIR 197 Mettre ma montre à l'heure. Faisez vite, parce qu'on va nous servir le pou] au vinaigre. et Considérez que je suis déjà de retour, ma tendre maître se, réponds-j la commodit s e en a voussoyant pour "e se Po é du -,ervice et en J'appelant " maî- t s " ur faciliter celle de nos transports en Parce qu'une limerie pa gu e i commun. Si drôlement dé eulasses, moi je te 1 d s; anus. raille, c'est tuni ue dans es En troinbant, je fonce à la recherche de Mister Tournelle, dit Riri. e que Mouifol h jr '11 est OccuP' à fendre des bûches sous l@ anga vu r est un cuisinier formé à l'ancienne école , r e 1 "t qu'il Prépare sa to tore au f u de bois. Me voyant radiner, il Prend une mine tout enchifrognée. Je n ui pr sage rien de fameux. e 1 é Riri. dis-je, une chose me turlupine dont j'aimerais'avoir le coeur net. Tu veux bien, je t p e, Il montrer à nouveau ton magot? Il s agit simple- e rj nllnt d'y jeter un coup d'oeir. Le gars renifle des choses, plante . hache dans le billot avec Presque autant de satisfaction ou, si C'était dans mon crâne et rn'emmène chez lui. Détail amusant a changé de cachette mainte- lant que je connaissais la précédente. m ' 1 aintenant, son auber est Punaise sous a table. Bon i va devoir se mettre la cervelle en pas de vis Pour d 1 1 égauchir une Iroisièrne astuce. J'Ouvre son enveloppe ni'approche de la fenê , tire un talbin d'une liasse et tre histoire de le mirer en Mouais, rnouais, moua s@ soli i loque. .mn e, ça, . 'en - je (à i,éco- eest 1 bien ce j q conviens). Mouais, rnouais, mouais ue je Pensais.. 1 Tu le verras fondre comme une bougie de boîté de @1-transparence. 198 TIRE MEN DEUX, frime s'allonge de dix nuit, le gusi On dirait que sa bons centirnètres- Tant grand _ Quoi! Quoi! Quoi! il lance Cn ouv son bec. Les corbeaux sont dans la plaine! sédé mon pauvre Les deux types t'Ont POs Riton- - Possédé? - ils t'ont payé avec de faux billets. oe chéri, que sa bouille ii est tellement décomposé lui compter les ressemble à une tête de mort, Tu peux chailles à travers ses lèvres- impression - Tout à l'heure, j'ai eu une curieuse s ensuite je en voyant tes talbins, mon grand. Et pui M me suis mis à réfléchir. Des anomalies e sont apparues en mémoire. Attends, bouge pas, tu vas piger. Je tire mon porte-lasagne et SOrs le billet bidon cité quelques merveilleuses Pages plus haut, à peine. - Tiens, fils, si tu n'as pas de la terrine de lièvre en guise de cervelle, compare et comprends. Sur j,envers du billet il y a des églises. Sur l'avers et sur ocher dont l'église de l'envers, on peut voir un cl l'horloge indique l'heure, tu aperçois biens - voui. - Ta vue est bonne, fiston? - moui- à toi? - Alors il est quelle heure à tes billets, - Dix heures, il me semble? A moi aussi, il me semble. Et il est quelle heure au mien, gros malin? Il exorbité des coquilles- - Ntuf heures vingt, non? - Oui, mon grand. Et attends, ce n'est pas tout faoe, on distingue, dans le lointain, tout Sur la partie toit noir. La à fait sur la droite, une petite maison au s; sur les maison de mon faf cllmportc six fenêtre CEST POUR OFFRIR 199 tiens, elle en possède huit! De plus tu peux te rendre compte, en le comparant de façon très serrée, que la couleur diffère un- brin. Le jaune de tes talbins est plus pisseux que le jaune du vrai, t'es d'ac? Zoui. Voilà, terminé, vaincu, ruiné, out. Je, récupère mon faf. D'un geste dérisoire, je brouille les siens, comme un jeu de cartes. Tu sais ce que je ferais, à ta place? J'en tapisserais mes chiottes, ce serait marrant, non? Surtout, n'essaie pas de les écouler, tu te ferais poirer et tu sais ce qu'il en coûte? Lis le texte, là, concemant l'article 139 du Code Pénal: réclusion criminelle à perpétuité! Tu sais que c'est longuet, perpète. T'as beau compter les jours, les années, y'en a toujours davantage derrière! Riri se laisse tomber sur la chaise la plus dépaillée. On sent que son existence vient de s'infléchir du côté du précipice. Je lui tapote l'épaule. - Ils t'ont eu, mon vieux lapin. Copime quoi, tu le constates: quai Malaquais ne professe magie. N'empêche qu'il est con que tu ne possèdes pas l'adresse de tes deux vilains guignols, t'aurais eu deux mots à leur dire, non? Le poulet au vinaigre est sur table! m'avertit charitablement, Mado Moulfol, laquelle vient de clapper les deux pilons en m'espérant. Elle se sert une aile afin de fêter ma venue. Je dépose un bisou fripon sur sa nuque en peau d$ andouille. Impossible de déguster, ma chérie, une affaire de la plus haute importation m'a elle à Paris, je viens d'en être informé à l'instant. pp mais Y'a pas eu de téléphone po@r vgus! je sors d'une poche ma petite calculatrice réclame, offerte par une maison de débigor-nage- ulation de - Je suis relié à mon p.C. par mo-d fréquentation. - Ah, non. On n9arrête pas conf-irrné-je, il va trop vite- - Non, bigneu, fais 9 ad re- je fonce au pendant qu elle m tni . 1 s de le détériorer, en mine de turluter, et entreprend ommodeur de blennorageance- diffusant l'inc aujourd@hui, les Moul- Bon, ils seront sans turlu fois. Déjà que les clients sont rares, en cettl saison... moyeux sont blonds Pour avive', sa Mais tous les faim. rn é éé Re-bise à la patronne, COMPI' ents r 't r s au lui dis ma navrance de ne pouvoir patron. Je vinaigre, ce sera @ur la déizuster son poulet au Promets de revenir bientôt- pr@haine fois. Je FIN IMMINEN E 'T INÉLUCTABLE ET DEFINITIVE Ma radio joue en sardine. L-n ancien succès de la Grande Piaf: Alka Seltzer 1'4mour (1). Je suis délicatement embusqué dans la venelle dépavée jouxtant l'église de La Celle-Ton- taine. Depuis ma planque, il m'est loisible d'observer les allées et les venues du b reau de poste (en anglais: the burlingue of the post). Moi, tu sais pas? C'est le pressentiment qui me mène toujours. En enquête je suis branché sur le compteur bleu de mon instinct. Y'a qu'à lui fîlocher le train, il me guide toujours sur les chemins de Magloire et de l'honneur. Or, donc, j'attends au volant de ma chignole en dégustant les piaferies de jadis. Elles deviennent folkloriques à mesure que le temps s'en va. Tout se transforme. Que j'en reste perplexe au sujet d'à propos de moi, me demandant dans combien de temps ils seront devenus franchement illisibles mes (t) Il est curieux de constater que San-Antonio fait une eM&e de dyslexie littéraire, par instants, qui le conduit à remplacer certains mots par d'autres n'ayant pas le mème sens, mais une analogie de consonancp- Un psychanalyste consulté nous a fait observer que ces troubles se produisaient principalement en fin d'ouvrages. L Editeur. 202 TIREMEN DEUX, graffiti? L'à partir de quand t'est-ce ils feront figure de hiéroglyphes en admettant que ça ne soit pas, déjà! des textes anciens à déchiffrer par un quelconque universitaire en mal de momies. 1 Tout se périrne si vitement, nexo@ rablement... coup tiré d'un livre L'espace d'une pirouette, d'un @t... t son zinzin en Donc, j'attends, La Piaf fini assurant e e " Ça sert à ça, l'amour ". Très bi n. Lui succède qu t bien fort, bien net@ @ne rafale de pubes aff',iiman oduits Machin, Truc, irréfutablement, q ' ue les pr ceci, les plus cela, et Chose et Dunoeud sont les plus rt- Bravo. J'en achèterai. Mon sub' les plus tout cOu je tendrai la main vers est contaminé. Le moment venul. s la cervelle. Pas le rayon voulu. Je l'ai eu profond, dan é. Vouloir à regimber; c'est fait, le viol est consomm détourner de la trajectoire programmée équivau- se s'y emplâ- drait à contourner l'objectif avant que de um! Ap s a pube, y'a un gonzier trer, plaouff! Po rè 1 @ jour, que interrogé. Toujours, partout, t as l'invité du nnu- Ce qu'il aime ou dis-je! de l'heure. Le mec ce henil 1 Et pas-; ses projets, boutades. La lyre. Tout le c i d'avant, comme çui d'après, il vient alors, comme ÇU t, à bloc, complaire, cet homme. Se dire franchemenl, de nos du plus haut intérêt! Que, si t'as remarque S jour , les mouches ne peuvent plus s'asseoir tellement 'on les encule t recule, ces pauvres bêtes. T'en e 1 qu éponds? moi, never vois, toi, des mouches assises? R Des années de téloche leur ont pourfendu le rion, le r automa- leu a défoncé mochement. L enculade de mouches a ris des proportions fabuleuses. C'est de l' p mouches va de soi. T'as tisme, quasiment. Enculer les b; et une autre encore, pas le temps de rentrer ton zo bzzz, bzzz! rnoriste sur IC lappouille du gus, un hu Je fer-me la c écline en s'esclaffant le verbe avoir été. déclin, qui d do. Le silence me fait du bien. Je pense à la Ma CEST POIR OFFRIR 203 Déjà elle.me. manque, cette abrutie calamiteuse. Si je m'écoutais, je retournerais la fourrer à la langou- reuse. Mes flûtes s'ankylosent. Co bien de tehmps que je rn poireaute ainsi, sans remuer? Deux, trois eures? Le soleil pâle a vadrouillé dans les zéniths et les ombres drapent leurs jupes sombres autour des façades du village, des quatre arbres de la placette où une ri fontaine gouline à petits jaillissemcnts contra és par le vent. Et puis il se pointe enfîn, Machin, exactement comme je l'avais prévu. A croire que je " voyais " la ux - alant mal, en scène. Lui, sur un vie vélo noir, péd homme pas habitué. La jambe droite de son pantalon remontée à cause de la chd ne. Oui: je J'ai déjà vu î désenfourcher la bécane, la poser contre le mur jau asse d n bàtiment. u bureau de poste et pénétrer dans le Je descends de ma guinde, les jambes raidies par l'immobilité prolongée. Me dirige'vers la poste. Elle n'est pas très grande. Des fenêtres protégées de barreaux. Une porte vitrée de verre dépoli pour être honnête. Je coule un z'oeillard par l'une des fenêtres. Riri est au guichet, qui demande sa communication. Son dos est affité de spasmes nerveux. Il grouille de Po tière lui fait un signe et il se précipite dan rage, le grand fifils à Marie Toumelle. La s s la cabine. Le Po a ntonio de moment est venu ur e ameux S nta pénétrer à son tour. Entrée du gladiateuri Sur un p@pitre de plastique bleu, une vieille veuve pension- nce de peu rédige un mandat-carte de versement. La e postière que i'avais crue est en réalité un j un postier blond, "à longs tifs dans une blouse bleue. Il remplit un formulaire d'un air aussi 'Unportant que notre Président lorsqu'il signe une décla ration de guerre à ]'Uèressessse. rt nel Je passe ma vaillante ca e prôfession le par le 204 TIRE-MEN DEUX, guichet, de manière à la lui flanquer sous le blair(1). L'homme a un geste de recul. Probable qu'il croit à un hold-up. Mon sourire miséricordieux le rassure. Alors il regarde ma brème et, pour lors, se fait doux - Quel numér comme de la peau de couille. o de téléphone vient de vous demander le type de la cabine? Il me dit. Est-ce une surprise pour moi? Rien n'est surprenant pour un flic survolté par son instinct. Fallait bien que ça s'emboîte, non? Je m'approche de la cabine pour écouter discourir mon gars. Il exprime d'une voix sourde mais âpre. Résolue, quoi! En homme sans grands moyens mais qui entend se servir de ceux qu'il possède. @ - Tout ce que vous me racontez, c'est du boniment! dit-il. Mais je ne me laisserai pas faire. Et vous avez tort de le prendre comme ça. Je veux mon oû, un point c'est. tout. Puisque vous prétendez que ces billets sont vrais, vous n'avez qu'à me les échanger contre d'autres qui marquent 9 heures vingt! Quoi, de la rigolade? Non, c'est pas de la .rigolade! J'ai vu la différence, de mes yeux vu! Si vous cherchez à tne posséder, prenez garde: je dirai tout, tout, vous m'entendez? Alors quand c'est que je vais avoir mon argent? Ce soir? Vous savez où se trouve l'Auberge? Vous viendrez dîner? Bon. Mo.i, ma chambre, c'est près du hangar aux voitures, je laisserai éclairé et e vous attendrai. oui, oui, je vous soyez tranquille. Mais cette rendrai vos autres billets, fois, ne me jouez pas de tour, parce que sinon c'est moi qui vous aurai au virage. Je n'attends pas plus et m'esbigne après avoir adressé un signe au postier Pour lui intimer de ne pas mouler. (1) Usons des mots d'argot périmés, parfois, iis le méritent. CEST POF-'R OFFRIR 205 C'est bon que tu es revenu, elle me déclare, toi, nous deux, c'est e grand amour, c mme 0 Mddo, t te en made. Je le sens bien que m i et Ou Pâ 1 0 Yves Mourousi et Mireille Mathieu que j'ai lu dans Ici Paris. Je lui fais boucler sa déconnance d'un baiser ardent. La rebesogne. Toujours cette même furia inexplicable. Faudra que j'aille causer de la chose à un pote toubib, qui fait dans le neuro sans être tout à fait dingue. Peut- être qu'il aura üne hypothèse à me proposer concer- nant ce cas stupéfiant d'un surdoué amoureux d'une huître. Avant le dîner, Moulfol vient toquer à la porte de notre chambre, demander si je souhaite quelque chose de particulier pour jaffer. Je lui réponds que je laisse la chose à son initiative, mais que j'entends manger dans la chambre, donc qu'il prévo' pas trop de mets à grand spectacle, réclamant 'e d'être flambés au dernier moment par exemple, ou qu'une promenade dans les couloirs perturberait, tel qu'un soufflé. Il dit qu'il va s'inségénier. Et alors bon, je lime en attendant la venue de la ri personne arraisonnée par Hen Tournelle. Vers huit plombes, une bagnole s'arrête à promis- cuite. Je vais soulever le rideau. C'est bien qui j'escomptais. Je fais signe à ma tendre amie dont la mine défaite témoigne de l'intensité de mes assauts. - Viens ici, ma fée. Elle. - Tu vois cette personne? Dès qu'elle dernandem l'addition, tu viendras me prévenir. Comment, proteste doucement cette surmenée du baigneur, je reste pas avec toi ici? 207 C'EST POFR OFFRIR p Ti DEUX avec moi chez la pers nne qu'il houspillait. Mais 206 se, ce 0 - @ on, bel aii est à ia cois a- non, voilà que je joue les chats ronronneurs, finas- hau âine- seurs. Je prends mon temps. Je tends des collets. ton Et pendant ce temps, le Vieux rue dans les tior brancards de son téléphone. En' outrais M'en fous. Je mène ma vie à ma guise, comme tir( it à des de- s disait le duc du même nom. aff ie. li En attendant d'attendre, c'est la vie de château ré! savoi chez le bon Moulfol. Je profite de sa dame et de sa pa dis-ie, 1 cuisine avec une irnpudeur qui me laisse tu sais dc e. comment? Pantois! Pends-toi, si ne me crois! à J'ai clapoté le dessert et j'aborde la page 84 de la Châtaigne du lit blanc lorsque Mado se pointe en evoir- quatrième vitesse. Elle suinte de bonheur. Il y a de quelque lecture Pour comme des gouttelettes de suif sur les ailes de son nuit, SOUS nez. Les pores en sont aussi dilatés que les pores mis pa@ çaise, qu'on voit dans des ports. Jamais sa peau ne fut plus grisâtre ni plus rugueuse. Jamais son in-siî_inifîance ne culmina à ce point. J en ai le vertige, le tournis. Je torticole des cervicales. Elle me sourit: dents jaunes, haleine sédentaire. Ça y est, mon chéri, y vient de demander rras avec l'addition. Je lu ai dit que j'allais y faire tout de suite, 5 s oublié la et me voilà. Je lui file une main enfoumeuse, pour la récom- penser, y veloter la mollusque, vite fait, manière re... d'exprimer la pérennité de mon sentiment pour elle et ses dérivés. Encore. I Me dresse. En chasse 1 On va sonner l'hallali. Faire Toui the life). charger la garde impériale, Finir d'éluder. Qu'ensuite La v lavérité- arat? je pourrai me présenter devant le courroux du Vieux, Etro pre oque en re le 1 la tête basse, mais l'esprit en repos. Dev ne in'était - Presse-toi pas, qu'elle fdit, en me voyant Parce J'aurais PU 'autor bouillonner, y ne peut pas partir avant son addition. soir pour 2 cabine et P,iri au c - Alors, va li lui faire, ma douce colombe, et , 1 fjn, San-A. tnédule- Très n'omets pas de lui compter le service. ce qu'onvous disait! Su a du Liban- Nous nous séparons sur un roulé boule dans son (i)QU'est-i,,' ,,P,,Ierd,Lachaielaine certainerneilt OUI 209 C, S POUR OFFRIR E 7' ux, pratiquait ainsi, la vieille, -M'EN DE e. Elle TIPE celle qui est en caus e de tu crois? M@.Dour regagne et lisses s ne Donc, la i)ersonne survient, corn t r son Éà-haut, à la fenêtre, une siihouet e veille. corsa sa voiture. ci! chuchote une voix, en faisant siffler le la toi fade, Par 1 lanière de fouet maniée par un OUI " ici ", telle une insi@ s roulier- onne oblique vers la construction et grm@ @SUP sait? La pers e bois. Un rectangle de lumière pâle à v l'escalier d col bascule sur le palier extérieur. Il n'y a Das de saluts que d'échangés. Les deux créatures pénètrent dans la ca: stère @e piaule à Riri- de L'Antonio, ni une, ni deux, ni trois, ni quatre, ni cinq, etc... il ôte ses PO toute beauté, aussi so izravir les marches en p on ible du limon poi r ne point bout ssD n @rches. des e it extrernis, Me voici tout contre la lourde ins Jourdan de ns) et se met à aux le plus P ire grinc r bien s lors, le dialogue ci-joint se faufile en mon ou Dè exercée Je vous donne ma parole que ces billets sont authentiques. Tenez, ie @uis allé en retirer de nou- z voir le cachet veaux à la banque dont vous pouVe- sur la bande entourant la liasse, et ils sont tout à fait ipuissan S. je il èhristine@ pareils! t pas neuf heures vingt.!. lait-t enfa anglaise, - ils ne rnarquen écril s let rater ça la - Mais où diantre avez-@vous pris cette histoire de Viei penses clocher 1 1 1. - i ai comparé avec Un vrai, jevous dis. 1 avant que s s7écou e - Il provenait d'où, ce soi@Sa . nt vrai? (1) en erreur Ma rnét@e de - Oh, cherchez pas à rn'enduire Uve c'est un personne " a eagissait bien d'un Vrai vrai, à pre de celui ou , : sey-e lest San-Anto@i? qui le Torn (1) Le sieur -rournelie a dit " induire ", c dessein, trahit bassement en retnplaçant induire par enduire. r4ote de Service. D'oiaine étrusque- 210 TIRE-MEN DEUX, co,nrnissaire de police qlli me l'a prêté. Vous n'allez commissaire de,police! pas contester un ence qui suit n est ni de Mozart, ni Alors là, le sil s. C'est le silence aigu consécutif à l'Ai t)el au MI) Y- "t rnbien la rré qui, d'emblée, sent co de quelqu'un datte situation est moche moche avant même que de l'analyset- é 1 1 puis, d'un ton changé, un tantinet d fai lant, a oix murmure v illets à un conmissaire Vous avez montré vos b de police? surez-vous, j'ai inventé à propos oui, mais ras de qui me les a remis- mmen à avoir fr id aux Entre moi soit dit, je co ce 0 0 s ie dit toujours oue c'est par les pieds ripat n . Félic nt et rquoi, sails doute, ta qu'on s'enrhume, voilà Pou nuent n @vant. La tant de mes confrères éter e fraîche commençant à me picouiller le tarin(l) virgule, je rne décide donc à pénétrer, point à la ligne (et bientôt ' he à la ligne). pec . as de trop, fais-je, mai@ que je ne suis p ferme, courtois et p ein Je sens 1 sans grandiloquer, en honme de son sujet. rsonnes me voite-facent. Riti a les Yeux @ 1 1 Les deux Pe on en . ux fanaux de chemin de fer, qu' comme deux vic rocanteurs et dans les tr,ouve encore chez ies b maisons de cadeaux, ce haut-lieu de la quincaillerie arde (2). iversalo-salon uillechaglate (pan, c'est la justice de Berne, horse-guard, mon zob, elle est raide, celle-là!). suranné de nez, que j'ai à coeur de remettre (t) Autre sYnOnytne c'est dans les vieux tarins qu 'on fourre les en circulation, VU que meilleures Piries- rire salonarde avec deux " n ".. ma's mo' ai (2) 'ru P-ux bc 'un pu, éwnomiser le papier- de n,en met,,e qu choisi C'EST POUR OFFRIR 211 Le piège! Depuis une poignée de secondes, il J'a flairé. D'où son silence angoissé. Heureux de vous revoir, mon cher, dis-je en refermant gracieusement la porte d'un coup de talon. Et je vais m'asseoir sur l'humble couche de Riri. Le grand vilain n'a pas bougé, si bien qu'à présent, il me fait dos (on dit bien faire face). Dos mesquin, je trouve. Dos sans intérêt, antipa- thique prétends-je même. Riri, fais-je en lui souriant pour l'empêcher d'évanouir ou de refoutre son camp comme à notre first (en@ français : première) rencontre; Riri, ton drame c est que tu es trop intelligent pour être vraiment con, mais beaucoup trop con pour pouvoir faire semblant d'être intelligent. Veux-tu que je te dise? Tu m'émeus! Je trouve attendrissant que tu n.'aies pu inventer vraiment ces deux hommes mysté- rieux venus t'acheter le document du comte. Il t'était toisible de donner d'eux un signalement imaginaire, mais l'imaginaire t'échappe. Tu as besoin de concret pour t'accomplir. Alors tu as bro ssé le signalement - admirablement détaillé, je l'admets - de deux acteurs vus n'aguè-re à la téloche dans un fîlm à succès. Grand gosse! Autre chose, mon lapin des champs, autre chose, ta candeur renouvelée pour me montrer ton magot. Je t'ai demandé si les deux hommes te l'avaient remis sous cet emballage, et tu t'es empressé de me répondre que oui, alors que les billets étaient enveloppés dans une page du Magazine des Lettres datant de mars 1976. De plus, l'élastique le maintenant fermé est complètement usé. Et enfi% suprêmeté de ta candeur, mignon connard : mordre à mon astuce u .@ x billet qu'un môme d'épicier de cinq ans te refuserait! Je sors mon porte-cartes. Tiens, je vais te le laisser, en souvenir. Dis-toi désormais que neuf heures vingt, ce n'est pas une 2 "2 TIRE-MEN DEUX, ts balles; les vrais heure pour les billets de cinq cen sont (fes billets de onze heures, comme il y a des gu te. J'ai Le vieux greffier, ie te dis. Il déguste, Au s le triomphe bavard. Je grandiloque intérieurement. V,)udrais m'exprimer en alexandrins hugoliens. Monsieur de Mouillechaglate, si vous voulez bien me confier 'votre regard, je vous le restituerai d'ici cinq minutes! Il se retourne avec humeur. t -pr nd, eh bien, allez-y, Eh bien? il m'à-par i e savonnez-moi les oreilles. Bigre, que voilà une petite Peine pour un si gros délit. - Délit, délit! - Mon cher, la vérité s'exptime avec des mots qui is. Vous fieriez-vous écorchent les tympans quelq.uefo au jugement de votre valet de chambre? Là, il cille d'incompréhension. - Pourquoi? e vous êtes l'assas- - Parce que le vôtre pense qu sin de BruYère- Yayaille, ce surmut! Moi! Un assassin! Moi! Moi? Mais C'est une... un ii - suffoque (en anglais: Suffolk). Puis, il a un cri. Un cri profond, venu d'ailleurs. ant refuge auprè Cri d'homme blessé cherch s de qui vient de le meurtrir. - Monsieur, me dit -il, le croyez-vous vraiment? Et moi, tu sais pas? page de Mois avant, laissons passer une dernière putricité. bouillons de cette heure-là. Un temps. CEST POUR OFFRIR 213 hé Si vous aimez le t âtre... Et surtout si vous ne l'aimez pas 1 Courez voir les spectacles de: ROBERT HOSSEIN Le seul metteur en scène capable de faire Un triomphe en montant l'Annuaire du téléphone Paris- Banlieue. L)n Robert Hossein vos deux roberts obscènes t Et moi, tu sais pasàis . - Non, lui répon -je. C'est beau , hein 9 SUITE DE LA FIN Non, lui re-réponds-je, non, vous n'êtes pas l'assassin, et cependant, sans le vouloir, vous êtes la cause du meurtre. - Moi! - Vous. - Je... -- Tu, il, nous, vous, ils, achevé-je pour la bonne règle. Avez-vous votre idée quant à l'identité du meurtrier? - Ma femme? - Non. - Alors je donne ma langue au chat. - Votre épouse en sera ravie. C'est elle qui vous a parlé de ce manuscrit ancien décrypté par Bruyère- Empot? - Non, c'est lui, un jour que nous déjeunions chez les d'Anqueu de Ploton. Il savait que je m'intéressais, non pas aux langues orientables (1) mais aux antiquités de cette région. Et alors? (1) Là encore : tu penses que Mouillechaglate a dit " orien- tales ", c'est ce con d'Antonio qui continue de déconneri Note de l'Arrêt d'action. TIRE mEN DEF,'X, 2 6 - Je lui ai demandé de me le montrer. - Il a accepté? - Naturellement. - Et puis? - J'ai été terriblement excité. - A cause de la découverte qu'il recelait? Il hoche la tête. - Dans un sens, oui. Bien que... - Alors vous vous êtes mis dans la tête de posséder ce manuscrit. - Hélas, oui.. vous avez soudoyé le bon jeune Pour ce faire, h,)mme que voici? - Exact. - Il a accepté de s'emparer de la chose moyen- n'int la confortable rétribution de cinq millions anciens, seulement il avait peur. - Oui. - Alors, pour détourner les éventuels soupçons qui pèseraient sur lui, vous avez imaginé que des h,)mmes mystérieux voulaient négocier l'achat du document avec Bruyère? - Exact. - D'oU ces coups de fil anonymes chargés d'alar- mer le cher comte, lequel, bien entendu, les a envoyés au bain? - Toujours juste. - Riri, ici présent, 'Vous a donc donné la chose; vous lui avez remis le fric promis, et le comte s'est cru volé? Parfaitement. Pourquoi n'a-t-il Pas porté plainte? Là, il est gêné, ce grand dégueulasse- Il baisse la tête, ce qui ne m'empêche pas de lire en lui. Mouillechaglate, je sup s que vous 'ave PO e 1 z e éclater menacé - anonymernent bien sûr - de fair un grand scandale à propos de ses, relations avec CEST POF-R OFFRIR 217 votre délicieuse épouse? Cet homme d'honneur a dt)nc renoncé à prévenir la police. Il n'opine plus, ce vieux triqueur. Pas flambard. Se rend compte de l'étendue de sa dégueulasserie à présent que je l'étale sur le fil de la vérité (ce que c'est bellement dit! Mon bicorne, ça vient, voui? Dutourd, merde, qu'est-ce que tu fous!). - C'est cette saloperie qui a causé la mort du comte, déclaré-je tout de go. - Co o o mment ça? blablutie-t-il. - Le photographe de presse qui lui avait remis sa trouvaille à traduire a voulu la récupérer. Alors le comte s'est mis à ergoter puisqu'il ne pouvait dire qu'on la lui avait volée. Il a gagné du temps, mais l'impatience du garçon montait, montait. Les anpels téléphoniques se faisaient de plus en plus aigres et comminatoires entre eux. Tdnt qu'en fin de compte, pensant que Bruyère voulait l'arnaquer, Léon de iurlevon est allé le voir, muni d'une arme à feu comme on écrit dans les rapports de police. Le comte lui avait fixé rendez-vous en forêt afin que les éclats qu'il prévoyait échappassent à ses domestiques. Ce qui s'est passé alors, entre les deux hommes, on ne le saura jamais,.mon cher Mouillechaglate. Toujours -il qu'au cours de cette fâcheuse entrevue, e est 1 bon comte (qui ne faisait pas en l'occurrence les bonzes amis) fut trucidé. Fou d'épouvante devant sa réac- tion, Hurlevon s'enfuit sur sa moto de feu et se péta la gueule dans l'heure qui suivit, ce qui constitue une fin assez shakespearienne, non? Ce sont les meilleures, répond Adolphe. Mon Dieu, si j'avais su. Remords tardifs, comme le château du presqu même nom; mais à enregistrer pourtant à toute (ma) e rin utile. 1 Et à présent, mon compère, si vous me disiez ce que r@le ce manuscrit? De quelle découverte jugée la plus importante après celle du feu et de la roue, il est question sur ce vénérable parchemin? Mouillechagiate reprend des couleurs. Réanime d'excitation. - Un document inestimable, s'exclame-t-il, du plus haut intérêt. - Eh bien, disez-moi, mon cher, disez-moi! Il retient pour quelques secondes encore son secret, histoire de le déguster une suprême fois. - C'est la formule de la poudre à canon, mon- sieur le commissaire. ÉPIGLOTTE Inadmissible, Sdn-Antonio. J'en suis baba, Confus, sans voix. Vous me tuez, mon garçon. Regardez-moi : je suis mort! Plus d'un jour à vous réclamer, vous traquer, vous laisser des messages d'ici de-là, pareil à fa feuille morte. Les heures, dans ces cas d'attente, mon pauvre petit! Les secondes qui n'en finissent pas! Et moi, I'oeil braqué sur mon téléphone, la main prête, le coeur haltetant. OU étiez- vous, garnement? Déserteur! Une fille, naturelle. ment? Hein,? Une petite sauteuse de rien. Avait-elle un beau cul, au moins? - Mais, monsieur le directeur... - Non! Ne me dites rien, pas un mot! Ce que vous avez fait, espèce de chat de gouttière, je ne veux pas le savoir. Oh! quc non, vos polissonneries, merci bien. Ecoutez, maintenant, parions sérieusement, C'est urgent. Que dis-ic : urgentissime! Une grave affaire, et appelée à avoir un retentissement. Je viens d a re a connaissance d'une exqui jeune i e. ef ' 1 se fll De la bonne société, disons-le. Et même de la haute. CréatUre de rêve. IJne peau! Une gorge! Un sexe délectable. Passionnée. Vous savez ce que ça veut dire, passionnée? Quand elle vous noue ses jambes autour dU Cou, qu'elle roucoule, qu'elle... Mais là n'est pas la question. Cette merveilleuse fille; je eépète: mer-veilleuse, et ie mesure mes mots! Si je vous disais que sa chatte'a un goût de frarnboisé? Que dites-vous? Vous préférez qu'une chatte ait un goût de chatte! Qu'il est sot! Terre à terre, impoète! En in, ce n'est pas votre ignon. Cette ine b f 0 ffa le personne, donc, titrée s'il vous plaît, oui, monsieur, avec une vraie particule: d, e : de! a un frère dévoyé, condamné à @te pour un meurtre qu'il n'a pas commis, elle en est certaine, et c'est pas le genre de fille à être certaine d'une chose qui ne J'est pas. Ce pauvre cher garçon, renonçant à faire éclater son innocence, a voulu en finir avec la vie. Pauvre, pauvre petit. Vous allez immédiatement vous atteler 1 a cette affaire, San-Antonio, la reprendre à zéro, me découvrir le vrai coupable. Immédiatement. Le cher condamné s'appelle Gaspard d'Alacont. D'Alacont, vous vous souviendrez bien? D, particule, Ala, comme le prophète et cont, comme Bérurier, mais avec un " t " à la fin. 1 . FIN Post-exergue : Tiens, dit-elle, en ouvrant les rideaux : les voilà! Victor Hugo .4,-hevé d'hwprbner le 20 le-t pre e de i @ mpr - -v -Y M@ie &Iusière d îaint-Amand, Cher) avril igyq 1 N, d'impression: 466. - Dépôt lépl : Z trimestre 1979. Improné en France PUBLICATION MENSUELLE,